La question de l’émigration clandestine reste un fléau qui ne laisse pas les autorités indifférentes. D’ailleurs le nombre incalculable de morts depuis le début a poussé des acteurs politiques à hausser le ton. Cette fois-ci le sociologue Aly Khoudia Diaw dans une contribution y « révèle une partie de la vérité. »
En effet, ce dernier dit « suivre avec amertume et regrets, la vague d’émigration clandestine ou irrégulière, qui endeuille le Sénégal, malgré la vague d’indignation qui accompagne ce « fait » de société. » D’emblée, il a expliqué qu’en sociologie, il y a une approche et que ce n’est pas l’émigration irrégulière qui nous intéresse ici, mais « l’irrégularité de l’émigration ». « Et dans la démarche, il faut conceptualiser entre les méthodes explicatives et les méthodes compréhensives car il y’a une différence entre « expliquer » et « comprendre ». Ici il ne s’agit pas d’expliquer parce que nous avons compris, mais de comprendre d’abord pour expliquer ensuite. »
Aly Khoudia Diaw socio-anthroplogue a écrit qu’un phénomène social ne s’explique pas par ses manifestations individuelles, ni même par ses répercussions psychologiques, mais qu’il faut aller chercher l’explication par un autre phénomène social qui le précède et sur la base de laquelle on peut établir des rapports de causalités. En partant sur des sémiologies : « Dama beug tékki », « Dama beug téral sama yaye », « Deuk bi dafa méti » (…) on remarque qu’à chaque fois qu’on essaie de convaincre le citoyen sénégalais de rester ici, il leur oppose un argumentaire difficilement rejetable. « L’Europe est un construit social bâti sur l’image d’un eldorado d’où rien ne manque et qu’il suffit juste de se pencher pour ramasser les fruits.
Cette construction sociale a été renforcée au fil des années par les premières vagues d’émigrants qui ont réussi avec de belle maisons, de belles voitures, de belles femmes et un luxe apparent manifeste lorsqu’ils venaient en vacance pour quelque jours et au cours desquels toutes l‘attention du quartier était tournée vers eux. Cette image, de nos jours, est difficilement incollable », a-t-il noté dans sa contribution.
S’agissant du profil de ceux ou celles qui émigrent, le Pr Aly Khoudia Diaw a estimé qu’il est important dans la mesure où elle détermine le type de besoin. « Si généralement au Sénégal ce sont des jeunes (entre 18 et 35 ans), c’est normal car c’est l’âge ou la personne (je ne dis pas le sénégalais) se découvre des possibilités, des envies, des motivations et des besoins à assouvir et sent dans sa biologie, la capacité de les affronter. (…)
Pour ce faire, un cadre conceptuel bati au tour des “état de consciences” suivants (La cupidité, l’échec des ménages, l’incidence de la polygamie, le martyr de la répétition quotidienne, etc.) sera algorithmé », a-t-il conclut premièrement.
MOMAR CISSE