Consommer local: la recette de Mamour Cissé

Le président du parti PSD/jant-bi, Mamour Cissé a marqué sa désolation quant aux difficultés que traversent nos entreprises. Invité à l’émission « Grand oral » sur Rewmi Fm, cet allié de Macky a craché ses vérités.

Avez-vous des craintes par rapport à cette 14^e législature ?

Oui, j’ai des craintes car le Sénégal n’a jamais vu une Assemblée nationale aussi équilibrée certes mais qui pose en tout cas des actes contraires à la morale et à l’éthique. Lors de l’installation du bureau, des gens étaient sur des tables. Il faut un respect de l’institution. Nous devons être ensemble. Que les députés sachent qu’ils ont été élus par le peuple. Il faut que cela cesse. Les Sénégalais ont soif de savoir ce qui s’est passé sur le Prodac. Cette culture de l’opacité doit cesser. Cet équilibre va permettre beaucoup de choses. Cela va permettre d’être prudent quand on gère l’argent public. Il faut un changement de comportement. J’appelle les députés sur des  thèmes très importants.

Il faut des réformes.

Nous restons à l’assemblée avec Aminata Touré.

Etes-vous d’accord avec sa démarche ? 

Elle a mouillé le maillot. C’est une dame que je respecte eu égard avec tout ce qu’elle a donné à la majorité. Mais la démarche pose problème. Elle aurait pu prendre du recul et apprécier les choses durablement et ne pas donner l’impression qu’elle casse tout car on lui a refusé un poste. Je reste solidaire avec elle. Quand vous nomme tête de liste, on pense à cela. 

Elle a bien fait de démissionner du groupe parlementaire ?

 

C’est son point de vue et je le respecte. Même si notre compagnonnage avec Bby est à revisiter nous sommes des alliés loyaux et on ne comprend pas la démarche de Macky. Dans le domaine de l’industrie, si le nouveau gouvernement pense simplement qu’il faut juste mettre l’accent sur l’Aprosi, il y a un problème.

 

Quel est le pays au monde s’est développé sans l’industrie ? Cette déclinaison avec celui qui est à la tête de ce secteur ne nous donnera rien de durable. Il fait une volonté politique affichée pour que le tissu industriel renaisse. Les jeunes veulent travailler. Il faut recréer les industries car toutes les entreprises sont fermées. Regardez au Sandaga ce qui se passe c’est l’anarchie. Tout le monde à son échoppe. Personne ne se sent le maire. Dakar est devenu un grand bazar. On doit se départir de la casquette de partisan.

Quelles sont les urgences ce à Dakar ? Il fait assainir et faire des trottoirs. Abdou Karim Fofana l’avait fait, il faut insérer les marchands dans les centres commerciaux modernes mais pas la rue. Un maire responsable doit avoir de la vision et assainir.

 

A vous entendre parler de l’industrialisation, est-ce à dire qu’avec ce gouvernement, les objectifs ne seront pas atteints ?

 

Ce sera difficile. Mais Amadou Ba est outillé sur la demande sociale. Il faut confier le loyer à un juge des loyers mais dans l’honneur et dans la dignité. Mais des mesures populistes ne règlent rien. Il y a des préalables à respecter. Ces étrangers qui créent des supérettes ou des centres commerciaux, il faut qu’ils paient une caution annuelle avec un fonds de bonification.

Revenant dans le secteur de l’industrie, saviez-vous que le Sénégal avait des sociétés d’emballage, de montage de véhicules avec la marque Gaindé etc. On avait la « Sénégalaise Electric ». Mais toutes ces sociétés sont fermées. En 15 mois, il faudra faire de choix. Il faut que ces gens-là déclinent la bonne vision. Dans le commerce, il faut ouvrir les discussions. Il y a des fausses notes et de l’arrogance.

On attend dans le secteur de l’éducation la scolarisation des filles, une priorisation des choses car la formation qualifiante est importante.

 

Un budget de 6400 milliards avec 45% destinés au social, peut-on s’attendre à des changements dans le quotidien des Sénégalais ?

 

Ah oui beaucoup. Baldé disait que la bourse familiale n’était pas pertinente mais cela nous a valu des points

en 2017 lors des législatives. Les sénégalais sont fatigués parce que leurs enfants n’ont pas de travail. Il faut connaître le potentiel des jeunes mais il y a un problème car nous risquons d’aller chercher des emplois surtout dans le secteur du pétrole et du gaz !

 

Pensez-vous que la subvention soit la meilleure option dans cette tentative de baisse des prix ?

 

On ne peut pas continuer comme ça car l’endettement devient inquiétant. Il risque d’avoir une récession dans le monde. Il y a une augmentation de la masse salariale dans la fonction publique. Nous comprenons que nous sommes dans un contexte de crise mais cela ne peut continuer. Le droit des tirages spéciaux est important. Au plan économique, nous n’avons pas une bonne assise financière et le Sénégal a voté contre la Russie et le Sénégal était obligé. 2400 milliards mobilisés par le Fmi, le Sénégal aussi va en obtenir.

 

La situation mondiale risque de se compliquer aussi, à quoi faut-il s’attendre ?

 

Il faut souhaiter que nous accélérons nos recherches sur le pétrole et le gaz ? Vivement l’exploitation. Il faut commencer à éduquer les Sénégalais dans le consommer local et éviter le gâchis. Il faut des mesures drastiques. Il y a un problème de communication et les gens pensent que c’est l’Etat. Des pays comme le Sénégal risquent de devenir plus corsés.

 

Macky parle de location de voitures pour les fonctionnaires de l’Etat. Qu’en pensez-vous ?

 

S’il commence à s’ajuster lui-même, cela ne pose pas de problème. Lui, il a ses véhicules. Il y avait des efforts à faire ailleurs. Mais en période de crise, soutenir les ménages, soutenir les entreprises, ce que nous avons en commun, il faut y faire des subventions.

Il faut continuer la subvention, c’est le prix à payer. Il faut trouver les mécanismes.

 

Pour le cas de la Poste, il faut auditer cette entreprise.

C’est quoi les sociétés nationales ont-elles des problèmes ?

 

C’est l’amalgame. On demande d’être plus politique que gestionnaire. On en fait une règle. Tout ne peut pas être politique.

D’aucuns parlent d’apérisation des postes de responsabilité. Vous voyez la même chose après ces nominations ?

Mais je ne peux pas lui faire ce reproche. Des gens sont cooptés, d’autres non. Mais bon c’est un choix. Diaité est de l’APR et il est compétent. Je ne pense pas au tâtonnement car Macky est loin d’être naïf. Il faut aussi savoir que les politiques ont des jeux cachés.

 

C’est le cas avec Wade où des gens du Pds l’ont combattu. Ces gens voulaient sa place. Des gens ont financé des troubles contre Wade. Je les connais.

C’est pour dire que dès fois c’est difficile. Les Sénégalais apprécieront aussi.

 

Macky doit-il rester ou partir en 2024 ?

 

Il appartient au Conseil constitutionnel d’en décider. Le choix revient aux Sénégalais aussi. Il y a des gens compétents aussi. Au moins des gens responsables qui savent mener le bateau car un pays est trop sérieux pour qu’on le gère avec des émotions. Mais l’essentiel de notre jeunesse n’est pas instruite et fonctionne avec l’émotion. Dès fois sur le discours, tu comprends. Prenons Boubacar Camara, Ousmane Ngom etc. Mais aujourd’hui le débat d’idée s’est affaissé. Il faut choisir quelqu’un qui peut conduire ce pays.

 

La Loi d’amnistie, annoncée par Macky est-elle la meilleure solution pour Karim Wade et Khalifa ?

 

La révision du procès aussi risque de prendre beaucoup de temps. Il faut savoir taire ses intérêts pour le bonheur de tous. Wade mérite que Karim mette de l’eau dans son vin. Mais s’il ne veut pas revenir qu’il le dise.