Avec la complicité d’un agent de police du nom d’Alassane Laye D., Sams Eddine K. aurait soutiré plus de 30 millions de francs à des candidats au voyage. Parallèlement, l’escroc qui se faisait passer pour un mandataire du procureur de la République, avait encaissé 5 millions de francs contre la promesse de faire sortir de prison un maire. Pour cette vaste opération d’escroquerie, Sams Eddine a été incarcéré en septembre 2023, puis jugé hier, par le tribunal correctionnel de Dakar.
Plusieurs plaintes ont été déposées contre Alassane Laye D., agent de police et Sams Eddine K., gérant d’une agence de voyage. Formulant leurs récriminations, les victimes ont renseigné que Sams Eddine leur a fait croire qu’il était en contact avec des entreprises canadiennes et américaines pour l’établissement de contrats de travail pouvant leur permettre de disposer de visas. C’est alors que Sams Eddine a réussi à encaisser 31 millions de francs. Certains plaignants ont cité l’adjudant de police, Alassane Laye D. comme étant son complice. D’après leurs dires, c’est le flic qui leur signait une décharge dans son bureau. Parallèlement à cette affaire d’escroquerie au visa, Sams Eddine se disait en relation avec le procureur de la République. C’est ainsi qu’il a pris l’engagement de faire sortir de prison le maire de Sangalkam, Alpha Bocar Khouma dit Pape Sow, arrêté le 3 août 2023 dans l’affaire Juan Branco. À cet effet, une cousine de l’édile lui a remis 5 millions de francs. D’ailleurs, la fouille de son téléphone portable a permis aux éléments de la sûreté urbaine de découvrir ses discussions avec Tabara dont le nom est enregistré «Tab» dans ses contacts.
Après avoir encaissé les 5 millions de francs, il a fait croire à cette dernière que le procureur et des magistrats vont se partager l’argent. Visé pour escroquerie, discrédit sur une décision de justice et outrage à magistrat, Sams Eddine n’a reconnu que le premier chef de prévention lors de sa comparution hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar. Il a ainsi tenté d’innocenter son co-inculpé, Alassane Laye D., remis en liberté provisoire. Toutefois, certaines parties civiles ont réitéré que c’est le limier qui leur a signé une décharge dans son bureau au commissariat de Dieuppeul. Alassane Laye n’a pas déféré à la convocation du tribunal. Concernant le cas du maire Pape Sow, Sams Eddine a nié toute conversation avec la nommée Tabara qu’il dit ne pas connaître. Même s’il reconnaît avoir reçu une fois l’appel de Pape Sow qui, selon lui, est un très bon ami. Le nommé Modou Mbengue a informé avoir remis 1,6 million de francs à Sams Eddine. « Il m’a promis un permis de travail. Il m’a dit qu’il travaille avec Me Aissata Tall Sall », a signalé Modou Mbengue. Yatma Mar a versé 2 millions francs, Samba Dia ,1,8 million francs, Oumou Kalsoum Fall, 5 millions francs, Cheikh. Ba, 240 mille francs, Mouhamed Touré 1 million de francs. Faisant ses réquisitions, le maître des poursuites a demandé deux ans ferme contre Sams Eddine et six mois ferme à l’encontre d’Alassane Laye D. « Dans le cas de cette procédure les remises ne sont pas contestées. Il y a les manœuvres frauduleuses et l’usage de fausse qualité. L’adjudant a aussi apporté son aide à Sams Eddine. Il établit des décharges à l’insu de son supérieur. Ce délit est constant à l’encontre d’Alassane Laye D », a estimé le représentant du Ministère public. Selon lui, le délit d’outrage ne nécessite pas une publicité. « On vise les fonctions exercées par ces gens. Le fait matériel est établi. Il a sollicité de l’argent en faveur d’un magistrat. Le fait de jeter le discrédit sur une décision publique ne saurait prospérer ». Raison pour laquelle le parquet a requis la relaxe en ce qui concerne le délit de discrédit sur décision de justice. Abondant dans le même sens que son client, l’avocat de la défense a plaidé coupable pour le délit d’escroquerie. Le juge a mis l’affaire en délibéré à la date du 12 mars 2025.