Dans sa besace, il devra y intégrer des réponses concrètes face aux 10 questions des députés. Ousmane Sonko, pour son deuxième passage à l’Assemblée devra « convaincre » les parlementaires dans un contexte économique et social tendu avec des grèves tous azimuts. D’ailleurs le défunt et ancien Pm Mahamad Boun A. Dionne et Amadou Ba s’étaient prêtés à un tel exercice. Ce qui va constituer un autre test pour Sonko.
Ousmane Sonko doit répondre à autant de questions d’actualité lors de son face à face avec les députés. Ceci va marquer son deuxième passage à niveau de l’hémicycle. D’ailleurs il s’agira surtout pour Ousmane Son d’éplucher le rapport et qui va figurer au premier point. Cet exercice est perçu comme un test pour le Premier ministre afin d’évaluer sa capacité à incarner la rupture promise face à un contexte économique difficile et aux attentes populaires. D’ailleurs tout laisse croire que ce sera le cas car le rapport définitif de la Cour des comptes publié récemment sera au cœur des débats. Les députés interrogeront Sonko sur les mesures prises pour corriger ses dysfonctionnements et rassurer les citoyens sur la transparence future.
Le débat portera aussi sur la situation économique et sociale tendue se manifestant par des grèves et tensions sociales. Le Premier ministre devra répondre sur les cas des syndicats qui réclament de meilleures conditions de travail et des grèves qui sont annoncées ou en cours dans plusieurs secteurs ainsi que sur la réduction annoncée de certains salaires. Une mesure controversée pour faire face aux difficultés économiques critiquées pour son impact sur le pouvoir d’achat. Il sera aussi question de licenciement dans le secteur public, notamment au port autonome de Dakar ou des employés ont été licenciés massivement suscitant des interrogations sur la politique de l’emploi. A cela s’ajoute la loi d’amnistie et de son abrogation.
Un débat remis sur la table par le député Thierno Alassane Sall. Les parlementaires demandent des clarifications sur la position du gouvernement concernant cette abrogation. Le débat tournera aussi autour des questions sectorielles telles que l’aquaculture et la pêche face à la baisse des captures de poissons et à l’immigration clandestine autour du recrutement d’ouvriers agricole à cause des polémiques qui entourent les recrutements dans ce secteur, le prix de l’électricité et l’exploitation des ressources notamment l’impact de l’exploitation, du pétrole et du gaz sur le quotidien des Sénégalais sera abordé. En tout, 10 questions sont prévues. Les 8 seront posées par le groupe parlementaire de la majorité Pastef les patriotes, une par Takku Wallu Sénégal et une par les non-inscrits. Seules les questions des présidents de groupes parlementaires exigent une réponse obligatoire du Premier ministre. Les autres pouvant être délégués à des ministres.
Sonko sur les traces d’Amadou Ba et de Boun Dionne
Ousmane Sonko n’est pas le premier chef du gouvernement à se prêter à cet exercice dans l’histoire récente de la politique du Sénégal. Le 25 mai 2023 à moins d’un an de la présidentielle 2024, l’ancien premier ministre Amadou Ba et son gouvernement étaient à l’Assemblée nationale pour répondre aux questions d’actualité soulevées par les parlementaires. Le processus électoral, le programme supérieur, les finances, l’économie et la dette intérieure étaient entre autres au menu de ce face à face à l’époque. Mais il était précédé par Mouhamed Boun A. Dionne en 2015. 4 mois après sa déclaration de politique générale, il avait fait face lui aussi aux députés pour répondre aux questions d’actualité d’alors.
La grève des enseignants à la couverture maladie universelle, des difficultés de la société sénégalaise, Sénégal Airlines, au suivi du plan Sénégal émergent. Une occasion aussi à l’époque pour les députés d’interroger le gouvernement Boune Dionne sur le procès de Karim Meissa Wade poursuivit pour enrichissement illicite. Par ailleurs, il faut rappeler que les députés ont souvent adressé des centaines de questions écrites liées à l’actualité mais ils se sont souvent heurtés au mutisme des gouvernements qui se sont succédé.
Khalifa Sall : Il faudra permettre à l’opposition de pouvoir s’exprimer »
Le leader de Takhawu Sénégal en l’occurrence Khalifa Sall s’est prononcé sur cet exercice que Sonko devra effectuer aujourd’hui à l’Assemblée nationale devant les députés. Selon ce dernier, il ne faudrait pas que les règles de l’Assemblée soient justes, mais permettre à l’opposition de s’exprimer. « Il existe un temps de parole certes mais il faudrait permettre à l’opposition de s’exprimer et c’est en cela que ce débat contradictoire peut être utile au débat national et l’éducation et à l’information des masses.
La parenthèse de 2022 a été très vite refermée puisqu’on avait une opposition et une majorité quasi égales. Aujourd’hui on a une majorité prédominante et une minorité qui a besoin de se faire entendre », a-t-il indiqué. Pour Khalifa Sall, l’intérêt pour l’assemblée dans l’exercice qui va se faire ce vendredi c’est qu’on puisse permettre à chacun de pouvoir s’exprimer.
« Un faux départ » selon Ahmet Diallo
En outre, Ahmet Diallo critique la démarche du nouveau régime. Cet acteur politique estime que ces derniers ont commis « un faux départ » sur autant de questions avec des promesses non tenues selon lui dans un contexte d’ébullition sociale. A en croire le coordonnateur de Gox Yu Bess, le gouvernement a fait au départ. Il en veut pour preuve, quand on analyse sous l’angle des promesses non tenues déjà sur l’appel à candidature sur la sortie du président au niveau du Conseil supérieur de la magistrature sur la réduction drastique du train de vie de l’État, sur tous ces éléments-là, ils pouvaient l’appliquer au premier jour de leur mandat, rien ne leur empêcher de le faire, mais ils ne l’ont pas fait. « Si on considère les choix économiques, on considère que le budget 2025 voté ne suit pas cette logique de rupture.
C’est une réplication des budgets que nous avons connus dans le passé avec des choix de payer de la dette et de s’endetter davantage pour gérer le fonctionnement de l’État », a réagi Ahmet Diallo. Et ce dernier de poursuivre : « Vous savez, les gens sont libres et indépendants. S’ils ne sont pas à l’aise, ils le réclament. On a vu les étudiants réclamer leurs bourses, on a vu les centrales syndicales. On a vu aussi les jakartamans avant, on a vu les marchands ambulants car les gens ne vont pas rester passifs, regarder le nouveau gouvernement dans l’opulence et vivre dans luxe et en même temps refuser de satisfaire les doléances des populations. Ce que les populations demandent, c’est d’agir en cohérence et que tout le monde fasse des efforts et que tous se mobilisent pour travailler pour le Sénégal. ».
MOMAR CISSE