Alors que l’athlète Sounkamba Sylla représentera la France aux Jeux Olympiques de Paris, elle affirme être interdite de participer à la cérémonie d’ouverture les cheveux couverts par son foulard.
Sounkamba Sylla, sprinteuse française qui participera aux Jeux olympiques et musulmane pratiquante, a déploré ne pas pouvoir porter le voile lors de la cérémonie d’ouverture sur la Seine. Si le CIO autorise les signes religieux pour les athlètes, la France impose aux siens un régime de laïcité strict. Et contesté. « Tu es sélectionnée aux JO, organisés dans ton pays, mais tu ne peux pas participer à la cérémonie d’ouverture parce que tu portes un foulard sur la tête. »
À deux jours de la fête d’inauguration des Jeux Olympiques, c’est la situation dénoncée par Sounkamba Sylla, relayeuse du 4×400 mètres tricolore. Comme rapporté dans un article de L’Équipe, l’athlète française a pris la parole sur son compte Instagram (désormais privé), pour expliquer qu’elle était interdite de cérémonie d’ouverture. Ce, parce qu’elle porte le voile.
Des terrains de football aux pistes des Jeux, ce n’est pas la première polémique qui concerne « l’exception française » sur le port du foulard pour les athlètes musulmanes. Si le couvre-chef sportif est autorisé par de nombreuses instances internationales (la FIFA, la fédération internationale de basket ou encore le CIO, par exemple), certaines fédérations tricolores, elles, font primer le principe de neutralité : aucun signe religieux ostensible n’est toléré en compétition. Une situation qui se voit répétée, et amplifiée pendant les Jeux Olympiques de Paris, où les athlètes du monde entier auront le droit de participer aux épreuves avec un voile, à l’exception des Françaises.
Aux Jeux Olympiques, un interdit propre à la France
Lors de ses dernières compétitions internationales, Sounkamba Sylla avait couru avec un foulard noir, y compris aux Mondiaux de relais de mai 2024. La ministre des sports Amélie Oudéa-Castéra avait alors rappelé au Comité national olympique et sportif français (CNOSF) que les représentants des équipes de France étaient soumis à « une exigence de neutralité » empêchant le port d’un signe religieux ostensible, avant de demander l’intervention de la Fédération française d’athlétisme.
Toujours selon L’Équipe, l’athlète avait alors accepté de courir avec une casquette bleue sur laquelle avait été cousue une bande de tissu pour couvrir ses cheveux.
Pour les Jeux Olympiques à venir, Sounkamba Sylla s’est vue une fois de plus interdire le port du foulard « dès lors qu’elle revêtirait l’équipement de la France ». Cependant, d’après les informations du Parisien, il a été convenu avec le CNOSF que la sprinteuse pourrait porter à nouveau cette casquette bleue couvrant ses cheveux lors des épreuves.
Des discussions avec Berluti, qui a confectionné les tenues des athlètes français pour ces Jeux, seraient également en cours pour étudier la possibilité « d’ajouter une casquette à la silhouette officielle » et lui permettre ainsi d’assister à la cérémonie d’ouverture ? Toujours selon le quotidien, les discussions seraient « en bonne voie ».
Le 16 juillet dernier, un rapport d’Amnesty International estimait que l’interdit du voile sur les terrains sportifs en France bafouait « le droit international relatif aux droits humains », et réclamait aux autorités françaises de « s’abstenir de faire de la discrimination à l’égard des athlètes musulmanes dans la pratique du sport ».