La Rencontre africaine de droits de l’homme (Raddho) n’est pas sur la même longueur d’onde avec l’Etat. Interpellé sur la question, le secrétaire exécutif a mis en garde le pouvoir. Pour Seydi Gassama, la mainmise de l’Etat n’a pas sa raison d’être. « Il ne faut pas déterrer certains dossiers dans ce contexte préélectoral », selon Sadikh Niass.
Réagissant sur cette affaire Dias, notre interlocuteur n’a pas caché son amertume. « On a noté une montée du discours qui tend vers un appel à la violence et des actes qui ne militent pas en faveur d’une élection apaisée. On demande aux acteurs de se ressaisir », dit-il. Pour le secrétaire exécutif de la Raddho, il faut que la classe politique change de discours. « Il ne serait pas opportun de secouer des dossiers judiciaires qui pourraient avoir des élans politiques.
Donc mieux vaut jouer balle à terre et organiser des élections libres et transparentes, inclusives », lance Sadikh Niass. D’autre part, Seydi Gassama a estimé qu’avec cette affaire, il semble exister une justice à double vitesse. « Je pense que depuis longtemps, il y a une rupture de confiance entre les Sénégalais et la justice. Sur beaucoup de dossiers à caractère politique, on a senti la mainmise de l’Etat », dira-t-il, détectant des procès déroulés à une vitesse supersonique et d’autres qui ont tiré en longueur, dans le seul but de les maintenir comme une épée de Damoclès sur la tête des leaders politiques.
« Cette rupture de confiance évidemment entraîne la défiance et la défiance est lourde de conséquences pour la stabilité du pays », ajoute Seydi Gassama. Qui, par ailleurs, soutient que l’instabilité est loin d’être bonne dans un pays. « En mars, les 12 morts sont la résultante d’une mainmise sur les affaires judiciaires. Il faut se ressaisir », plaide-t-il.
MOMAR CISSE