Des crises mondiales croisées menacent les 17 objectifs de développement durable (ODD) et ont un impact sur l’approvisionnement en nourriture, la santé, l’éducation et la sécurité dans tous les pays du monde, selon un nouveau rapport de l’ONU publié ce jeudi.
Le Rapport 2022 de l’ONU sur les objectifs de développement durable révèle que la convergence de l’intensification des combats, de la poursuite de la pandémie de COVID-19 et de la crise climatique à long terme pourrait faire basculer 75 à 95 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté cette année – par rapport aux projections antérieures à la pandémie – et mettre en péril le projet pour des sociétés plus résilientes, plus pacifiques et plus égalitaires que constituent les ODD. « La feuille de route établie dans les objectifs de développement durable est claire », a déclaré Liu Zhenmin, responsable des affaires économiques et sociales des Nations Unies (DESA), ajoutant que « tout comme l’impact des crises est aggravé lorsqu’elles sont liées, les solutions le sont aussi ».
L’impact de la Covid-19 loin d’avoir disparu
La pandémie a sapé les efforts des pays pour atteindre les ambitieux objectifs mondiaux – et son impact est loin d’avoir disparu. Le nombre de décès directement et indirectement imputables au coronavirus a atteint 15 millions à la fin de l’année dernière, indique le rapport, anéantissant plus de quatre années de progrès dans la réduction de la pauvreté, perturbant gravement les services de santé essentiels et faisant dérailler les progrès durement acquis concernant l’ODD 3 sur la santé et le bien-être. En outre, depuis 2020, quelque 147 millions d’élèves ont manqué plus de la moitié de leur enseignement en présentiel.
Gaz à effet de serre et pollution plastique augmentent comme jamais
En parallèle, des milliards de personnes subissent déjà les conséquences du réchauffement de la planète et de conditions météorologiques de plus en plus extrêmes. Les émissions de gaz à effets de serre liées à l’énergie ont augmenté de 6% l’année dernière, atteignant le niveau le plus élevé jamais enregistré, oblitérant complètement les baisses d’émissions liées à la pandémie.
Pour éviter les pires effets du changement climatique, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent atteindre un pic avant 2025, puis diminuer de 43% d’ici 2030, pour atteindre un niveau net nul d’ici 2050. Or en l’état actuel, les émissions de gaz à effet de serre devraient augmenter de près de 14% au cours de la prochaine décennie. Et cette année, on estime que 17 millions de tonnes de plastique ont gagné l’océan, un chiffre qui devrait doubler ou tripler d’ici à 2040.
Répercussions de la guerre en Ukraine
Selon le rapport, la guerre en Ukraine est à l’origine de l’une des plus grandes crises de réfugiés des temps modernes. La crise a fait exploser les prix des denrées alimentaires, des carburants et des engrais, perturbé encore davantage les chaînes d’approvisionnement et le commerce mondial, ébranlé les marchés financiers et menacé la sécurité alimentaire mondiale ainsi que les flux d’aide. Dans le même temps, les pays et les populations les plus vulnérables sont touchés de manière disproportionnée, notamment les femmes, qui ont perdu leur emploi et ont dû assumer davantage de tâches domestiques.
La pandémie a également entraîné une augmentation de la violence à l’égard des femmes et des filles. Les pays les moins avancés sont confrontés à une faible croissance économique, à une inflation croissante, à des perturbations majeures de la chaîne d’approvisionnement et à un endettement insoutenable, entraînant dans leur sillage une diminution des possibilités d’emploi pour les jeunes et une augmentation du travail et des mariages des enfants. Dans les pays à faible revenu, le rapport révèle que le ratio du service de la dette publique totale – et garantie par l’État – par rapport aux exportations est passé d’une moyenne de 3,1% en 2011 à 8,8% en 2020.
Le monde appelé à tenir ses engagements
Selon le rapport, le monde doit maintenant décider de tenir ses engagements pour aider les plus vulnérables et réaliser des progrès significatifs d’ici à 2030. « Lorsque nous prenons des mesures pour renforcer les systèmes de protection sociale, améliorer les services publics et investir dans les énergies propres, par exemple, nous nous attaquons aux causes profondes de l’accroissement des inégalités, de la dégradation de l’environnement et du changement climatique » a rappelé M. Liu.