Nous, Action pour les Droits Humains et l’Amitié (ADHA), le Mouvement pour l’Éthique et la Transparence (MET) et le Mouvement International d’Apostolat des Milieux Sociaux Indépendants (MIAMSI-SÉNÉGAL), exprimons notre profonde préoccupation et notre indignation face aux récurrents et frustrants incidents liés aux rackets, extorsions et autres abus que subissent les citoyens ressortissants de la CEDEAO aux frontières ouest-africaines. Ceci en dépit des dispositifs de libre circulation des biens et des personnes, établis par la Communauté Économique Des États de l’Afrique de l’Ouest.
À ce titre, nos trois organisations souhaitent attirer l’opinion nationale et internationale sur le témoignage poignant de l’Abbé Jules Pascal COLY, Curé de la paroisse Sainte Thérèse de Louga (Sénégal).
Le prêtre raconte que le 27 mai 2024, dès sa sortie du ferry, après une mission de trois jours, il a été victime d’une tentative d’extorsion de fonds par des agents en uniforme à la frontière Banjul-Karang, plus précisément à Barra. Selon son témoignage, ces agents ciblaient systématiquement les Sénégalais, leur demandant de présenter un laissez-passer inexistant ou alors de verser une certaine somme d’argent. Face à son refus, du reste légitime, de payer la somme indue de 100 Dalasis gambiens, l’Abbé Jules Pascal a fini par être libéré sans avoir eu à verser de pot-de-vin, après avoir averti ces agents véreux de son intention de signaler aux autorités de pareils abus sur les voyageurs.
Le cas de l’Abbé Jules Pascal COLY n’est pas isolé. De nombreux Sénégalais et d’autres ressortissants de l’espace CEDEAO subissent fréquemment de telles mésaventures, non seulement en Gambie, mais aussi à la frontière avec la Guinée-Bissau, où leurs finances sont quotidiennement mises à mal.
Selon toujours l’Abbé COLY, il aurait subi en 2023 une expérience similaire, toujours au niveau de la frontière gambienne.
De tels actes sont non seulement illégaux et inélégants, mais vont aussi à l’encontre des principes fondamentaux de la CEDEAO qui promeut la libre circulation des personnes et des biens.
Selon le Protocole A/P.1/5/79* relatif à la libre circulation des personnes, au droit de résidence et d’établissement, tous les citoyens des États membres de la CEDEAO ont le droit d’entrer, de résider et d’établir leurs activités économiques sur le territoire de tout autre État membre, sans être soumis à des contraintes illégitimes.
Ainsi, l’ADHA, le MET et le MIAMSI-SÉNÉGAL en appellent aux autorités sénégalaises et à celles de la CEDEAO à enquêter de toute urgence sur ces incidents qui n’honorent pas les États membres. Il est impératif, dès lors, que des mesures concrètes et diligentes soient prises afin de mettre fin à ces pratiques abusives et désobligeantes. Il convient également de prendre toutes les meilleures dispositions pour garantir à tous les citoyens de la CEDEAO une libre circulation et en toute sécurité.
En conclusion, l’ADHA, le MIAMSI-SÉNÉGAL et le MET en appellent aussi à la sagesse et au sens de la diplomatie des autorités gambiennes et bissau-guinéennes, deux peuples frères, afin d’éradiquer, après des enquêtes exhaustives, les actes de corruption au sein de leurs forces de l’ordre, s’il était prouvé qu’il ne s’agit pas de cas isolés. La coopération entre les pays ouest-africains est essentielle pour le renforcement de l’intégration régionale et la garantie du bien-être des citoyens en déplacement.
Fait le 08 juin 2024, à Dakar
Les signataires :
– Action pour les Droits Humains et l’Amitié (ADHA)
– Mouvement pour l’Ethique et la Transparence (MET)
– Mouvement International d’Apostolat des milieux indépendants (MIAMSI-SÉNÉGAL).