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Déclaration de Politique Générale: La réécriture du PSE dictée par le pétrole et le gaz
Déclaration de Politique Générale: La réécriture du PSE dictée par le pétrole et le gaz

Convocation d’Ousmane Sonko: « Un individu ne peut pas bloquer Dakar » dixit Macky Sall

 A un an de la présidentielle, le chef de l’Etat n’exclut pas de se présenter à un troisième mandat tandis que son opposant Ousmane Sonko poursuivi pour viols et diffamation mobilise ses partisans dans la rue depuis deux ans. En 2021, des émeutes se sont soldées par la mort de 14 personnes. La semaine dernière, de nouveaux heurts ont éclaté à Dakar en marge des marches organisées par les supporters de Sonko contre la procédure judiciaire qui vise leur champion. Aux manettes d’un pays de 17 millions d’habitants, Macky Sall vient également de terminer son mandat d’un an à la présidence de l’Union africaine, marqué par la crise alimentaire liée à la guerre en Ukraine.

Nous avançons sur la question de la représentation de l’Afrique dans les instances internationales. Notre continent, dont le PIB global équivaut à celui de la huitième économie mondiale, doit intégrer le G20, qui réunit les vingt premières puissances de la planète. J’ai plaidé en ce sens devant les dirigeants du G7, en juin dernier. La France a été la première à répondre favorablement. La Chine, la Russie et l’Arabie saoudite m’ont également réservé un accueil favorable.

En décembre 2022, le président américain Joe Biden a, à son tour, soutenu notre candidature. Et, dans la foulée, le Japon, la Turquie, le Royaume-Uni et l’Italie. Il ne reste qu’une poignée de pays à convaincre. C’est un pas important vers une autre réforme majeure, celle du Conseil de sécurité des Nations unies, où nous visons l’obtention de deux sièges permanents.

La société militaire privée russe Wagner, liée au Kremlin, étend son emprise en Afrique. Êtes-vous inquiet ?

Il faut examiner le contexte régional africain. Le terrorisme constitue une menace existentielle qui gagne l’ensemble du continent. Quand le Sénégal siégeait au Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre non-permanent en 2016-2017, nous n’avons eu de cesse de réclamer des mandats plus robustes [afin de combler les lacunes des opérations de maintien de la paix, NDLR], un financement et des équipements pour soutenir le combat contre le terrorisme en Afrique. Il en va de la responsabilité du Conseil de sécurité en matière de sécurité collective, inscrite au chapitre 7 de la Charte des Nations Unies.

En outre, toute menace sur l’Afrique, et le terrorisme en est assurément une, est une menace globale qui exige une réponse globale. Or, les opérations de maintien de la paix telles qu’elles fonctionnent actuellement sont inefficaces. C’est une doctrine dépassée et inadaptée à la lutte contre le terrorisme. J’ai réitéré ce plaidoyer lors de mon mandat à la tête de l’Union africaine ; hélas en vain.

En matière de lutte contre le terrorisme en Afrique, le système de sécurité collective ne fonctionne donc pas, et dans ce cas, pour les États menacés, c’est un peu le « sauve qui peut ». Chacun essaye de se défendre en fonction de ses moyens et de ce qu’il pense être la voie de son salut. C’est ce qui arrive progressivement dans certains pays africains. Quant à la pertinence et la légitimité de recourir à tel ou tel partenaire, ce n’est pas à moi de juger. Deux principes me l’empêchent : la souveraineté des États et la non-ingérence dans leurs affaires intérieures.

Le Sénégal est-il menacé par la progression du djihadisme ?

Absolument. Non seulement, notre voisinage immédiat est dangereux, mais nous savons qu’il existe des cellules dormantes sur notre propre territoire. N’oubliez pas que nous sommes membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui prévoit la libre circulation des personnes et des biens. Un individu peut donc se déplacer sans passeport dans 15 pays de la région. C’est un facteur de vulnérabilité. Mais nous ne restons pas les bras croisés. Nous musclons notre réponse militaire à la frontière du Mali et participons au désenclavement de cette zone frontalière qui manque de tout. Et cela, au moyen de programmes de développement communautaires qui apportent des services sociaux, de l’eau, de l’électricité, améliorent la voirie et renforcent l’employabilité des jeunes.

Au Sénégal, l’opposition est fortement mobilisée en soutien de son leader Ousmane Sonko, poursuivi dans une affaire de viols présumés et une autre de diffamation. Son camp accuse le pouvoir de vouloir l’écarter de la course à la présidentielle de février 2024. Votre commentaire ?

Dans un État de droit, un leader politique ne peut chercher à se soustraire à la loi en instrumentalisant la rue. Ce qui se passe n’est acceptable dans aucune démocratie. Un individu ne peut pas bloquer la capitale, Dakar, au seul prétexte qu’il est convoqué au tribunal. Si le Sénégal n’était pas une authentique démocratie, croyez- moi, son sort aurait été réglé depuis longtemps…

Craignez-vous des émeutes comme celles de mars 2021, qui avaient fait 14 morts ?

J’ignore ce qui peut se passer. Je ne suis pas devin. Mais une chose est sûre : ceux qui s’imaginent pouvoir intimider le pouvoir et bloquer la justice se bercent d’illusions. Chacun devra assumer ses responsabilités.

Serez-vous candidat à votre succession en février 2024 ?

Cette question m’a été posée des dizaines de fois. Dans mon camp, les gens se sont déjà positionnés pour m’investir comme candidat. Je n‘ai pas encore apporté ma réponse. J’ai un agenda, un travail à faire. Le moment venu, je ferai savoir ma position, d’abord à mes partisans, ensuite à la population sénégalaise. La perspective d’un troisième mandat inquiète une partie de la société civile et certains de vos partenaires occidentaux…

Sur le plan juridique, le débat est tranché depuis longtemps. J’ai été élu en 2012 pour un mandat de sept ans. En 2016, j’ai proposé le passage au quinquennat et suggéré d’appliquer cette réduction à mon mandat en cours. Avant de soumettre ce choix au référendum, nous avons consulté le Conseil constitutionnel. Ce dernier a estimé que mon premier mandat était intangible et donc qu’il était hors de portée de la réforme. La question juridique est donc réglée. Maintenant, dois-je me porter candidat pour un troisième mandat ou non ? C’est un débat politique, je l’admets.

Dans votre autobiographie publiée avant la présidentielle de 2019, Le Sénégal au cœur, vous affirmiez briguer votre « deuxième et dernier mandat ». Direz-vous comme votre prédécesseur Abdoulaye Wade, en 2012 : « Ma waxoon waxeet » (Je l’ai dit, je me dédis) ?

Je ne me dédis pas. J’ai donné une opinion qui correspondait à ma conviction du moment. Celle-ci peut évoluer et les circonstances peuvent m’amener à changer de position. Nous sommes en politique. Mais pour l’instant, je n’ai pas déclaré ma candidature. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit.

Je ne vais pas faire état de mes conversations avec le président français devant la presse. Nous avons des discussions sur différents sujets, y compris celui-là. Il est libre d’avoir son opinion, d’exprimer des désirs, de faire part de sa volonté et, même, de prodiguer des conseils. Moi aussi, j’ai un point de vue personnel sur la politique qu’il mène.

Au classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse, établi en 2022, le Sénégal perd 24 places. Quelle est votre explication ?

Ceux qui parlent d’un recul de la liberté de la presse au Sénégal ne font qu’écouter notre opposition, pour laquelle nous sommes la pire démocratie qui soit. Mais regardez le paysage médiatique du Sénégal : nous avons au moins une trentaine de quotidiens, aussi libres les uns que les autres. Il n’y a absolument aucune limitation sur la liberté de la presse. Cependant, il ne faut pas tout confondre : le journaliste arrêté récemment [Pape Ndiaye, chroniqueur à la télévision Wal Fadjri, NDLR] ne l’a pas été pour délit de presse, mais pour « diffusion de fausses nouvelles » [il avait mis en cause l’indépendance de la justice dans l’affaire Sonko, NDLR]. La justice sénégalaise est reconnue pour son impartialité.

L’hostilité à l’égard de la politique française en Afrique est à son apogée. Comment l’expliquez-vous ?


Plusieurs facteurs expliquent ce « France bashing ». Les réseaux sociaux ont facilité la diffusion de messages négatifs, sur fond, parfois, de manipulations. La France doit donc mener un vrai travail d’information – et même de propagande – afin de contrecarrer ces clichés. Cela permettrait de faire connaître le vrai visage de sa coopération avec l’Afrique. Par ailleurs, certains griefs des militants hostiles à la politique française sont justifiés. Par exemple, il perdure une tendance naturelle, au Nord, à considérer que les Africains doivent faire ceci et pas cela. Ces derniers ne supportent plus ce paternalisme d’un autre temps. Nos citoyens considèrent à juste titre que soixante-dix ans après les Indépendances, l’on ne peut plus se comporter et agir comme si la décolonisation venait de prendre fin. Notre population est très jeune. Elle n’a pas connu cette époque. Elle aspire à être traitée en partenaire, sur un pied d’égalité.

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