Cette monnaie cristallise les tensions entre héritage colonial, avantages économiques et désir de souveraineté. La commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale a récemment ausculté ce serpent de mer monétaire aux réalités complexes.
La commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale a réuni, le 29 mai dernier, des experts et débattu sans concession du dossier très épineux de la souveraineté monétaire en Afrique et du devenir du franc CFA. Si les interventions ont permis de bien cerner les enjeux, forces et faiblesses de ce système hérité de la colonisation, elles ont aussi et surtout mis en lumière sa grande complexité et l’absence de solution miracle.
D’un côté, le franc CFA apporte une stabilité monétaire et des prix appréciés, facilite l’intégration régionale et mutualise les réserves de change. Mais de l’autre, il prive les États de leur pleine souveraineté, son arrimage à l’euro apparaît de plus en plus inadapté, et son symbole colonial reste une pièce ouverte.
La nouvelle marginalisation du rôle de la France n’a pas suffi à éteindre les critiques, bien ancrées dans un rejet plus large de la tutelle européenne persistante. L’alternative d’une monnaie régionale autonome comme l’Eco se heurte à d’immenses défis techniques et politiques. « On ne peut que constater l’extrême difficulté de ce dossier monétaire, miné par les spectres de la domination économique et de la souveraineté bafouée, sans parler des complications économiques objectives », résume un intervenant.
Faut-il tout remettre à plat ? Conserver les avantages acquis en réformant en profondeur ? La table ronde a surtout fait émerger la nécessité d’arbitrages douloureux, sans issue claire pour l’instant. Une chose est sûre : le statu quo actuel, aussi complexe soit-il, ne pourra pas durer éternellement.