Elections au Sénégal: Le parrainage, Un mal nécessaire ! 

L’arrêté fixant le nombre d’électeurs et d’élus requis pour le parrainage a été rendu public ce mercredi mettant fin à des craintes exprimées par certains candidats dont notamment Me Abdoulaye Tine. L’avocat, leader de parti et candidat s’était, la veille, offusqué, que, jusqu’à 150 jours du scrutin, l’arrêté n’ait pas encore été rendu public comme l’exige la loi pour permettre aux candidats de connaitre le nombre d’électeurs qu’ils devront rassembler. 

Aujourd’hui, c’est fait. Les candidats savent qu’ils ont, au minimum, 44.231 électeurs à rassembler dont au moins 2 mille par régions dans 7 au total. Et au maximum 58.975 autres, représentant ainsi les 0,8% du fichier électoral.  Bien sûr, pour ceux qui ont assez de députés, c’est-à-dire 13, ils pourront choisir le parrainage parlementaire. 

De la même façon, le parrainage des élus est possible soit un nombre de 120 élus.  Ces deux dernières dispositions ont été ajoutées à la suite du dialogue national dans le souci justement d’éviter que tous les partis et mouvements soient obligés d’opter pour le parrainage citoyen qui est tout de même assez fastidieux. 

Ce même dialogue a d’ailleurs apporté d’autres innovations de taille à ce parrainage. Par exemple la réduction du nombre d’électeurs requis. Il s’y ajoute le fait que les surplus des listes seront considérés comme nuls. Donc, les autres candidats pourront les engager sans être sanctionnés pour doublon. 

Une autre innovation de taille, c’est la Commission qui permettra aux candidats d’avoir des représentants au Conseil constitutionnel afin d’assister à l’examen de la validation ou non des parrainages.  Enfin, il y a un tirage au sort pour le dépôt des parrainages car ce moment était l’occasion de rudes empoignades pour être le premier.  Des réformes assez consolidantes qui renforcent la crédibilité d’un processus très décrié par certains du fait de l’opacité dont il était entouré. 

Aujourd’hui, les améliorations seront certaines mais pas sans doute suffisantes pour satisfaire le nombre pléthorique de candidats déclarés. Ce jeudi, ils étaient déjà 66 à avoir exprimé leur intention à être de la course. Et les sénégalais sont en train de prendre conscience du fait que le filtre du parrainage était sans doute un mal nécessaire. Car, la liste est loin d’être exhaustive. Et dans les prochains jours, le nombre de candidats pourrait avoisiner la centaine. 

Bien sûr, certains candidats, notamment ceux qui sont peu connus ou n’ont pas d’appareils politiques solides, pourraient avoir du souci à se faire. Mais, c’est justement cela le but du jeu.
Tout le monde ne saurait être sur la ligne de départ même si les ambitions des uns et des autres sont légitimes. 

Des candidatures fantaisistes, il y en a et il y en aura encore. Mais des surprises, il y en aura aussi. Car, voilà des élections dans lesquelles il y a peu de certitudes.  Même les candidats les plus en vue parce qu’ayant un vécu réel ou des coalitions fortes, ne sont pas sûrs de sortir au premier tour tellement l’impréparation est criarde dans tous les camps.  En conséquence, il est tout à fait légitime que les sénégalais de toutes les couches se sentent concernés. C’est une preuve de vitalité démocratique. 

Heureusement, le parrainage et la caution sont là pour fixer des limites à ces ambitions et permettre aux citoyens de procéder au bon choix. 

Assane Samb