Au moins 45 personnes ont été tuées depuis mardi dans de nouveaux affrontements tribaux au Darfour, région de l’ouest du Soudan régulièrement endeuillée par des violences, ont indiqué jeudi les autorités de sécurité locales.
Les combats ont débuté mardi entre la tribu africaine des Fallata et une tribu arabe dans des villages près de Nyala, la capitale du Darfour-Sud, ont rapporté des témoins à l’AFP. « Les combats entre les tribus Fallata et Rizeigat ont fait 15 morts mardi et 30 mercredi », a indiqué un communiqué du Comité de sécurité du Darfour-Sud, un organe gouvernemental local, précisant que des femmes et des enfants faisaient partie des victimes.
Plus tôt, des chefs des deux tribus ont affirmé séparément à l’AFP que les combats s’étaient poursuivis jeudi. Le responsable de la tribu Fallata avait évoqué une trentaine de morts jusque-là. Une source médicale a par ailleurs fait état d’une vingtaine de blessés, certains dans un état critique, ayant été transportés dans des hôpitaux à proximité.
D’après un habitant du Darfour-Sud, Mohamed al-Fatteh, les affrontements ont éclaté après qu’un chef arabe a été tué. Plus tôt en mars, des affrontements entre éleveurs et agriculteurs dans la région montagneuse du Jebel Moun, au Darfour-Ouest frontalier du Tchad, ont fait une quarantaine de morts en une semaine. Des heurts entre éleveurs arabes et agriculteurs africains pour des disputes territoriales ou l’accès à l’eau avaient déjà causé la mort de près de 250 personnes d’octobre à décembre au Darfour, selon un syndicat de médecins prodémocratie.
La région a été ravagée par une guerre civile déclenchée en 2003 entre le régime à majorité arabe et les insurgés issus de minorités ethniques dénonçant des discriminations. Dans ce conflit, environ 300.000 personnes sont mortes et près de 2,5 millions ont été déplacées durant les premières années de violences, d’après l’ONU.
Le Soudan, sorti en 2019 de trente années de dictature militaro-islamiste, a été le théâtre en octobre d’un coup d’Etat qui a interrompu un processus visant à établir un pouvoir civil, accentuant la crise économique. Au Darfour, le vide sécuritaire créé par le putsch du général Abdel Fattah al-Burhane a favorisé une résurgence de la violence, expliquent les experts, avec des pillages de bases de l’ONU, des combats tribaux, des attaques armées et des viols.