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Chômage: Darou Laye,
Chômage: Darou Laye, la débrouillardise érigée en règle

Chômage: Darou Laye, la débrouillardise érigée en règle

Des populations dans le désarroi, se disant «oubliées». Le  chômage endémique qui touche la jeunesse n’a pas encore fini  de connaitre son épilogue.  Au quartier Darou Laye, dans la commune d’arrondissement de Djiddah Thiaroye Kao, les populations pour la plupart se tournent les pouces. D’autres tentent de s’en sortir.

Pas d’activités génératrices de revenus. Le chômage est la seule loi érigée en règle. Ici, ils sont nombreux à mettre l’accent sur « la débrouillardise ».  Les habitants semblent être affectés par la crise des trois « F » : « fatigués, fauchés et fâchés ».

Ndèye Ndiaye, la trentaine, indique que « dans ce quartier où elle vit, le mot « vivre » n’a plus de sens ». Demeurant au quartier Darou Laye, dans une concession réduite, la disposition des chambres, la cuisine, entre autres lieux, donnent une idée de la pauvreté qu’on y côtoie. Un coin difficile d’accès avec des ruelles bloquées à cause des impasses. La mère de quatre enfants, adossée à un mur, les yeux levés vers le ciel, cache mal ses sentiments. « S’il vous plaît, aidez-nous », implore-t-elle. Drapée d’une robe de couleur rouge clair, la dame, d’un ton sec, déplore : « le fait est que les autorités nous oublient et ne pensent pas nous aider ». Avant d’expliquer : « Regardez, mes enfants ne vivent plus. Personne n’est venu à notre secours. Celui qui est âgé de quatre ans est tombé dans les eaux, il y a plusieurs années. Il a été repêché et depuis lors, il ne cesse de piquer des crises en à finir ».

Dans ce coin de la banlieue, les herbes, avec une hauteur hallucinante, ont fini d’occuper les maisons abandonnées çà et là. Autant de typha. Le faucardage n’a pas porté ses fruits.  Elles règnent en maitre dans certaines concessions qui pourtant demeurent encore habitées. Les activités sont toutes au ralenti. « Nous sommes des oubliés du régime. Pourtant des gens ont des problèmes mais préfèrent aller voir des autorités pour les régler. Mais, quand il s’agit de la banlieue, c’est peine perdue », déplore à son tour Khoudia Fall, assise aux côtés de Mme Ndiaye.

Il est quasi impossible de circuler dans ce quartier. Une odeur nauséabonde se dégage dans les différents endroits. Les ordures sont mélangées aux eaux stagnantes et verdâtres et le liquide visqueux gagne de plus en plus du terrain. « Nous n’avons pas d’endroit où aller. Le loyer est cher. Ce que nous pouvons, c’est rester et demeurer dans ce coin, en attendant de trouver une solution », fait remarquer tristement Lamine Sonko. Habillé d’un tee-shirt aux manches courtes,  assis sur le perron d’une maison en face des ordures, en compagnie d’une bande de copains, ce dernier use de mille mots pour étaler les maux dont souffrent les jeunes. Les mains sur sa tête, comme pour se donner du courage, il déclare : « Nous ne travaillons pas. Tous les matins, chacun se débrouille pour avoir un sachet de café, histoire de tromper la faim. J’ai l’impression que les autorités nous considèrent comme des prisonniers, du fait qu’elles pensent que nous sommes dans le ghetto. C’est inadmissible».

Ass Ndao et Adama Sonko, eux, vont plus loin. « Pour avoir des sous, nous allons à la Seras pour chercher du travail, dépecer des moutons, etc. Par moment, nous nous adonnons à la maçonnerie, mais comme manœuvre. On est payé 1500 à 2000 Fcfa le jour. Mais ces temps-ci, c’est la galère. Et si vous allez dans nos maisons, nos frères sont en train de dormir », pestent-il. Au-delà de la crise qui sévit dans ce coin reculé, l’insécurité vient se greffer aux maux. « C’est dangereux de circuler le matin seul ou à la tombée de la nuit. Il y a des agresseurs qui dictent leur loi, étant donné qu’ils n’ont rien à se mettre sous la dent. La solution, « agresser », prévient Astou Dieng. En état de grossesse, peinant à marcher, d’un ton lent, elle affirme que « c’est désolant la situation que vivent les occupants de ce coin. Nous sommes harassés et oubliés. »

Néanmoins, d’aucuns continuent à y croire. Des jeunes parviennent à faire une formation dans différents secteurs. C’est le cas d’Adji qui s’est inscrite en Licence en Communication. « C’est vrai que les temps sont durs, et trouver un stage  est impossible. Je me suis tourné vers le commerce en ligne dans l’espoir de trouver mieux », dit-il.  D’autres sont dans l’entreprenariat comme ce jeune  sous couvert de l’anonymat. Lui excelle dans la vente de parfum et autre sandales pour homme à des prix « étudiant. »

Dans la banlieue, ils sont des milliers de jeunes qui  ont pris conscience des enjeux du moment et refusent de croiser les bras.


 

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