À partir de ce 3 avril, le Premier ministre français, Gabriel Attal, se présentera seul face aux députés, le mercredi, lors de la séance de questions au gouvernement. Cet exercice sera expérimenté sur une période de cinq semaines.
Vers un show de Gabriel Attal à l’Assemblée nationale ? Jusqu’à la fin mai, une nouvelle formule des questions au gouvernement est expérimentée le mercredi. Seul le Premier ministre répondra aux questions des députés dans l’hémicycle. Une nouvelle formule testée qui divise, jusque dans la majorité. La première session est prévue ce mercredi à partir de 14 heures, pour une durée de 45 minutes. Une question sera posée par groupe parlementaire.
Parmi les thèmes qui pourraient être abordées : la taxation des rentes, la démission demandée du président de la commission d’enquête TNT Quentin Bataillon, après ses propos tenus sur Touche Pas à Mon Poste le 2 avril, ou encore la situation à Gaza. Il s’agit de la suite du chantier engagé par Yaël Braun-Pivet pour « redynamiser » les questions au gouvernement (QAG), qui sont un des moyens dont le Parlement dispose pour exercer sa mission de contrôle sur le gouvernement. Si Elisabeth Borne avait décliné l’idée de répondre seule aux députés lors de la séance du mercredi, son successeur Gabriel Attal s’est, au contraire, montré prêt à jouer le jeu suite à la demande de la présidente de l’Assemblée nationale.
Et pour Mathieu Lefevre, député Renaissance, il fallait apporter du renouveau : « D’abord, c’est un honneur pour chaque député d’avoir pour réponse à sa question le Premier ministre. Ainsi, on aura une séance qui sera peut-être un peu plus politique, plus suivie, et un petit peu plus médiatisée », explique t-il au micro de Charlotte Urien-Tomaka, du service politique.
« On verra si c’est juste de la communication »
Le Rassemblement national est également favorable à cette nouvelle formule, tout en restant conscient de l’exposition médiatique qu’offre l’exercice à la majorité en période électorale. « On verra si c’est juste de la communication ou s’il y aura réellement des réponses. Ça sera un échec uniquement s’ils l’utilisent pour faire de la politique politicienne, politicaillerie, notamment en période d’élections européennes où, on le sait, il y a une volonté d’utiliser le Parlement pour servir les élections européennes et la candidature à l’opposé de celle de Jordan Bardella », a expliqué Thomas Ménagé, député RN.
À gauche, la députée écologiste Sandrine Rousseau dénonce cet exercice de communication qui vise à affaiblir le Parlement. « Cela renvoie au fait que le Premier ministre est une forme de porte-parole de ce gouvernement et non pas le chef de ce gouvernement. Et un chef qui fonctionne bien, c’est un chef qui fonctionne en équipe. Je ne comprends pas cet exercice d’hyper personnification des réponses au Parlement, qui est le cœur battant de notre démocratie. C’est un affaiblissement de nos liens avec le gouvernement », regrette-t-elle.
Expérimentée jusqu’à fin mai, une clause de revoyure est prévue pour décider si cette innovation doit s’inscrire dans la durée.