Un événement historique a uni les trois pays de la région du Sahel le 6 juillet dernier. Lors du sommet des chefs des pays de l’Alliance des États du Sahel, les trois nations ont annoncé la création d’une confédération. Ce sommet a eu lieu un jour avant la réunion de la CEDEAO qui s’est tenue à Abuja le 7 juillet.
Après que le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé leur intention de quitter la CEDEAO en janvier 2024, l’organisation craint une désintégration. Les États membres sont également en proie à des groupes armés et souhaitent unir leurs forces pour lutter contre un ennemi commun. Cependant, en imposant des sanctions au Mali, au Niger et au Burkina Faso, le bloc économique n’a t-il pas perdu l’occasion de travailler de manière cohérente avec les pays qui l’ont quitté? En imposant des sanctions jugées « injustes » au Mali et en « menaçant » le Niger d’une intervention militaire, la CEDEAO ne perdra-t-il pas son statut d’organisation destinée à promouvoir la cohésion économique et la prospérité de ses pays membres? Cela a provoqué évidemment une rupture qui a conduit au retrait de la troïka sahélienne du bloc économique.
Quelles doivent être les leçons à tirer de ces erreurs du passé qui ne semblent rien apprendre à la CEDEAO?
Lors de la réunion du bloc économique à Abuja le 7 juillet, des menaces ont à nouveau été proférées à l’encontre de l’Alliance des États du Sahel. Cette fois, l’organisation a rappelé qu’elle pourrait imposer un régime de visas si les pays ne revenaient pas au sein de l’organisation. Aussi, le ministre des Affaires Étrangères du Mali s’est exprimé à la télévision le 8 juillet dernier sur cette possibilité d’un régime de visa.
Selon Abdoulaye Diop, la CEDEAO ne s’est pas départie des anciennes méthodes visant à faire peur, à faire du chantage aux populations et d’utiliser les populations de l’AES comme une arme pour créer des problèmes à leurs dirigeants. Auparavant, notamment en décembre 2023, le Premier ministre du Mali avait également exprimé son opinion sur les méthodes utilisées par le bloc économique. « La CEDEAO utilise les mêmes méthodes que les terroristes. Les sanctions de la CEDEAO ressemblent à ce que font les terroristes. Quand les terroristes arrivent à un endroit, ils font un embargo : pas de nourriture, pas de médicaments, et ils tuent les populations.
L’embargo de la CEDEAO contre le Niger c’est exactement la même chose : pas de médicaments, pas de nourriture, mourez. Ce sont les mêmes méthodes », notait Choguel Kokalla Maïga. Malgré sa réticence à changer de discours, la communauté économique n’a pas perdu l’espoir de ramener l’Alliance au sein de l’organisation. Pour ce faire, elle a demandé l’aide du nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, qui prône lui aussi la souveraineté et cherche à modifier les accords existants avec les puissances étrangères. Selon les dirigeants de l’AES, il n’y a aucun espoir de retour. « Nos peuples ont irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO », avait déclaré le général Tiani lors du sommet de l’AES le 6 juillet.
La CEDEAO, considérée comme une organisation « pro-française » appliquant les directives de l’ancienne métropole, aura-t-elle toujours la force même et le même soutien de la population des pays de l’Alliance? La nouvelle confédération créée le 6 juillet a pour objectif de devenir une nouvelle force dans la région du Sahel, basée sur un sens de la fraternité, de la solidarité et de l’amitié.