Après la sortie des jeunes qui réclament la restitution de leurs terres et l’annulation du titre foncier accordé à Babacar Ngom, les notables de Djilakh continuent à soutenir le projet du Pdg de la Sedima. Une situation qui montre la complexité de ce dossier.
Les voix sont discordantes. Le litige foncier opposant Djilakh, qui réclame la paternité des 80 ha objet d’un litige foncier avec Ndengler, divise aussi les ressortissants de ce village. Après la sortie samedi des jeunes de Djilakh qui contestaient l’appui d’une frange de la population à Babacar Ngom, les notables sont entrés dans la danse pour afficher leur ferme soutien au projet du Pdg de la Sedima. «Ces jeunes qui sont à Dakar en train de faire une conférence de presse ne sont pas mandatés par la population. Ils n’ont pas informé les gens du village. Et je pense qu’ici nous sommes assez organisés. Tout ce qui se fait ici passe d’abord par les anciens. Qu’ils sachent que ce qu’ils disent à Dakar face aux journalistes n’engagent qu’eux», précise le vieux Ousmane Ndiaye, le plus âgé de Djilakh, qui rappelle que «ces jeunes n’ont pas été mandatés» par les populations.
Après leur sortie, il s’interroge sur leurs motivations : «S‘ils étaient animés de bonne foi, pourquoi aller à Dakar ? Pourquoi ils ne sont pas restés au village ou à Mbour pour faire cette conférence de presse ? Ils savent que le village ne cautionnerait jamais un tel comportement. Qu’ils se ressaisissent», invite cet octogénaire.
En écho, Djibril Diouf, notable du village, abonde aussi dans le même sens. «Ce n’est pas le Collectif pour la défense de Djilakh qui était à Dakar, mais juste deux jeunes du village qui sont manipulés par des politiciens qui soutiennent parler au nom de Djilakh. Il faut qu’ils arrêtent. S‘ils veulent faire de la politique, ils doivent cesser d’utiliser le nom de notre village dans cette affaire de foncier qui nous oppose à Ndengler. Ces jeunes n’ont même pas 40 ans. Ils ne connaissent même pas l’histoire du village ; donc ce n’est pas ces enfants que nous allons envoyer pour défendre nos intérêts à Dakar», corrige Djibril Diouf. Il rappelle que Djilakh a donné son accord pour que ces terres soient attribuées au patron de la Sedima afin d’y implanter un projet agricole. Pourquoi ? «Ce projet est à notre avantage. C‘est Djilakh qui a donné les terres à Babacar Ngom.
Donc si l’Etat veut retourner les terres, elles doivent être retournées à Djilakh et non à Ndengler. Nous voulons que le gouvernement nous redonne nos terres et nous sommes prêts à tout. Nous cautionnons cet investissement et luttons pour le maintien de ce projet. Le village n’a plus de chômeurs. Il y a quatre communes (Sindia, Malicounda, Ndiaganiao et Sandiara) qui travaillent dans ce projet. Ces jeunes sont des politiciens et s’ils veulent avoir des voix ici, ils doivent se conformer à la volonté du village», clame Djibril Diouf. Il invite les autorités à appliquer l’ancien arrêté pour définitivement définir les limites de leur village. «Que le préfet de Mbour vienne au plus vite régler le problème. Sinon nous ne laisserons aucune parcelle de terre à Ndengler et nous les attendons de pied ferme ici. C’est grâce à ce projet que le village commence à connaître son essor.
Nous, les vieux du village, sommes derrière Babacar Ngom, car il nous a aidés à nous séparer de la pauvreté», conclut Djibril Diouf.