Le 26 mars 2024, six individus dont un enseignant ont été arrêtés à Thiès dans une affaire de fabrication et de mise en circulation de faux billets de banque. Il s’agit de Djibril Seck, Mamadou Cellou Diallo, l’enseignant à la retraite Souleymane Sy, Abdoulaye Wellé, Lamine Diallo et Modou Faye ; ils sont poursuivis pour détention et mise en circulation de faux billets de banque en bande organisée, ainsi que pour actes de contrebande. Selon les éléments de l’enquête, la Subdivision des douanes de Thiès a été informée d’une activité illicite de contrefaçon de signes monétaires menée par un groupe d’individus. Ainsi, les agents des douanes ont mis en place une disposition de filature aboutissant à l’interpellation des susnommés en possession de 5400 coupures de 100 dollars, d’une valeur totale estimée à 325.533.000 F Cfa.
Entendu à l’enquête, l’agent de sécurité, domicilié à Thiès, Djibril Seck avait déclaré avoir été mis en rapport avec Mamadou Cellou Diallo pour le « lavage » des billets noirs. Ce dernier aurait ensuite contacté Souleymane Sy pour trouver un technicien capable de procéder au lavage des billets. Abdoulaye Wellé et Lamine Diallo ont également été impliqués dans l’affaire. Ce dernier reconnaissant avoir transporté Modou Faye à Thiès, bien qu’il affirme ignorer la nature de l’activité qu’il faisait là-bas.
Placés sous mandat de dépôt, ils ont été jugés hier, jeudi 13 février 2025, devant le tribunal correctionnel de Dakar où certains ont réfuté les faits. À la barre du tribunal, Djibril Seck a lui reconnu les faits, affirmant que ses coprévenus étaient au courant de l’activité de contrefaçon. Il a expliqué avoir été approché par Mamadou Cellou Diallo pour participer au lavage des billets. Mamadou Cellou Diallo, à son tour, a également reconnu les faits, déclarant avoir été sollicité par Souleymane Sy pour trouver un technicien. Pour ce qui est de l’enseignant à la retraite, Souleymane Sy, il a affirmé avoir été contacté pour mettre en relation un technicien avec les autres prévenus. Il a, par la même occasion, nié avoir été en possession des billets avant leur saisie par la douane. Le chauffeur, Lamine Diallo a reconnu avoir transporté Modou Faye à Thiès, mais a nié avoir connaissance de la contrefaçon. Il a déclaré avoir été sollicité pour un simple transport. Modou Faye, également chauffeur, a contesté les faits, affirmant qu’il ignorait tout de l’activité de lavage de faux billets. Il a déclaré avoir été appelé par Lamine Diallo pour l’aider en raison d’une panne de véhicule. Le commerçant Abdoulaye Wellé a, lui, nié toute implication dans l’affaire, déclarant ne jamais avoir vu les billets en question.
Le procureur demande la prison ferme contre tous, sauf Modou Faye
Le procureur a requis la relaxe pure et simple pour Modou Faye, estimant qu’il n’y avait pas de preuves suffisantes pour établir sa connaissance des faits. S’agissant des autres mis en cause, le maître des poursuites a sollicité qu’ils soient tous condamnés à 2 ans de prison ferme, assortis d’une amende de 500 millions de F Cfa. Le parquet a en outre sollicité du tribunal la réservation des intérêts civils de la douane qui s’est constituée partie civile dans ce dossier.
Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe pour leurs clients, invoquant le manque de preuves. Pour certains, les agents de la douane ont saisi du papier blanc et non de faux billets, comme ils l’attestent dans leur procès-verbal de saisie. Conseil de Lamine Diallo, Me Diallo a confié que son client, un simple chauffeur, avait été sollicité pour un transport sans connaître l’objet du déplacement. Selon Me Takha Cissé, il attendait simplement une commission pour le transport. Plaidant pour le compte de Modou Faye, Me Youssoupha Camara a argué que les billets saisis n’étaient pas des dollars mais de simples papiers blancs. Me Youssou Guèye pour sa part a indiqué que son client, Souleymane Sy, est un enseignant à la retraite qui n’avait jamais failli dans sa carrière. Demandant au tribunal de relaxer Djibril Seck, Me Ndiack Ba a invoqué les difficultés financières de son client qui l’avaient poussé à accepter la proposition de son coprévenu. Le tribunal après les débats a fixé le délibéré pour le 26 mars prochain.