Le Senegal va vers une baisse ou une revue des salaires les mois à venir. Une information confirmée par le ministre secrétaire général du gouvernement. Ahmadou Al Aminou Lo a annoncé plusieurs réformes à cause des défis budgétaires du pays tout en assurant que la situation économique pouvait être redressée dans un délai de 24 mois, à condition que tous les acteurs adoptent une posture de rigueur et de discipline financière.
Invité de l’émission Point de vue sur la RTS, ce dimanche, Ahmadou Al Aminou Lo, ministre secrétaire général du gouvernement a répondu à plusieurs questions qui font la Une de l’actualité ces derniers temps, comme la situation sociale et économique du pays, le rapport de la Cour des comptes entre autres.
En évoquant les défis budgétaires du pays, Ahmadou A Lo a assuré que la situation économique pouvait être redressée dans un délai de 24 mois, à condition que tous les acteurs adoptent une posture de rigueur et de discipline financière. Il a, à cet, effet indiqué que dans le cadre de la Vision Sénégal 2050, notamment du premier plan quinquennal, « des réformes vont être mises en œuvre pour que le train de vie de l’État soit drastiquement, disons, ramené à ses bonnes proportions ». Pour y arriver selon le ministre, l’Etat a mis en place deux leviers. Le premier levier, souligne -t-il, « ce sont les dépenses ». Prenant le cas des agences, M. Lo a signalé qu’ « il y en a à la pléthore. Il va y avoir des suppressions d’agences.
Pour ce qui est des subventions. « Ces subventions, il faut qu’on se dise la vérité. Il faut qu’on s’assoie autour d’une table et en parler. La subvention à l’électricité, la subvention au carburant. Tout le monde en profite. Il va falloir faire de sorte que cette subvention bénéficie exclusivement à ceux à qui ça doit bénéficier, aux populations vulnérables. Mais les autres, il faut que nous retournions à la vérité des prix. Sinon, ça n’ira pas.
Les salaires vont diminuer quelque part. C’est simplement dire qu’il faut que ceux qui ont des salaires élevés fassent un effort temporaire ou définitif, les autorités le feront. Mais ce qui est clair, c’est qu’on ne va pas toucher aux petits salaires », a lancé le ministre. Ahmadou Lo a par ailleurs soutenu que les syndicalistes doivent plutôt revenir à de meilleurs sentiments et revoir leurs revendications, pour éviter de créer une crise sociale. « Il faut également que les revendications syndicales reviennent à des proportions qu’on peut comprendre dans une telle situation. Se mettre à vouloir demander au gouvernement de faire respecter des engagements donnés de façon populiste par un régime qui avait des visées électoralistes et mettre le gouvernement devant la pression, ça ne va pas marcher. Ça va amener une crise sociale. Ça, c’est du côté de la dépense, du côté des recettes. Et c’est là où nous pensons que nous pouvons faire beaucoup de choses ».
Revenant sur le paiement des impôts qui rentre dans le cadre de la mobilisation des recettes le secrétaire général du gouvernement a annoncé des reformes en ce sens pour amener les Sénégalais à payer. « L’impôt foncier, l’impôt sur le revenu, l’élargissement de la base des impôts. Il faut qu’on s’assoie. Le Sénégalais ne paie pas l’impôt. Vous prenez l’impôt foncier, vous et moi, on croit que quand on habite notre maison, nous n’avons pas le droit de payer l’impôt, parce que c’est notre maison. Alors qu’il faut payer. C’était le 31 janvier qu’il fallait faire les déclarations. Combien de Sénégalais l’ont fait ? Donc nous allons engager des réformes sur le code fiscal, sur le code des impôts, sur le code des droits. Ensuite, il va falloir faire de sorte que les recettes de l’État, telles qu’elles sont générées, rentrent dans l’État. Donc lutter contre la corruption. Moderniser, digitaliser tout ce qui est procédure de perception des impôts. Ce sont des réformes. Nous nous y engageons. On n’a pas le choix. On commence cette année », a-t-il déclaré.
Toutes ces reformes, annoncées à en croire le ministre Ahmadou Lo, ont pour but de réduire le déficit budgétaire et ramener la dette du pays à une proportion raisonnable. Et pour ce faire le gouvernement compte mettre en place une loi rectificative. « On essaie d’ici deux, trois ans maximums que ces réformes produisent leur plein effet pour que l’endettement du Sénégal revienne à des proportions raisonnables. Sur le déficit budgétaire, il n’y aura pas de soucis. Dès 2025, on va ramener le déficit budgétaire aux alentours, disons, de 5 %. C’est simple, ce qu’on ne peut pas financer, on ne va pas le mettre dans le déficit budgétaire… », a signalé M. Lo.
« Sur le déficit budgétaire, on a aucun souci. Très rapidement, nous allons revenir dans les règles. Et c’est souvent ça qui est l’élément le plus grave, c’est-à-dire continuer à foncer sur vos déficits budgétaires. Il faut le dire, aujourd’hui, en 2023, ils étaient à 12,30. C’est ça qui est grave. Vous creusez vos déficits budgétaires, vous créez de l’endettement, vous créez cet endettement et vous cachez cet endettement », a-t-il ajouté.