Les grands hommes marquent l’histoire de leur pays. Et grand, Moustapha Bâ l’a été. Le décès brutal de l’ancien Ministre des Finances et du Budget, ce lundi, a ainsi plongé tous les sénégalais, notamment les politiques, dans l’émoi. Cet ancien Directeur du Budget devenu brillant Ministre des Finances, n’avait laissé personne indifférent. L’homme était pétillant dans la maîtrise des Finances publiques, son domaine. A l’Assemblée nationale surtout, il arrivait à capter l’attention des députés de tous bords par ses démonstrations sur l’état des finances, les avancées en la matière et les prouesses du régime qu’il servait.
Moustapha prédisait une bonne santé financière pour un pays qui venait juste de sortir de la pandémie et qui subissait les contrecoups de la guerre en Ukraine. Du point de vue humain, il était jovial et de commerce facile. Sympathique, il était avec tout le monde. Ce qui, sans doute, a dû pousser la Nation toute entière à observer le deuil, dans une profonde tristesse.
A cela s’ajoutent les résultats des derniers audits sur les finances publiques et les propos du Premier ministre Ousmane Sonko qui ont jeté le discrédit sur le travail fait par Moustapha Bâ et son équipe dont l’actuel Ministre du Budget, Cheikh Diba. Sonko a parlé publiquement de falsification de chiffres. Ce qui jetait le doute sur le travail de Moustapha Ba dont on attendait d’ailleurs la réaction.
Son décès ne pouvait alors que jeter davantage de désolation au niveau des populations qui vont considérer qu’il est parti sans avoir eu le temps de se défendre. On retiendra dans tous les cas le souvenir d’un grand argentier de l’Etat, infatigable et travailleur. Un homme qui n’était pas du tout politique. Il est resté technocrate et assez discret auprès des tenants du régime qu’il a servi.
Le débat en cours doit lui avoir certainement fait beaucoup de mal. Mais, que voulez-vous, la politique chez nous a ses réalités. Elle s’accommode mal d’états d’âme. Toutefois, le sénégalais a un profond respect pour la mort et les disparus. Et cette réalité fait que quand un grand serviteur de l’Etat tire sa révérence, les hommes politiques oublient leurs divergences pour lui rendre un hommage mérité dans l’union des cœurs et la ferveur. On ne peut pas tout politiser et Moustapha mérite sans doute cet hommage de la Nation.
Qu’il repose en paix.
Assane Samb