Au Malawi, les effets conjugués des cyclones et des épisodes de sécheresse, amplifiés par le dérèglement climatique, ont plongé le pays dans l’insécurité alimentaire. Si des tentatives d’adaptation commencent à émerger dans ce pays dépendant de son agriculture, elles peinent à se généraliser.
En mars 2023, le Malawi a été frappé par Freddy, le cyclone le plus long jamais enregistré. Six mois de pluies se sont abattues en seulement six jours, provoquant inondations et coulées de boue. Quelque 1 200 personnes sont mortes et 700 000 ont été déplacées. Deux millions d’agriculteurs ont perdu leurs récoltes et vu leurs champs ravagés. Près de 1,4 million de têtes de bétail ont péri, les champs autour de Kamuga ont été noyés. Et l’eau est toujours là.
En novembre 2023, quelques mois à peine après le passage de Freddy, El Niño est arrivé. Le phénomène climatique a plongé le pays, où plus de 16 millions de personnes dépendent de l’agriculture pluviale, dans une sécheresse historique. Plus de 4,4 millions de personnes étaient alors déjà confrontées à une crise alimentaire.
Selon l’indice mondial des risques climatiques, le Malawi fait partie des cinq pays les plus touchés par les phénomènes météorologiques extrêmes. Les précipitations sont devenues de plus en plus irrégulières et les périodes de sécheresse ont alterné avec cinq cyclones depuis 2019.
Détourner l’eau des cours d’eau
À quelques kilomètres en contrebas de Kamuga, la multiplication des catastrophes climatiques a fini par pousser le village de Nsomo à passer à l’action. « Nous avons vécu de graves inondations en 2016, qui ont détruit de nombreuses maisons et nos champs », raconte Alfred Mbalame, membre du comité local pour la gestion des désastres. « Nous avons dû déplacer le village un peu plus loin et nous reconstruire. »
Dans les années suivantes, ces épisodes se sont multipliés. « Nous avons alors eu l’idée de replanter des arbres près du lit de la rivière pour nous protéger », poursuit le villageois. Jadis, ces arbres étaient présents, mais ils ont été progressivement coupés pour être vendus.
Les Malawites sont de plus en plus nombreux à se tourner vers la vente de bois et de charbon pour se dégager une source de revenus. Mais, cette activité illégale est responsable d’une déforestation massive qui vient renforcer la vulnérabilité du territoire aux événements climatiques extrêmes.
Privée de ses arbres, la terre perd sa capacité à absorber l’eau et le sol s’érode progressivement, rendant de vastes zones plus vulnérables aux inondations et aux coulées de boue. En 1992, le Malawi avait déjà perdu plus de la moitié de ses forêts. Il en perd aujourd’hui 0,63 % de plus par an, selon les chiffres du gouvernement.