Personne ne peut dire, en dehors du concerné, si Macky Sall sera candidat à la Présidentielle. Si ses partisans de l’Apr l’ont investi à plusieurs reprises, ses alliés et éventuels challengers, qui tous s’opposent à sa candidature, ne savent rien de ses intentions. Ce silence gêne tous les acteurs qui nourrissent des ambitions pour 2024.
Tout le monde se pose cette question, mais le chef de l’Etat sortant fait durer le (faux ?) suspense, figeant le landerneau politique dans une situation d’incertitude. Face aux spéculations et conjectures sur sa participation à la prochaine Présidentielle, le Président Sall reste imperméable aux pressions et ne semble pas pressé de se déterminer. Le dimanche 19 mars à Ndiaffate, commune située dans le département de Kaolack, le Premier ministre Amadou Ba avait demandé au Président Macky Sall de déclarer sa candidature pour leur permettre de lancer rapidement la campagne électorale de la majorité à la Présidentielle de 2024.
Les responsables de Bby s’étaient donné rendez-vous dans cette ville, qui rappelle le glorieux passé de Jean Collin, pour la tenue du méga-meeting régional d’investiture du Président Macky Sall. Il avait évidemment béni cette rencontre «d’investiture». Il en multiplie les initiatives, les préside parfois. Mais, il refuse de changer de ligne de conduite.
Pourtant, les premières annonces, sous forme de pressions ou savamment orchestrées, ont débuté en novembre dernier. Dans un entretien exclusif avec Le Quotidien le 11 novembre, le directeur des Structures de l’Apr, qui devait procéder le 12 au lancement de la vente des cartes de membre, déclare solennellement : «Notre candidat à la Présidentielle de 2024 est le Président Macky Sall.» Pour Mbaye Ndiaye, le moment était venu de rendre publique cette candidature qui est officielle au sein de l’Alliance pour la République (Apr). «Il n’y a pas de Plan B, de plan C ou plan X», enchaînera le ministre d’Etat à la Présidence. Après cette sortie, il y a eu des tentatives de démenti dans les rangs, mais les initiatives n’ont pas prospéré. En dépit de sa longévité politique, Mbaye Ndiaye ne sait pas faire dans la langue de bois et sa parole n’est pas sortie ex-nihilo.
Aujourd’hui, toutes les instances de l’Apr ont investi Macky Sall. Lui garde le silence… Il est même devenu gênant pour tout le monde. Pour ses partisans. Ses alliés. Et même ses éventuels challengers. Même Jamm gën troisième mandat (La paix vaut mieux que le troisième mandat) a du mal à trouver le bon angle de tir, qui redoute que le pays ne soit confronté à des mouvements sociaux organisés, déterminés, durables, qui mettraient dans la rue des foules massives pour le pousser à battre en retraite.
Peut-on encore faire flancher le Président, qui avait dit plusieurs fois qu’il en était à son dernier mandat, mettre en échec une décision prise par son camp ? Il n’y a pas si longtemps, la réponse allait de soi. Pour ses militants, il semblerait être le capitaine parfait pour diriger le bateau au milieu de la tempête. Ils font référence aux menaces qui pèsent sur les institutions, la démocratie, la montée du populisme… Une sorte de cordon sanitaire ou sécuritaire pour «préserver le Sénégal» du chaos représenté par «le camp des extrémistes».
C’est une situation inédite : en 2011, Me Abdoulaye Wade avait déjà édifié tout le monde. Même si sa candidature a été rejetée par la rue publique, son officialisation avait permis aux acteurs de tracer leur feuille de route. Certains avaient opté pour rester aux places de l’Indépendance et de l’Obélisque pour battre campagne contre la candidature annoncée du sortant. Mal leur en a pris…