Les résultats intermédiaires du CoronaVac, le vaccin inactivé contre le coronavirus élaboré par la Chine, viennent de paraître dans The Lancet. Est-il de taille contre la Covid-19 ? Partout dans le monde, l’épidémie de Covid-19 connaît un nouveau souffle, alimenté par le variant Delta. Le département des Landes où ce variant est omniprésent reste sous surveillance, Sidney est vidée de ses habitants et le Japon discute de la déclaration d’un état d’urgence sanitaire à Tokyo, à l’aube des Jeux Olympiques.
Pour lutter contre la propagation du virus, nous testons, identifions et isolons les personnes infectées. Pour contrecarrer la maladie, il y a la vaccination. En France, quatre formules sont administrées : celle de Pfizer, Moderna, AstraZeneca et Johnson & Johnson. D’autres sont encore en phase de test, dont celui de Sinovac, le CoronaVac. Les résultats intermédiaires de l’essai clinique de phase 3, mené en Turquie, viennent d’être publiés dans The Lancet.
Lors des phases cliniques précédentes, deux dosages différents ont été envisagés : 3 ou 6 µg de SARS-CoV-2 inactivé au ß-propiolactone. C’est le premier qui a été retenu, administré ici à 10.029 volontaires suivis dans 24 centres en Turquie. Ils ont été affectés au hasard dans le groupe vaccinal ou le groupe placebo. Le CoronaVac peut fonctionner avec une dose unique, mais c’est un protocole avec deux doses, espacées de 14 jours, qui a été testé dans cette phase 3.
L’objectif ? Estimer l’efficacité du vaccin contre les formes symptomatiques et les hospitalisations. Parmi les volontaires du groupe vaccinal, neuf cas de Covid-19 et aucune hospitalisation observée contre trente-deux cas de Covid-19 et six hospitalisations dans le groupe placebo. Le CoronaVac est donc efficace à 83,5 % (IC de 95 % : 64,5-92,1 %) pour prévenir les formes symptomatiques de la maladie, et à 100 % pour prévenir les hospitalisations. Le vaccin a été bien toléré, avec la fatigue et des douleurs au site d’injection comme effets secondaires les plus fréquents.
Les résultats du CoronaVac correspondent aux attentes de l’OMS en matière d’efficacité vaccinale. L’Organisation a d’ores et déjà donné son feu vert pour l’utilisation du CoronaVac, notamment dans le programme Covax. Cet essai clinique n’est pas encore terminé et il reste des questions en suspens.
Les volontaires sont plutôt jeunes, et avec peu de comorbidité, il manque donc des données sur l’efficacité du vaccin chez les plus âgés ou les plus fragiles. De plus, aucun séquençage n’a été réalisé pour savoir quel variant était à l’origine des cas de Covid-19 qui se sont déclarés. Entre septembre 2020 et janvier 2021, le variant Alpha représentait jusqu’à 60 % des cas en Turquie. Mais aucune efficacité ne peut être déduite pour les autres variants.
Le CoronaVac fait l’objet d’un essai clinique au Brésil, où les variants Zeta et Gamma sont prédominants. Son efficacité a été estimée à 50,7 % et 36,8 %, respectivement. Avec ces données, CoronaVac confirme son potentiel pour lutter contre la Covid-19, mais d’autres sont encore nécessaires pour s’assurer de ses performances. À ce jour, il n’a fait l’objet d’aucune demande d’autorisation à l’Agence européenne du médicament.
La Chine travaille aussi d’arrache-pied à la confection d’un vaccin contre le coronavirus depuis ce printemps. Le vaccin CoronaVac est un vaccin inactivé, c’est-à-dire que le SARS-CoV-2 a été multiplié sur une culture cellulaire, avant qu’un traitement chimique lui retire sans pouvoir infectieux sans dénaturer sa structure. Ici, les virions ont été inactivés par du β-propiolactone.
Dans la première étude, neuf macaques adultes ont été infectés par un virus Sars-CoV-2. Après s’en être remis, ils ont été soumis à une seconde infection 35 jours plus tard. Tous n’ont alors montré que « peu ou pas de symptômes ».