L’audit des finances sénégalaises a eu l’effet d’une bombe, laissant l’institution internationale avec l’impression d’avoir été « jetée en pâture ». Le prêt de 1,8 milliard de dollars, autrefois célébré comme une victoire par Macky Sall, est au point mort.
Le Fonds Monétaire International (FMI) semble adopter une posture de prudence vis-à-vis du Sénégal, selon des informations. Malgré un prêt d’1,8 milliard de dollars validé en juin 2023, les nouvelles autorités sénégalaises se trouvent dans une impasse financière, n’ayant aucun décaissement depuis l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye. « Il n’y a traditionnellement pas de revues pendant les périodes électorales. Le FMI veut éviter d’être instrumentalisé à des fins politiques », confie une source. Cette période d’attente exceptionnellement longue s’explique par les remous politiques qui ont secoué le pays, notamment le rapport de l’élection initialement prévue fin février.
Le nœud du problème semble résider dans un audit des finances publiques lancé par les nouvelles autorités. Cet audit, qui a empêché la fourniture des documents nécessaires au FMI pour valider la deuxième revue de son programme, a conduit à l’annulation de deux conseils d’administration consécutifs. « C’est rare d’annuler deux conseils d’administration de suite », souligne la source de Jeune Afrique. « Cela concerne généralement les pays défaillants. »
La situation s’est encore compliquée lorsque le 26 septembre, à Dakar, Ousmane Sonko et Abdourahmane Sarr ont dévoilé les résultats de l’audit, révélant des chiffres alarmants. « Nous avons eu le sentiment d’être jetés en pâture », confie un employé de l’institution à JA. « Si l’audit dit vrai, le FMI va être pointé du doigt. Mais nous ne certifions pas les comptes publics, ce n’est pas notre rôle. » Face à cette situation, Julie Kozack, directrice de la communication du FMI, a déclaré le 5 octobre : « Nous travaillerons étroitement avec les autorités dans les prochaines semaines pour évaluer l’impact macroéconomique et définir les prochaines étapes. » Cependant, avec les élections législatives anticipées prévues pour le 17 novembre, le Sénégal risque de faire face à des problèmes de liquidités, aucune revue ne pouvant avoir lieu en période électorale.
L’incertitude plane désormais sur l’avenir du prêt de juin 2023, certaines évoquant même la possibilité que les revues n’arrivent jamais à leur terme. Dans ce scénario, les nouvelles autorités devraient relancer un nouveau programme.