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victimes pré-électoraux
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Indemnisation des victimes pré-électoraux au Sénégal: La polémique autour de la notion de « victime » ou « de militant politique » s’installe

Le nouveau régime entend bien indemniser les victimes des événements. Il s’agit d’un accompagnement financier tel que décidé par les autorités. Dès lors, d’aucuns s’interrogent sur la notion de victimes. D’autres comme les gérants des stations-services réclament leur part. Une polémique qui est loin de connaître son épilogue.

L’indemnisation des victimes des évènements de mars 2021 à février 2024 fait débat.  Vendredi dernier, la ministre de la Famille et des Solidarités, Maïmouna Dièye, avait annoncé de nouvelles mesures pour les ex-détenus et autres victimes des événements survenus au Sénégal entre 2021 et 2024. Selon elle, un montant de 10 millions (10 000 000) de francs CFA sera octroyé à chaque famille de personne décédée. À cela s’ajoutent l’admission des orphelins mineurs au statut de pupilles de la Nation, l’enrôlement des familles dans les programmes sociaux du gouvernement (Bourses de Sécurité familiale, Couverture Sanitaire Universelle, Carte d’Égalité des Chances, etc.), suivant des modalités à définir ; ainsi que la facilitation de l’accès aux financements à travers des mécanismes tels que la Délégation générale à l’Entrepreneuriat Rapide des Femmes et des Jeunes (DER/FJ), le Fonds national de Crédit pour les Femmes et le Fonds national de Promotion de l’Entrepreneuriat Féminin.  Mais des voix se sont élevées pour dénoncer » cette approche du gouvernement.

C’est le cas du juge Hamidou Dème. Selon le magistrat, cette démarche du Pastef renvoie à la patrimonialisation de l’État et au clientélisme tant décriés ces dernières années. Il a posté sur sa page facebook ces termes : « La patrimonialisation de l’État et le clientélisme tant décriés ces dernières années persistent de plus belle avec la gouvernance Pastef. La seule appartenance à un parti politique ou le soutien à un homme politique ne devrait pas conférer de privilèges quelconque, lesquels sont de nature à rompre l’égalité des citoyens devant la loi. »

Le juge Dème s’est interrogé sur ce qui pousse le gouvernement à procéder de la sorte. « C’est à se demander si la démocratie et l’État de droit ne sont pas encore en péril ! Depuis l’accession de Pastef au pouvoir, les règles du jeu démocratique sont désormais à géométrie variable, mises au service d’un parti et de son chef qui se permettent tous les excès et à qui on semble tolérer tout ».

Boubacar Seye de HSF : « Il y’a une précipitation dans la démarche »

Le président de l’Ong « Horizon sans frontière » lui ne cache pas son point de vue. Selon Boubacar Seye c’est une démarche et une méthode unilatérale qui reste inquiétante. A l’en croire, il y’ avait un travail à faire en amont. « Il fallait regrouper les différents collectifs qui existent sans collaboration politique et les impliquer. Nous n’avons pas été consultés et pourtant nous avons été les premiers à réclamer justice et qu’elles soient rendues. Il faut une justice qui apaise et qui répare. Mais nous ne sommes pas impliqués et ceci montre la précipitation. Mais à quelle fin, je ne sais pas », a déclaré Boubacar Seye.   Selon lui, cette démarche donne l’impression d’un régime qui brûle les étapes et c’est regrettable.   Il a invité l’Etat à revoir sa position et ne pas casser la dynamique. « Il faut une évaluation au préalable. Il n’y a eu aucune enquête pour situer les responsabilités et faudrait-il encore dire que cette indemnisation ne peut pas exclure une compensation civile aussi. Et il faut que justice soit faite et que les responsables et les coupables soient désignés pour une compensation civile », a réitéré B. Seye

Me Amadou Aly Kane : « Il faut d’abord définir qui est victime et qui ne l’est pas »

Dans cette vague de réactions, figure celle de l’avocat Me Amadou Aly Kane, ancien candidat à la présidentielle. Il préconise « l’élargissement des ayants droits » et des montants d’indemnisation selon les cas.  A l’en croire, quand on parle d’indemnisation des victimes il faut savoir que les mots ont leur sens. « L’indemnisation c’est un dédommagement. C’est quoi la victime ? C’est une personne physique, une personne morale, un groupe de personnes qui a souffert directement d’une action illégale. Alors si on applique cette définition à la situation, on voit que là le débat doit porter sur qui est victime et quoi ne l’est pas. Est-ce que les victimes sont simplement les personnes qui ont manifesté, blessées où est ce qu’il n’y a pas aussi d’autres personnes qui sont des victimes. Par exemple, les personnes qui ont perdu un enfant. C’est une victime indirecte. C’est pareil pour celui qui a perdu son véhicule qui est incendié par des manifestants, que votre station-service soit incendiée, pareille même si vous êtes une société etc. », a expliqué ce dernier à travers les ondes de sud Fm.

A ce titre, a-t-il dit, « il ne faut pas entendre la notion de victime dans un sens restreint ou de militants qui manifestent qui ont fait l’objet de la répression qui a été blessé ou qui ont été emprisonnés. Donc il faut qu’on s’entende sur ces notions. »  Dans la même veine, Amadou Aly Kane a indiqué qu’une personne qui a subi un préjudice soit dédommagée ne pose pas de problème mais le champ d’application qui pose problème. Donc pour lui, « il y a débat dans le fait d’identifier qui est victime et qui ne l’est pas. « Beaucoup de personnes pensent qu’il y a eu un parti pris et que l’État a dédommagé ses propres victimes, c’est-à-dire ses militants qui ont subi un préjudice et ont oublié pour le moment les autres. C’est ça le débat aussi », a-t-il renchérit. Selon lui, il faut une commission composée d’experts du droit, des membres de la société civile et du parlement qui travaillent dans la plus grande transparence. Le débat n’aura pas eu lieu. D’où une approche politique.

Les gérants de stations-service haussent le ton

Des dégâts ont été enregistrés par les gérants de stations- services. Mais depuis lors, ces derniers courent derrière une indemnisation. Ils haussent le ton et estiment qu’ils méritent aussi d’être indemnisés au même titre que les blessés.  Selon Ibrahima Fall, le président de l’Association des gérants de stations-services, ils sont nombreux à avoir fait faillite. « On a eu à faire des correspondances mais sans réponses aucune de la part des autorités étatiques. Ce pays a été témoin de cette situation de casses et de pillages et dans la logique des choses, si des indemnisations ont été initiées par l’état du Sénégal, nous devons en faire partie mais depuis lors rien », a déploré Ibrahima Fall. Il a révélé que des investisseurs sont déjà partis et d’autres ont été fermées et obligés de faire autre chose car ayant tout perdu.

Selon lui des stations ont été reprises par d’autres mais qui ne fonctionnent pas comme ils voulaient. « Les compagnies pétrolières aussi épuisées en un instant mais ne pouvaient plus contenir cette situation-là. On va être indemnisé et nous sommes des sénégalais car nous avons été saccagés.  On n’a pas eu à faire l’étude exacte des gens qui sont partis mais on sait que d’autres sont dans des difficultés faute de moyens. Avec les compagnies pétrolières, soit on est capable de suivre où on est laissé en rade », a-t-il laissé entendre. Ibrahima Fall a demandé à l’Etat du Sénégal de faire une pause et de regarder dans le rétroviseur sachant qu’il existe des gens qui ont perdu leur travail. « Il faut le faire car d’aucuns peinent à reprendre leurs activités. Mais nous sommes là à attendre ! », a-t-il ajouté.

Mimi Touré : « L’État ne fait que reconnaître cette peine par une compensation financière symbolique »

 « Nous devons respect et prières ardentes à nos martyrs de la démocratie. Aucune indemnité ne sera jamais suffisante pour effacer la douleur d’une mère qui a perdu son enfant. L’État ne fait que reconnaître cette peine par une compensation financière symbolique. Et que les responsables de ces tueries soient traduits en justice ! », a-t-elle déclaré le haut représentant du Président de la République, insistant sur la nécessité d’une réponse judiciaire en parallèle à l’indemnisation.

MOMAR CISSE


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