Le chef de l’Etat, qui a présidé une réunion sur la cherté de la vie hier, s’est exprimé sur la question du loyer. Il a annoncé une approche qui, cette fois sera axée sur le zonage. Le foncier est un levier essentiel pour les politiques de logements. A Dakar, capitale du Sénégal, le prix du foncier peut atteindre plus de 50% du prix de production du logement dans les zones tendues comme la côte-Ouest qui commence du Centre-ville à Yoff.
La région de Dakar, occupant un peu plus de 4% de la superficie totale du pays, concentre 45% de la population totale du Sénégal. Un phénomène de sur-urbanisation qui taraude les meilleurs experts dans le domaine. Seul le Brésil, avec Rio, abrite un panorama urbain et démographique semblable à la capitale sénégalaise. Et encore, la densité de Dakar dépasse de 3 fois celle de Rio, la populeuse ville brésilienne s’étend sur 1200 km2. Dakar est victime de son climat particulier, de sa position géographique de choix, d’une économie le long du littoral et d’un patrimoine infrastructurel à nul autre pareil en Afrique de l’Ouest, même par rapport à Abidjan.
«S’agissant de la lancinante question du loyer, dont la gestion préoccupe nos compatriotes, je demande au premier ministre, en relation avec les associations de consommateurs et les professionnels de l’immobilier, de me proposer d’ici le 20 octobre, un plan spécial de renforcement de la régulation des loyers, dans une dynamique de stabilisation et de baisse des prix.
Le domaine privé immobilier et mobilier de l’Etat n’y fait pas exception, malgré les verrous du législateur public qui affirme et consacre le caractère inaliénable des biens et actifs publics. On comprend ainsi les réactions des Sénégalais sur la cession des 3ha de l’hôpital Le Dantec et aujourd’hui, la distraction de 8000 m2 de l’assiette de l’université sur l’avenue Cheikh Anta Diop pour les besoins d’un projet immobilier, par un investisseur sénégalais. Le groupe en question, qui a pignon sur rue, est un constructeur sérieux et bien connu dans le milieu, car ayant été parmi les rares entreprises sénégalaises à être sélectionnées pour les gares du Ter et plus récemment pour un méga-projet de la Cdc. Cependant, il serait judicieux pour ces cas de figure, d’opter pour des procédures d’appel à concurrence transparentes et équitables car d’autres investisseurs sénégalais éligibles seraient peut-être intéressés par les assiettes foncières en jeu. D’ailleurs, la Sicap et les Hlm seraient de bonnes candidates pour la reprise et l’exploitation de cette assiette. Ils ont une expérience de l’habitat social.
Toutes les études montrent que plus des 2/3 du revenu des ménages de moins de 350 000-400 000 Cfa, sont affectés à la location, au paiement de l’électricité et de l’eau, d’où le soulagement que peuvent représenter des appartements à loyers modérés pour les Sénégalais qui subissent sans armes le diktat des bailleurs et l’inflation galopante sur les denrées.
L’Etat doit impérativement inscrire son action pour ce cas précis, dans le cadre de la loi d’orientation sur l’habitat social. Les lois sont là, il faut les appliquer, en attendant la réforme foncière promise depuis 2012.