De nombreuses questions ne cessent de hanter l’esprit des Africains soucieux de développement. Mais ce doute permanent est permis car beaucoup des dirigeants du continent ne font pas preuves de capacités à sauver l’Afrique de cet îlot de sous-développement. Advienne que pourra, des questions phares sont aujourd’hui au menu des préoccupations. La question du FCFA et de l’immigration suscitent un tollé autour des cercles intellectuels. Les chefs d’Etats qui, par ailleurs, devraient porter ce combat contre le colonialisme qui ne dit pas son nom, préfèrent garder le silence face à une telle situation qui les interpelle. Le FCFA, considéré comme un outil de servitude, pendant de très longues années, confirme encore l’exploitation des Africains par les occidentaux.
Les esprits avertis dénoncent urbi et orbi ces nombreuses années durant lesquelles l’Afrique s’est tue et a permis aux occidentaux richissimes, grâce à ses ressources, de profiter de la naïveté de ses élites qui n’osaient nullement hausser le ton. Mais aujourd’hui, la donne a changé les Africains et ils se veulent novateurs. Des écrivains, économistes acteurs de développement, entre autres, dénoncent cette forme d’exploitation qui relève toujours du colonialisme, même si les dirigeants africains tardent à prouver leur leadership en assumant toute responsabilité. Autrement dit, s’approprier ces qualités : « citus, altus, fortus » plus vite plus haut plus fort en vue d’être en compétition avec soi-même pour améliorer sa compétence.
Des Africains ont eu à travailler pour le compte des occidentaux, tout en leur offrant leur savoir et savoir-faire. Mais le paradoxe est que ces derniers ne reçoivent que des billets de banque et n’ont jamais été presque productifs pour leur propre continent. L’environnement en Afrique noir a été florissant avec ses beaux arbres et plantes, ce décor captivant et vivant a disparu. Les occidentaux se sont accaparés de ces terres qui pourraient servir à l’Afrique de grandes industries génératrices d’emploi, des immeubles, des gratte-ciels… L’Afrique est aujourd’hui polluée à jamais et les espaces d’exploitation pour les générations futures se réduisent de plus en plus. Les animaux sont tués pour des entreprises de production en vue de développer leur commerce. En revanche, ces mêmes produits font surgir des nouvelles maladies telles que le cancer, la crise cardiaque qui tuent des millions de personnes. Et pourtant, ces producteurs privilégient leurs profits sans se soucier des pertes humains dont la principale cause leur revient. L’Afrique consomme de produits de mauvaise qualité et souvent toxiques. La raréfaction des animaux campe le décor de l’environnement. L’eau potable devient merle blanc dans ce continent où les déchets toxiques sont monnaies courantes.
Le FCFA un outil de servitude
Beaucoup d’économistes et patriotes africains portent le combat pour dénoncer, jusqu’à leur dernier souffle, la monnaie du FCFA. L’Africaine de recherche et de coopération pour le développement endogène (Arcade), a fait récemment l’objet d’une dénonciation notoire à travers les medias nationaux et internationaux par le biais de son président Demba Moussa Dembélé. Si ces gens imbus de valeurs et de patriotisme vident leur sacs partout, c’est parce qu’ils sont conscients qu’avec cette monnaie qui rassemble les pays de l’Union Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Uemoa) et la Communauté monétaire des Etats de l’Afrique Centrale (Cemac), leurs pays ne seront jamais indépendants de leurs propres ressources. Dans cette dynamique, ces dits pays versent pour les réserves de changes 50% auprès du trésor français et nourrit, à mot couvert, la France en terme de croissance tout en contribuant à leur propre sous-développement. Et pire encore, qu’une monnaie fabriquée dans un petit coin de l’hexagone soit celle de l’Afrique de l’Ouest composée de 16 pays, et de l’Afrique centrale de 8 pays, dont plus 100 millions d’habitants. Le paradoxe est incontournable dans cette gestion du FCFA. C’est encore du pur colonialisme qui ne dit pas son nom.
Les dirigeants africains doivent en être conscients et prendre le destin du continent en main. Une poignée de chef d’Etats ont eu à protester contre cette monnaie qui continue de mener le continent au bord du gouffre. En 2015, Idriss Deby Itno a eu à hausser le ton contre l’utilité du FCFA, par contre, son cri de cœur n’a pas pu convaincre ses homologues pour faire commune mesure contre cette monnaie en faveur de celle unique pour l’Uemoa et la Cemac. Pis, les membres de la zone du FCFA se sont coincés dans une procédure d’exclusion tout en étant incapables de pouvoir échanger la monnaie entre eux. En terme clair, la France peut procéder à des transferts de capitaux avec la zone du FCFA et l’interchangeabilité ente les pays de l’Uemoa et la Cemac demeure impossible. M
ais le combat ne fait pas le consensus autour des chefs d’Etats africains concernés. Beaucoup d’entre eux se cachent derrière les grandes instances telles que le Fonds Mondial international (FMI) par peur d’affronter une rupture d’aide ou de financement. Ce qui explique qu’une bonne partie de nos chefs d’Etats sont non seulement incapables, mais aussi ne sont point à la hauteur de ce pourquoi ils ont été élus par leurs peuples. Malgré toutes les manifestations contre le FCFA, à part le président tchadien Idriss Debi Itno, aucun des dirigeants des pays membres de la zone du FCFA n’a encore vivement affiché sa position pour une monnaie unique. Les manifs se multiplient, du pianissimo au fortissimo, mais le doute est permis d’autant plus que le niet des chefs d’Etats se confirme par leur silence face à cette question épineuse qui interpelle sans doute leur engagement et leur volonté politique. Comment l’Afrique serait elle indépendante si elle ne peut pas gérer sa propre monnaie ?
Immigration
La question de l’immigration n’épargne guère les problèmes phares du continent africain. Même si les occidentaux crient partout ce phénomène, ils doivent admettre en toute honnêteté que l’immigration participe à leur développent à travers les mains d’œuvres et expériences professionnelles des intellectuels africains. En d’autres termes, des immigrants vivant dans les pays étrangers payent des impôts et les enrichissent davantage. Dans cette optique, l’écrivaine Fatou Diome, lors d’une interview à une chaine télévisée européenne, a qualifié ces mains d’œuvres au profit des occidentaux, de citoyens productifs. La dame maitresse de sa plume dénonce que ces même occidentaux qui bloquent des foules d’immigrés, vont dans des pays du Tiers-monde et se considèrent comme maitres chez eux, avec tous les avantages à leur profit. Pourtant, ils ne font que tympaniser à travers les medias, le déplacement massif de jeunes Africains en quête de travail tout, en étouffant les énormes avantages que l’immigration génère. Nous allons faire nôtre, ce cri du cœur de cette grande dame. Fatou Diome peste : « les Occidentaux veulent que les Africains restent dominés pour servir de débouchée à l’industrie européenne. Il faut arrêter l’hypocrisie, on sera riche ensemble ou se noyer tous ensemble ». A noter que pendant de nombreux siècles, des Africains ont subi toutes sortes d’atrocités et de soumission sans réserve.
Preuve de leadership
L’espoir peut être permis car de nouvelles découvertes se font de jour en jour, des génies se manifestent au travers de leurs productions et œuvres. L’Afrique peut pousser un ouf de soulagement, étant donné que des ressources comme le pétrole, le gaz ou l’or font leur apparition. Pour assumer la gestion de ces opportunités qui peuvent être, sans doute, les racines d’un continent riche d’ici quelques années, les dirigeants doivent faire preuve de leadership et de charisme pour enfin être respectés par les étrangers. Mieux encore, cette qualité managériale doit être, en effet, héritée des vaillants chefs d’Etats qui ont su faire bonne figure, appréciés à leur juste valeur.
Nelson Mandela en est une parfaite illustration. Ce continent noir nourrit en grande partie les occidentaux et ceux-ci trouvent toujours des stratégies pour maintenir le cap sur le continent. Cependant, il revient aux chefs d’Etats africains de saisir ces stratèges, orfèvres en la matière, pour au moins confirmer leurs capacités à gérer leurs propres ressources. Nul ne peut ignorer que L’Afrique est aujourd’hui le continent d’avenir et devient incontournable dans la sphère diplomatique mondiale. Ce qui fait que de grandes puissances comme la France, les USA, la chine, pour ne citer que ceux-là, courtisent l’Afrique pour des signatures de partenariat. Le constat est de même dans les grandes instances internationales où la tendance s’est renversée, des leadeurs africains sont favorisés et menés au-devant de la scène. Néanmoins, c’est à l’Afrique de ne pas dormir sur ses lauriers.
Ce favoritisme ou cette grande courtoisie est loin d’être gratuite. Les occidentaux ont pris ce continent noir comme une matière malléable qu’ils ont pétrie en se servant à leur guise. Cela revient à dire que les grenouilles ne sautillent pas dans l’eau chaude. Si aujourd’hui ils s’orientent presque tous vers l’Afrique, c’est parce qu’il y a de la matière première pour le développement de leurs industries et exportations. Le Sénégal en est un exemple illustratif patent, avec la découverte de l’or noir dans les coins les plus reculés du pays. Ce pétrole générateur de richesse est l’espoir de tout Sénégalais afin de sortir le pays de cet immense ilot de pauvreté. Il faut évidemment rappeler que le Premier ministre français avait effectué une visite historique et au cours de laquelle il n’a pas daigné exprimer l’intérêt de la France à cette nouvelle découverte de pétrole à 1427 mètres de profondeur sur le site Sangomar Deep (Sangomar profond), Sangomar et Rufisque, avec un bassin de classe mondiale estimé à plus d’un milliard barils. Sous ce registre, nul ne peut douter que ce pays de l’hexagone se nourrit des ressources africaines.
Safiyatou Diouf