Tous coupables. C’est cela que nous sommes. État et citoyens y compris. Face au drame de l’émigration, nous ne nous indignons pas assez. Boubacar Sèye qui dirige Horizon sans frontières se démêle comme un beau diable pour sauver les candidats à l’émigration. Mais, il est trop seul. Il vient de nous informer du drame de cette pirogue partie au mois de mai de Bargny avec, entre autres, 23 femmes et au moins 7 enfants dont des bébés. Tous sont portés disparus.
Pendant ce temps, nous nous préoccupons à « politicarer », comme d’habitude. Si la surveillance s’est renforcée avec beaucoup de diligence de la part des Forces de défense et de sécurité, il n’en reste pas moins que les départs se poursuivent. Actuellement qu’il y a le froid y compris en mer, les passeurs et autres sont moins actifs. Mais ils sont capables de braver le froid pour de l’argent en sacrifiant des enfants dont de pauvres bébés. C’est de la non-assistance à personne en danger.
L’Etat a une lourde responsabilité face à cette situation. Car, tous ceux qui sont complices du convoiement d’enfants surtout de bébés en mer, qu’ils soient passeurs, parents ou proches doivent être arrêtés, déférés et jugés pour homicide involontaire.
Trop, c’est trop. Nous ne pouvons pas, dans un Etat digne de ce nom, laisser ce carnage se poursuivre.
On doit même créer le délit d’incitation à l’émigration. En clair, il nous faut un arsenal juridique adapté et des moyens techniques adéquats. Mieux, il faudra organiser les assises de l’émigration et mettre en place toute une dynamique de sensibilisation et de plaidoyer en impliquant les anciens émigrés et ceux qui vivent actuellement dans ces pays. Car, c’est surtout là où nous avons failli.
Les autorités publiques ont toujours ignoré ce drame comme si elles avaient la pudeur d’en parler.
Il faudra qu’elles se réveillent et qu’elles adoptent une rupture systémique par rapport à ce phénomène.
Des centaines voire des milliers de sénégalais sont morts en mer, entre 2023 et 2024.
Nous perdons surtout des jeunes, suicidaires certes parce que les conditions é
économiques sont difficiles mais aussi et surtout parce qu’ils n’ont pas la bonne information par rapport aux pays d’acceuil. Devrons-nous continuer à les regarder mourir jusqu’à quand ?
Assane Samb