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Entre rites carnavalesques et fête pieuse (Tajabone): Le Sénégal célèbre le nouvel An musulman

Tajabone! Dans les rues de Dakar, des garçons déguisés en fille et des filles déguisées en garçon pour fêter l’Achoura, le nouvel an musulman, en faisant l’aumône de maison en maison au son des tam-tam. Au Sénégal, cette fête sera célébrée ce Mardi.


L’Achoura marque le 10e jour du premier mois du calendrier et célèbre l’avènement de la nouvelle année. Une période qui est aussi un moment de deuil pour les chiites, qui commémorent le martyr de l’ Imam Hussein, petit-fils du prophète Mahomet. A la tombée de la nuit, des petits groupes d’enfants aux visages peints en blanc, auxquels se mêlent quelques jeunes adultes seront observés dans les rues. Ces derniers réclament joyeusement du riz, du sucre ou un peu d’argent à leurs voisins. Une ambiance qui sera observable dans certains quartiers populaires de la capitale sénégalaise.

Les jeunes filles portent des habits de garçon et une fausse barbe tracée au feutre, tandis que les garçons vont se déguisés en tenues de filles, pour célébrer la « Tamkharite », le nom local de l’Achoura, festivités qui mêlent rites musulmans et traditions séculaires aux allures carnavalesques.  Avant de parcourir les rues de leur quartier pour le « tajabone », les jeunes vont partagé en famille un plat de couscous ou « Thiéré » traditionnellement composé de semoule de mil, de sauce tomate, de viande rouge ou blanche et de légumes. Ces plats sont ensuite distribués aux voisins et parents, à la belle-famille.
Maintenant cette fête « a moins d’ampleur à cause de l’urbanisation , de l’éclatement du tissu social et de l’insécurité ». A l’origine, cette tradition du tajabone était effectué par des talibés, les élèves des écoles coraniques. Ils entraient dans les maisons pour mendier et se faire des réserves de provisions ou montrer leur maîtrise du Coran en récitant les versets de bas en haut », précise un imam sénégalais, Assane Diouf.
Au Sénégal, pays d’Afrique de l’Ouest en majorité sunnite où les musulmans (plus de 90% de la population) sont généralement adeptes de puissantes confréries locales, le côté festif, voire subversif, du tajabone ne plaît pas à tous, notamment dans les milieux musulmans conservateurs dont l’influence est grandissante. Cette réticence provient du fait que « le tajabone est (…) un bricolage de la culture musulmane qui se veut rite d’inversion, notamment des codes vestimentaires, de subversion, le vol étant permis », souligne l’historien de l’université de Dakar Ousseynou Faye.

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