« Waxumako, wa kognbee ko wax ! »
L’imam et l’argent de Macky
Depuis quelques semaines, l’Imam Mademba Ndoye, que les jeunes du quartier appelaient Pa’ Ngagne, ne parlait plus de politique lors de ses khutbas du vendredi. Et pour cause, pendant plusieurs vendredis, il appelait les hommes politiques à ne pas brûler le pays. Les opposants, les sonkoïstes en particulier qui fréquentaient la mosquée, se sentaient quelque part visés par ces propos car ils croyaient que l’Imam faisait du « garouwaalé ». Du coup, ces derniers ont décidé de boycotter la mosquée pour éviter d’entrer en conflit avec Pa’ Ngagne. Mais en vérité Pa’ Ngagne avait cessé de parler politique dans ses khoutbas pour une raison spéciale. Son cousin Libasse qui était Imam comme lui en banlieue lui avait soufflé que Macky Sall avait toujours un geste de générosité pour les Imams qui osaient fustiger les enfantillages de l’opposition qui lui promettait l’enfer. L’imam Libasse avait bénéficié de cette générosité de Macky qui lui avait envoyé des émissaires qui lui ont offert discrètement une enveloppe de 10 millions de francs pour son « soutien » au parti au pouvoir. Alors il souhaitait que son cousin Mademba puisse bénéficier de cette manne qui, après tout, n’est que l’argent du contribuable, c’est-à-dire ses propres impôts. Mais après plusieurs khoutbas favorables à Macky, il n’avait pas aperçu l’ombre d’un émissaire. Alors, dans ses khoutbas, il ne disait plus que la parole de Dieu et les recommandations du Prophète. Jusqu’à ce qu’il arbore de nouveaux boubous en getzner et qu’il s’achète une nouvelle voiture. Il recommença alors de plus belle à fustiger ceux qui jetaient les jeunes dans la rue en toute irresponsabilité. Du coup, les jeunes du quartier ont remarqué le changement qui s’est opéré chez Pa’ Ngagne qui avait même renouvelé son salon. « Pa’ Gnagne laal na ! », se sont dit les jeunes du quartier. Pour en avoir le cœur net, ils l’ont coincé vers le crépuscule alors qu’il se rendait à la mosquée : « Tonton Mademba nous voulons faire du thé mais il nous manque 200 francs ». Fier comme un paon, Pa’ Ngagne mit la main dans sa poche de sa poitrine et extrait un « petit » billet de… 10.000 francs qu’il leur tendit avec un sourire large comme un boulevard. Mais avant de s’éloigner, il se retourna et s’adressa à un des jeunes : « Dis à ton père que j’ai un sac de riz pour lui, qu’il vienne le chercher dès qu’il aura un peu de temps ». M o u s s a , le plu s e s piè gle d e s j e u n e s : « J e v o u s l’ a v ais dit , P a ’ N g a g n e la al n a ! ».