Le Sénégal a célébré ce lundi la première journée internationale des soins et de l’assistance. Cette activité organisée par ONU Femmes et le ministère de la femme, de la Famille et de la protection des enfants vise à mettre un coup de projecteur et de susciter des discussions sur le poids de la contribution des femmes en matière de soins et d’assistance non rémunérés. C’est dans cette perspective que le thème choisi pour accompagner la célébration de cette journée internationale est : ‘’État des lieux, enjeux, défis et perspectives pour reconnaître, réduire et redistribuer le travail de soins non rémunéré des femmes au Sénégal’’.
Le travail de soins est essentiel pour des économies et des sociétés dynamiques et durables. À l’échelle mondiale, les femmes effectuent trois fois plus de soins et de travaux domestiques non rémunérés que les hommes. Dans tous les pays d’Afrique, les femmes et les filles passent des heures interminables à cuisiner, à ramasser du bois, à aller chercher de l’eau, à s’approvisionner en nourriture et à s’occuper des familles, des ménages et des communautés, ce qui signifie beaucoup moins de temps et d’énergie pour les activités éducatives, génératrices de revenus ou de développement personnel. Un travail qui est souvent non-paye, et non comptabilisé dans les indicateurs économiques traditionnels, même si ce travail est essentiel pour le bien-être des individus, des communautés et des économies. Selon la directrice régionale adjointe par intérim d’ONU-Femmes, Elena Ruiz, la valeur des activités non rémunérées au Sénégal équivaut à 14 % du produit intérieur brut (PIB). Et d’indiquer qu’En Afrique, les femmes passent 3.5 fois plus de temps aux travaux de soins non rémunérés que les hommes.
Au Sénégal, les résultats de la première Enquête Nationale sur l’Emploi du Temps réalisée par l’ANSD en 2021 avec l’appui d’ONU Femmes, montrent que, par exemple, les femmes consacrent en moyenne par jour, 4 heures 9 minutes aux tâches ménagères et à la garde des enfants contre 27 minutes pour les hommes. C’est dans ce cadre que, selon elle, cette journée Internationale des Soins et de l’Assistance est célébrée, sous le thème : ‘’État des lieux, enjeux défis et perspectives pour reconnaître réduire et redistribuer le travail de soins non rémunéré des femmes au Sénégal’’. Une journée pour la directrice régionale, qui leur exhorte à la mise en place des réformes et stratégies visant à : (i) Reconnaître la valeur de la prestation de soins non rémunérée; (ii) Réduire la pénibilité du travail et la pauvreté de temps et (iii) Redistribuer plus équitablement les responsabilités tant au sein du ménage que dans la communauté.
C’est dans cette lance qu’elle a fait état d’une étude menée par son organisation démontrant que les femmes rurales consacrent jusqu’à 12 heures de temps, par jour, à ces activités non rémunérées. D’après cette étude, 45% d’entre elles s’occupent quotidiennement d’un enfant ou d’un parent souffrant d’un problème de santé chronique ou d’un handicap. ‘’Les questions relatives à la prestation de soins sont pertinentes à tous les niveaux et dans tous les secteurs de l’économie’’, à la directrice régionale poursuivi avant de préconiser l’adoption d’une démarche multisectorielle, intégrée, participative et interactive ‘’permettant de mobiliser tous les acteurs et secteurs au niveau national, régional et local’’.
La directrice régionale a cependant souligné que le Sénégal fait déjà figure de pionnier dans la zone grâce aux efforts en faveur de l’égalité genre dans les stratégies nationales pour l’autonomisation économique des femmes et pour l’égalité et l’équité des gens. Elle a également vanté les engagements du pays dans le cadre de l’Objectif de développement durable (ODD) et la feuille de route pour des reformes de soins non rémunérés adoptée, en avril dernier, par les différents acteurs sur le leadership du ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants.
MADA NDIAYE