Près de 10.000 femmes ont été tuées à Gaza depuis le début de la guerre il y a six mois et un enfant est blessé ou meurt toutes les 10 minutes, ont prévenu mardi les agences de l’ONU, sur fond de violence croissante en Cisjordanie et d’inquiétudes concernant une escalade régionale du conflit suite à l’attaque iranienne contre Israël.
« Six mois après le début de la guerre, 10.000 femmes palestiniennes à Gaza ont été tuées, parmi lesquelles environ 6.000 mères, laissant 19.000 enfants orphelins », a déclaré ONU Femmes dans un nouveau rapport. « Plus d’un million de femmes et de filles à Gaza n’ont presque pas de nourriture, n’ont pas accès à l’eau potable, aux latrines, aux toilettes ou aux serviettes hygiéniques, et les maladies se multiplient dans un contexte de conditions de vie inhumaines », a ajouté l’agence onusienne.
Faisant écho à ces préoccupations, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé un nouvel appel au cessez-le-feu afin que l’aide humanitaire puisse être apportée à Gaza pour aider à reconstruire les hôpitaux, notamment celui d’Al Shifa, qui a été « essentiellement détruit » après une récente opération militaire israélienne. « La direction essaie de nettoyer le service des urgences (mais) le travail est tout simplement énorme pour faire juste un nettoyage, sans parler d’obtenir des fournitures», a déclaré un porte-parole de l’OMS, Tarik Jasarevic, à la suite d’une nouvelle mission de l’agence sanitaire des Nations Unies lundi dans le centre médical dévasté de la ville de Gaza.
Besoin d’accès
Seul un tiers des 36 hôpitaux de Gaza restent fonctionnels, ce qui signifie qu’il est essentiel de « préserver ce qui reste » du système de santé de l’enclave, a insisté M. Jasarevic. Mais les besoins restent massifs avec plus de 76.000 blessés, selon les autorités locales, et plusieurs agences de l’ONU ont averti à plusieurs reprises que les amputations et les accouchements par césarienne se déroulaient sans anesthésie.
« Une fois de plus, nous appelons réellement à ce que le mécanisme de déconfliction soit efficace, transparent et réalisable », a dit le responsable de l’OMS, faisant référence au système d’approbation utilisé par les humanitaires en collaboration avec les parties belligérantes pour tenter de garantir que les convois ne sont pas visés.
Les inquiétudes demeurent quant au protocole de déconfliction après que sept travailleurs humanitaires de l’ONG World Central Kitchen ont été tués lors de frappes aériennes israéliennes le 1er avril. Mais « plus de la moitié » des missions prévues par l’OMS entre octobre dernier et fin mars « ont été soit refusées, soit retardées, soit se heurtent à d’autres obstacles, elles doivent donc être reportées. Nous avons donc vraiment besoin de cet accès », a insisté M. Jasarevic, sur fond d’avertissements répétés des humanitaires concernant une famine imminente à Gaza.
Pas de secours pour les blessés
Le manque de personnel, d’aiguilles, de points de suture et d’autres équipements médicaux essentiels signifie que « les enfants blessés croupissent souvent dans la douleur », dans les hôpitaux ou dans des abris de fortune, a noté Tess Ingram, Spécialiste en communication du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).
S’exprimant depuis Le Caire, en Egypte, après sa dernière mission dans le nord de Gaza, où son véhicule de l’ONU a été attaqué, Mme Ingram a déclaré aux journalistes qu’il était remarquable de constater combien de jeunes avaient été blessés lors des intenses bombardements israéliens, lancés en réponse aux attaques sanglantes du Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre.