Du groupe des Spice-girl à la sénégalaise, Mamy Mbaye aura été une pionnière de la présence féminine dans le showbiz national. Et de cette initiative, elle a gagné l’expérience d’une maman musica dont la vue sur la musique sénégalaise est un avis d’experte qu’on gagnerait à écouter. Parcours de diva, son itinéraire artistique est loin d’une symphonie lisse, parce que parsemé d’embûches mais le piquant challenge a été la victoire qu’elle a su construire sur ces écueils. Cela l’a forgée et lui a instillé un mental de sereine femme libérée. Mais ancrée dans des valeurs d’humanisme qui font son charme. Lire Mamy c’est écouter une envoûtante sérénade de courage et de confiance.
Dégustez sans modération, c’est éclectique !
Comment résumeriez-vous votre parcours musical ?
Un parcours musical assez riche en expériences, je dirais ! J’ai eu à travailler avec énormément d’artistes (africains, européens), avant comme après Alif (son ancien groupe). Avant Alif, j’avais formé un groupe avec mon frère. A l’époque, nous avions fait quasiment tous les concerts des Parcelles Assainies. Un quartier où la culture était très présente. Ayant grandi avec beaucoup d’artistes, de rappeurs, j’ai eu à travailler avec beaucoup d’entre eux et Alif est venu par la suite compléter tout ça. C’est un groupe avec lequel j’ai aussi cheminé, beaucoup voyagé dans le monde, ce qui nous a vraiment permis d’acquérir plus d’expérience, d’ouverture. Et c’est d’ailleurs quelque chose qui continue, les découvertes, le travail. C’est un parcours qui a été parsemé d’embûches, mais aussi très très riche en expérience.
Comment expliquez-vous votre longue absence de la scène artistique ?
Mon absence est due à diverses raisons. Il y a d’abord eu l’aspect familial et ensuite il fallait que je travaille, histoire de bien préparer mon retour. Et ça demandait beaucoup de boulot, pour le coup, j’ai préféré me concentrer sur le travail. Je devais travailler à nouveau ma voix, accumuler les séances de studios afin de préparer le maximum de morceaux pour que le boulot ne s’arrête pas une fois que j’aurais commencé. Entre-temps, il y a eu d’autres activités que je devais gérer. Il fallait gérer tout cela, bien se réorganiser, revoir le staff et surtout savoir par où commencer, où on veut aller, comment s’y prendre.
Pourquoi avoir dissout le groupe Alif?
Il arrive toutes sortes de choses dans la vie ! Et parmi ces choses, il y a la séparation, qu’elle soit voulue ou non. Quand c’est la volonté divine, il faut s’y faire. Le groupe Alif a fait son chemin, il a été très aimé et malheureusement, à un moment donné, Dieu en a décidé autrement. Il fallait juste accepter cette volonté.
Que sont devenus les autres membres d’Alif?
Disons qu’elles ne sont plus à Dakar. Myriam est en France et Oumy en Italie.
Peut-on s’attendre à une reconstitution du groupe?
On ne sait jamais hein ! Comme le dit l’adage : il ne faut jamais dire jamais. Nos relations sont restées intactes, elles sont restées des sœurs pour moi et c’est l’essentiel.
Qu’en est-il de votre carrière d’artiste?
Je suis dessus ! J’ai profité de ce moment d’absence pour bien travailler, j’étais en studio, et j’ai vraiment beaucoup bossé. J’espère attaquer les choses sérieuses après le ramadan, s’il plaît à Dieu. Que le public s’attende à mon come-back (retour).
De la chanson au cinéma, comment s’est fait le pont?
C’est maintenant que le public me découvre dans le cinéma. Disons que c’est une des faces cachées de Mamy (rire). J’ai quasiment commencé le cinéma en 2011 et à l’époque, il n’y avait pas beaucoup de séries comme aujourd‘hui. Donc c’est normal, ça ne se connaissait pas trop. C’était plus pour des films instructifs, entre autres. Sinon, le pont ne s’est pas fait difficilement, car qui dit artiste dit polyvalence. C’est quelque chose qui était en moi depuis, c’est comme qui dirait, une continuité de l’art que je fais.
Comment voyez-vous la gent féminine dans le milieu musical?
Ce sont de braves dames qui sont dedans ! Elles se battent sachant que le milieu musical est très compliqué. Je suis très fière de les voir se frayer un chemin. Elles sont pétries de talents et je ne peux que leur souhaiter une réussite totale dans leur carrière et qu’elles puissent s’épanouir dedans, vivre de leur art. C’est tout ce qu’un artiste peut souhaiter, surtout quand on est une femme dans le milieu musical. En tout cas, je suis très fière d’elles.
Quid du harcèlement de la part des hommes ? Ça dérange ou pas ?
Ça dérange forcément et cela quel que soit le milieu dans lequel on évolue. C’est dérangeant, aujourd’hui on se dit qu’on travaille et on a envie de le faire sereinement, d’avoir les mêmes privilèges, le même respect que tout homme qui est dans le même milieu que nous. Ça dérange fortement et on espère vraiment que les gens puissent attribuer fortement à toutes ces femmes leur mérite, qu’elles puissent travailler librement, dignement et qu’elles soient respectées dans ce qu’elles font, qu’on puisse les aider sans rien attendre en retour.
Comment allier vie de famille et carrière pro ?
C’est très dur (elle insiste) ! Ces deux vies là demandent beaucoup de sacrifices, de temps, on s’en sort avec l’aide d’Allah, mais c’est très compliqué. Après, il faut juste connaître les priorités, les faire valoir. La vie professionnelle est très importante aussi, elle permet de gérer sa famille, de la nourrir et donc, ce n’est pas à négliger. Il faut juste trouver le juste milieu et savoir que la vie familiale est plus importante que tout.
Un petit message à vos fans?
Je les remercie vraiment beaucoup. Il y en a beaucoup qui sont là depuis (avant Alif, Miss Malaika, Oscar des vacances, sa carrière solo, précise-t-elle). Il y a des gens qui tiennent beaucoup à moi, qui m’aiment d’un amour sincère et qui me soutiennent vraiment. Nous les artistes c’est ce qui nous fait tenir, nous booste et nous donne envie de donner le maximum. Je les remercie et leur fait savoir que là, les choses vont bien décoller inchalla. Ce sera pour très bientôt et j’espère qu’ils seront fiers. Non seulement de moi et surtout satisfaits et bien compréhensifs par rapport à tout le temps qu’ils ont attendu.
Quels sont vos projets, outre la musique ?
Le cinéma, des long métrages, peut-être des séries à venir, faire tourner mon business (elle fait allusion à son salon de coiffure). Les projets sont là, on se bat pour y arriver. Le moment venu, vous verrez et vous ne serez pas déçus.
ANNA THIAW