Tombé dans la soupe musicale par accident, Seny Diop ne compte pas y être un cheveu. Et pour cause, il y a trouvé une vocation et des combats de vie. De souche griotte, l’invité de votre page comme l’adage comme quoi bon sang ne saurait mentir. Et il a de qui tenir son talent de chanteur, pour avoir été materné par des tantes qui l’ont biberonné assez tôt dans la chansonnette. Mais, son originalité réside dans son éclectisme cultivé par des années d’études sanctionnées par des diplômes attestant un solide formatage de son intellect qu’il met au service de son affect pour une jonction non de l’utile à l’agréable mais du senti au pensé. C’est dire que la musique de Seny Diop ne s’emprisonne nullement dans des styles ni ne se fige dans une scolastique sonore, elle se veut langage universel dans un dialogue mondial des cultures loin des clivages sectaires. Voix des femmes, Seny porte la robe, non par mode générique mais par vocation défenderesse d’un frange de nous souvent marginalisée, violentée. Parti du cinéma, Sény est sorti du spectacle fictif pour chanter le monde tel qu’il devrait être. Vaste chantier. Mais l’ambition ennoblit la vocation.
Bon vent l’artiste pour que votre soit mondialement audible !
Présentez-vous à nos lecteurs
Je m’appelle Sény Diop, je suis né le 21 août 1993 à Dakar, je suis auteur-compositeur-interprète et acteur sénégalais vivant en France. Issu d’une famille de griots (descendant de Mor Diop Yacine Ndoumbé, fait-il savoir), j’aime chanter depuis mon jeune âge. Je baigne dans la musique et le cinéma depuis mon plus jeune âge avec des tantes paternelles musiciennes, comme Adji Dior Diop et Adji Nguoundiou Diop. J’ai commencé par le cinéma à l’âge de 11 ans avec une troupe théâtrale de Dakar, pour ensuite jouer dans des séries, notamment la grande série panafricaine « C’est la vie » où j’incarne le rôle de Tapo, un des personnages principaux. Dans la même classe, Tapo et Julien sont redoublants, statut qui les rapproche. Mais Tapo s’intéresse à Julien seulement parce qu’il a des vues sur sa petite amie, Rachel. Tapo habite avec son père, un homme d’affaires, dont il est l’enfant unique. Ses parents sont divorcés. Sa mère s’est remariée avec un Européen et vit hors du pays. Son père voyage souvent et est donc absent de la vie de son fils. Absence qu’il compense par l’achat de vêtements de marque, tablettes et smartphones en tout genre pour satisfaire les caprices de Tapo qui est impoli et têtu.
Comment vous est venue l’idée de faire de la musique?
J’avoue que la musique a toujours été mon kiff. Enfant, je me posais sur des instruments d’artistes tels que Youssou Ndour, Viviane chidid, entre autres… J’ai grandi avec leurs musiques et ma grand-mère maternelle me disait souvent : « Yaw naro beuri ay doom ndakh danguay woyantou rek té kouy woyantou dou beuri ay doom ». J’ai commencé ma carrière «par accident» en jouant sur un instrumental et le son finit par faire un buzz. J’ai décidé du coup d’enregistrer une chanson, qui a plu à mon entourage, qui m’encourage à me lancer professionnellement. En 2019, j’ai fait le single « khalé bi » que j’ai envoyé à mes contacts sur WhatsApp. Pa Oumar DIOP (POD de la série Pod et Marichou) l’a mise en ligne sur la chaîne Marodi et c’est là l’éclosion de ce qui dormait en moi. Mes racines de griot se sont manifestées dans ma petite chambre d’étudiant en France.
Des difficultés rencontrées à vos débuts ?
A vrai dire pas trop. A part le fait d’allier études et musique, ce qui n’était pas du tout facile, mais comme on dit, à chacun sa place et les vaches seront bien gardées
Qu’est-ce qui vous motive en tant qu’artiste ?
Etre la voix des sans voix, pouvoir dire tout haut ce que les autres pensent tout bas. J’aime écouter les vibrations dans la voix des autres et partager mes émotions
Dites-nous en un peu plus sur votre style de musique?
Je fais un peu du tout, j’aime les variétés et la créativité. La musique n’a pas de frontières.
Quid de vos inspirations?
Je suis un psychologue né. Je suis un peu l’oreille des gens et j’aime partager avec eux leurs problèmes et y trouver des solutions. Donc je suis sensible à plusieurs situations, notamment celles que rencontrent les femmes de nos jours, comme la violence à elles faites, d’où le surnom « l’avocat des femmes »
Vous êtes également apparu dans la série C’est la vie, comment s’est déroulé le casting ?
C’est un casting organisé par l’ONG RAES (Réseau africain pour l’éducation et la santé) et kewu productions. C’était facile parce que j’étais déjà dans le milieu et ils connaissaient déjà mes talents d’acteur.
Votre dernier son « wakhal sa ex » a fait son effet sur le réseau social tik tok. Quel est le message derrière ?
La moralité de l’histoire c’est juste que d’habitude, on ne se rend pas compte du trésor qu’on a et une fois qu’on le perd, on regrette. Donc prenons soin des femmes. Elles sont souvent fragiles et se sentent vite blessées
Que faites-vous en dehors de la musique ?
J’ai eu un master en Sciences politiques, notamment en gestion des collectivités territoriales. Actuellement, je suis en train de faire une reconversion professionnelle et je fais une alternance en business management des entreprises, je m’occupe de la gestion d’un hôtel à Paris.
Des projets ?
De nature soucieux de la santé et de la stabilité des gens, je veux bien œuvrer pour le social dans mon pays. Diagnostiqué d’un diabète très jeune, je vis avec la maladie depuis. J’ai compris que c’était une pathologie plutôt gérable, il faut juste les bonnes informations pour accompagner les diabétiques. Je veux mener ce combat afin de lutter avec eux pour avoir une bonne hygiène de vie et une bonne santé mentale. Par rapport à la musique, je n’ai pas encore montré la moitié de ce que je sais faire et juste stay focus je vais servir des plats biens garnis.
ANNA THIAW