L’instabilité alimente la recrudescence des violences sexuelles à l’égard des femmes à Haïti, a indiqué mercredi dans un nouveau rapport ONU Femmes, relevant que 300.000 femmes et filles haïtiennes sont déplacées, sans accès à des services de sécurité et de santé élémentaires dans ce pays des Caraïbes.
Le document de l’agence onusienne fait état des conditions de vie épouvantables et du manque de sécurité auxquels sont confrontées ces 300.000 femmes et filles déplacées en Haïti, exacerbées par l’instabilité politique actuelle et l’escalade de la violence commise par les gangs, ainsi que par la saison des ouragans qui ne fait que menacer davantage ce pays insulaire des Caraïbes.
Les femmes et les filles représentent plus de la moitié des 580.000 personnes déplacées en Haïti. L’enquête montre que les camps de fortune en place manquent de produits de première nécessité pour les populations, et que les femmes et les filles en particulier y sont exposées à des risques de violence sexuelle et basée sur le genre.
Un niveau « sans précédent d’insécurité et de brutalité »
Selon ONU Femmes, des agressions à l’encontre des femmes et des filles et, plus spécifiquement, des viols, sont ainsi perpétrés dans la majorité des camps comme tactique délibérée pour contrôler l’accès des femmes à l’aide humanitaire très limitée. « Selon notre rapport, le niveau d’insécurité et de brutalité, notamment la violence sexuelle, auquel les femmes sont confrontées aux mains des gangs en Haïti est sans précédent. Il faut y mettre un terme immédiatement », a déclaré dans un communiqué, Sima Bahous, Directrice exécutive d’ONU Femmes.
L’enquête révèle également que plus de 88 % des femmes interrogées ne disposent d’aucune source de revenus dans les camps. En conséquence, plus de 10 % d’entre elles ont dû au moins une fois se tourner vers la prostitution ou ont envisagé de le faire pour répondre à leurs besoins, et 20 % de plus connaissaient au moins une personne qui y avait recouru.
Environ 16 % des femmes interrogées ont déclaré qu’elles se sentaient intimidées, harcelées ou traumatisées par les gangs armés violents, et près de 70 % ont confié qu’elles étaient choquées mentalement par l’escalade de la violence. Seulement 10 % des femmes interrogées ont indiqué avoir accès à des services de santé dans les camps de personnes déplacées.
Parmi les femmes interrogées, seulement 2 % ont indiqué assumer un rôle de leadership dans la gestion des sites de personnes déplacées, et il est donc urgent de garantir la participation active des femmes et des filles aux prises de décisions dans les camps et de mettre en place des mesures de protection immédiates pour les femmes et les filles qui courent des risques au quotidien.