La décision du président français Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée et de procéder à des élections législatives le 30 juin et le 07 juillet, donne un espoir compréhensible au Rassemblement national incarné par son leader Jordan Bardella qui rêve de devenir Premier Ministre en cas de victoire. Cet espoir est suscité par les résultats des élections législatives du 30 juin où le Rn a obtenu plus de 33% des voix.
Il y a en conséquence de réelles chances pour l’extrême droite d’arriver enfin au pouvoir dans une cohabitation qui lui donnerait la possibilité de définir et de conduire la politique de la Nation française.
Du coup, tous les immigrés y compris les milliers de sénégalais qui vivent sur le territoire français peuvent avoir des soucis à se faire quant à leur avenir. Car, le propre de l’extrême droite, c’est de stigmatiser les immigrés accusés d’être à l’origine de tous les maux de la France.
Bien sûr, la démarche est populiste mais elle est politiquement rentable. Car, la majorité des français qui vote, les citoyens moyens, n’a pas forcément le recul et l’esprit de dépassement nécessaires à une bonne analyse de l’information.
Et comme beaucoup de français sont sous le poids d’une pauvreté de plus en plus aiguë, ce discours est le plus politiquement porteur.
Pis, Bardella est un jeune leader du Rn, un pur produit des banlieues françaises donc forcément en prise avec ces réalités. Du point de vue de la communication politique, le storytelling dégagé en ce qui concerne notamment sa mère qui l’a élevé seule dans une banlieue où régnerait l’insécurité trahit la volonté xénophobe d’un jeune leader qui veut sortir des sentiers battus.
L’homme politique s’agite comme un messie tout droit sorti des cuisses de Jupiter pour sauver les Français.
Il s’y ajoute le fait que cette élection intervient dans un contexte de la montée en puissance du sentiment anti-français en Afrique et au Sénégal où les nouveaux dirigeants arrivés au pouvoir prônent justement la rupture.
Il faudra alors s’attendre à une forme de retour de bâton pour les immigrés avec des lois taillées sur mesure qui pourraient rendre leurs séjours beaucoup plus difficiles. Mais de là à être vraiment en danger, nous le pensons pas. Car la France, premier partenaire du Sénégal sur tous les plans, y réfléchira à deux fois avant de s’en prendre aux sénégalais sur son sol. Car il existe plus de deux cent sociétés françaises au Sénégal avec plus de milliers de ressortissants de ce pays.
La France peut aussi craindre le retour d’ascenseur. Ce n’est pas par hasard d’ailleurs si Marine Le Pène est venu au Sénégal rencontrer le président Macky Sall. En clair, il y a certes des soucis à se faire par rapport à la possible arrivée du Rn au pouvoir mais il ne faut pas perdre de vue que l’extrême droite au pouvoir actuellement en Italie n’a pas forcément de politiques radicales perceptibles contre les immigrés. Giorgia ne fait pas pire que Berlusconi à l’époque. C’est dire qu’entre le discours et la réalité, le fossé est souvent grand.
Assane Samb