Du beau Blaise, il ne reste plus aujourd’hui qu’un visage décrépi que plus personne ne veut voir, avant une Cour de justice burkinabè. Mais pour Alpha, l’oméga des chefs d’Etat cruels de la sous-région, depuis l’exil de Yaya Jammeh, le temps semble venu de rendre directement compte aux Guinéens, après une décennie de mal gouvernance, de gabegie qui avait commencé par un troisième mandat usurpé.
Hier, en effet, dès le début de la matinée, le quartier du palais présidentiel avait été le théâtre de tirs nourris. C’était le début d’un putsch mené par le Groupement des forces spéciales, dirigé par un officier militaire malinké du nom de Mamady Doumbouya.
Entouré de militaires en treillis, masqués et les armes à la main, Alpha Condé apparaissait sur un canapé du palais présidentiel. Le président guinéen était comme complément ko, la chemise entre-ouverte, les pieds nus.
« Est-ce qu’on a touché à un seul de vos cheveux? On vous a brutalisé, Excellence ?», lui demande un militaire dans une vidéo tournée à « Sékoutoureya » (le palais présidentiel) ? Il ne répond pas. Il reste silencieux. Il n’aura ainsi fallu que quelques heures aux putschistes pour se saisir de celui qui dirigeait le pays depuis onze ans, et qui, désormais, aura son destin en face de lui.
Le calice ? Il le lui faudra boire jusqu’à la lie, comme tous les Présidents africains en quête de 3ème mandat.