Des chiffres numéraires à l’acting fictif, le saut n’aura pas été de rupture, mais de conciliation. Et votre invité people du week-end l’a réussi avec maestria et tact. Cissokho de son nom à l’état civil, Lamine est une mine de secrets instructifs sur la jonction entre l’utile et l’agréable, la profession et la passion. C’est cette passion qui l’ayant habité depuis sa tendre enfance, s’épanouit dans ses différents rôles interprétés avec le succès qui fait de lui le chouchou des cinéphiles sénégalais. Pour ne pas trahir des secrets, Rewmi vous invite à effeuiller les pages du livre Lamine.
Et si vous nous parliez de vous Lamine…
J’ai passé mon enfance aux Parcelles Assainies où j’ai effectué ma scolarité primaire et secondaire. Mon parcours s’est poursuivi au collège Malick Sy, puis au lycée Lamine Gueye, avant d’obtenir mon baccalauréat au CCPA. J’ai ensuite intégré l’université Dakar Bourguiba. Pendant les deuxième et troisième années universitaires, j’ai commencé à travailler dans le secteur bancaire tout en poursuivant mes études. J’ai obtenu un Master en droit des affaires internationales, mais j’avais déjà entamé ma carrière dans le domaine bancaire. J’ai exercé pendant 10-12 ans dans ce secteur, tout en développant parallèlement une activité d’acteur.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans l’acting alors que vous aviez déjà une carrière stable en banque ?
Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours été passionné par l’actorat, le cinéma et l’art en général. Même étant élève et étudiant, je n’ai jamais cessé de m’y intéresser. J’ai exploré plusieurs formes d’expression artistique : j’ai essayé le rap, le slam, l’écriture… Cette passion m’a accompagné tout au long de mon parcours. Au collège et au lycée, j’ai interprété plusieurs rôles dans les clubs de français. Cependant, mes études restaient ma priorité, et il était difficile de concilier les deux, alors j’ai mis cette passion en pause. Puis, par un pur hasard, le réalisateur El Hadj Cissokho m’a contacté, et c’est là que tout a commencé. Grâce à ce casting, j’ai intégré la série Karma, où j’ai décroché un rôle. Par la suite, j’ai joué dans Impact, la saison 2 de Karma, Hair Lover, Mounieul, et bien d’autres projets. L’actorat est venu à moi par coïncidence, mais c’était une passion profondément ancrée en moi depuis toujours.
D’ailleurs comment avez-vous réussi à concilier votre carrière de banquier avec votre passion pour le cinéma ?
Concilier ma carrière bancaire et ma passion d’acteur représentait un véritable défi, principalement en raison de mes horaires contraignants à la banque. Plusieurs productions m’ont proposé des rôles principaux, mais mes obligations professionnelles (présence requise dès 7h30 et jusqu’au soir) rendaient difficile ma participation à des projets cinématographiques d’envergure. Néanmoins, j’ai réussi à trouver un équilibre en étant transparent avec les équipes de production sur mes disponibilités. Elles adaptaient alors les plannings de tournage en fonction de mes contraintes horaires. C’était essentiellement une question d’organisation et de compromis ! À un certain moment, jouer est devenu une nécessité pour mon bien-être personnel. Le métier d’acteur, au-delà d’être une profession, est une véritable passion qui me permet de m’évader et de m’épanouir pleinement.
L’on vous a connu à travers la série karma, parlez-nous de votre première expérience sur un plateau de tournage, quels souvenirs en gardez-vous ?
J’ai commencé avec le casting de Karma, où j’ai participé jusqu’à la fin de la première saison avant d’enchaîner avec la deuxième. Entre-temps, j’ai rejoint le projet Impact, qui a marqué mon premier rôle majeur. Les premiers jours de tournage ont été marqués par la pression typique du débutant face à son « premier clap », comme on dit dans le milieu. C’était particulièrement complexe car il fallait assimiler tous les codes du métier : comprendre le fonctionnement d’un tournage, maîtriser le positionnement, adapter sa diction… Je ne possédais pas encore toute cette expertise technique nécessaire. Cependant, avec le temps et l’expérience, j’ai progressivement acquis ces compétences. Aujourd’hui, jouer est devenu un véritable plaisir que j’aborde sans pression, de manière totalement naturelle. La différence est flagrante entre mes débuts, où tout représentait un défi car j’étais novice, et maintenant où, ayant trouvé mes repères, je peux évoluer avec aisance dans ce milieu.
Vous jouez en ce moment dans la série à succès « Jeux de dames » et vous y incarnez le rôle d’Aziz, comment vous êtes-vous préparé pour interprété ce personnage, notamment son passage de séducteur à homme « pieux » ?
Après avoir lu le scénario, j’ai trouvé intéressant d’incarner le personnage d’Aziz, car il véhiculait de nombreux messages. J’ai plongé dans sa psychologie et découvert son évolution : à un moment donné, il adopte un état d’esprit plus responsable, mettant fin aux futilités. La religion l’a beaucoup aidé à se recentrer et à suivre le bon chemin. Ainsi, il passe d’un séducteur volage à un homme déterminé, avec des objectifs clairs. Le message que cela transmet, c’est l’importance de savoir où l’on veut aller, de se forger un chemin et de se donner les moyens d’y parvenir. Et comme l’homme est destiné à se marier, il est essentiel, dans cette quête d’amélioration, de trouver une femme vertueuse partageant cette vision.
Quelle a été la scène la plus difficile à tourner émotionnellement dans cette série ?
La scène la plus difficile pour moi fut celle du dîner de mariage. Ce soir-là, j’ai préféré partir avec une autre femme à l’île de Gorée plutôt que d’être à l’heure pour le repas préparé par ma femme, une femme que je n’avais pas forcée à m’épouser, mais que j’avais su convaincre que j’étais le bon choix. À un moment donné, elle découvre une facette de moi qu’elle ne connaissait pas. Lorsqu’elle me confronte à mes actes, cela me touche profondément. Je réalise alors qu’émotionnellement, beaucoup de personnes traversent des épreuves difficiles sans même en prendre pleinement conscience. L’ambiance nocturne, le froid, le décor, tous ces éléments ont contribué à rendre cette séquence particulièrement chargée d’émotion.
Lamine en dehors des séries a également été Bachelor, le gentleman célibataire, qu’est-ce que cette expérience vous a appris sur vous-même ?
Cette expérience m’a offert une ouverture sur d’autres réalités et cultures. J’ai pu découvrir une diversité que je n’avais jamais rencontrée ailleurs. Notamment à travers les bachelorettes venues de différents pays, j’ai appris à connaître leurs façons de faire et leurs cultures, entre autres aspects. J’ai ainsi découvert une richesse culturelle qui s’est révélée à moi progressivement. Cette aventure m’a également permis de me faire connaître dans le domaine de l’audiovisuel, qui est mon secteur d’activité, et d’acquérir une visibilité importante. Cela m’a donné l’occasion de transmettre des messages, car dès lors qu’on acquiert une certaine notoriété, on devient un porte-parole et on se doit d’être exemplaire.
De plus comment cette exposition médiatique à t’-elle impacté sur votre vie professionnelle et personnelle ?
Cette expérience a véritablement transformé ma vie, me faisant passer du statut de personne ordinaire à celui d’une personnalité reconnue, ce qui m’a permis de décrocher des contrats, que demander de plus ? Cela m’a également encouragé à m’ouvrir davantage et à créer des entreprises dans mon secteur d’activité. Sur le plan professionnel, cette visibilité s’est révélée très rentable, ouvrant la voie à de nombreuses opportunités dans divers secteurs. Pour les domaines les plus importants, pourquoi ne pas contribuer à l’édifice collectif ? L’entrepreneuriat est une excellente option que j’envisage sérieusement. Au niveau personnel, l’impact est moindre car je considère cette notoriété simplement comme un moyen de porter un message et de devenir un porte-parole pour ma communauté. Je reste la même personne simple que j’ai toujours été, comme peuvent en témoigner ceux qui me connaissent depuis longtemps, toujours animé des mêmes valeurs. Sur le plan personnel, cette expérience a surtout enrichi mon réseau de connaissances.
Quel regard portez-vous sur l’évolution du cinéma ces dernières années et quels sont les défis majeurs auxquels sont souvent confrontés les acteurs au Sénégal ?
L’évolution du cinéma sénégalais, elle est positive tant technique que personnelle. Quand je dis personnelle je fais allusion à la qualité des acteurs, beaucoup d’acteurs maintenant sont forts, font des ateliers connaissent la base du cinéma et arrivent à transmettre des émotions naturellement. Reste juste à rester sur cette lancée là et essayer de parfaire nos jeux d’acteurs. Du côté technique, logistique, qu’on puisse avoir les moyens qu’il faut, j’ai eu à avoir une petite fenêtre de comparaison par rapport au monde du cinéma de nos pays voisins et franchement en qualité d’acteurs on n’a pas à les envier. Au même moment que les acteurs s’entrainent essaient de sortir de nouvelles choses, de nouveaux jeux et créent des trucs qui accrochent les gens. Améliorer le matériel pour qu’on puisse être dans de meilleurs conditions et ce sera une réussite pour tout le monde. C’est une ascension qui se fait petit à petit et elle est très positive. Et pour ce qui est des défis majeurs auxquels nous sommes confrontés c’est de relever la pente, de hausser le niveau du cinéma sénégalais en terme de jeux d’acteurs, et qu’on puisse reconnaitre beaucoup d’acteurs sénégalais comme des acteurs très valeureux dans le monde qui seront cité un peu partout dans le monde du cinéma mondial et ça on le doit à notre communauté. On est fils du Sénégal et l’on doit s’épauler.
Comment voyez-vous l’évolution de votre carrière dans les Cinq prochaines années ?
Mon objectif principal est de passer ce cap là et d’atteindre une reconnaissance internationale. J’aspire à participer à des projets d’envergure qui me permettront de faire la fierté de mon pays.
Quelle est la prochaine étape ?
Pour l’avenir, je m’en remets à Dieu qui guidera mes pas selon Sa volonté. Je suis confiant que la prochaine étape de mon parcours sera positive et couronnée de succès, si Dieu le veut. Je crois sincèrement qu’il ne fera que ce qui est le meilleur pour moi.
ANNA THIAW