Le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et au Sahel (UNOWAS), avec les gouvernements de l’Irlande, la République du Ghana, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et en collaboration avec les États membres de la CEDEAO et le système des Nations Unies, a organisé une Conférence Régionale de deux jours sur les changements climatiques, la Paix et la Sécurité En Afrique de l’Ouest et le Sahel.
Ces dernières années ont été marquées par des chocs climatiques sans précédent en Afrique de l’Ouest et au Sahel. Les vagues de chaleur, les sécheresses, les tempêtes de poussière et les inondations sont devenues plus fréquentes et les précipitations plus irrégulières. C’est dévastateur pour une région où 60 à 70 % de la population dépend de l’agriculture pluviale et de l’élevage pour survivre (FAO). « Le changement climatique et ses effets et risques, en particulier dans les pays et régions fragiles, sont réels et très susceptibles de s’aggraver peuvent considérablement saper les mesures de consolidation de la paix et de prévention des conflits », ont- il souligné.
L’adaptation au changement climatique et la décarbonisation peuvent créer de nouveaux conflits ainsi que des tensions au sein des nations et entre elles. Mais cela peut aussi offrir des opportunités pour une collaboration renforcée et pour une consolidation de la paix (diplomatie climatique). Malgré un démarrage lent, la lutte contre les risques de sécurité liés au climat prend de l’ampleur au sein des entités des Nations Unies (ONU), plus particulièrement au sein du pilier Paix et sécurité. Alors que la plupart des missions de paix se déroulent dans des pays exposés à des impacts majeurs du changement climatique, il semble que l’intégration des risques de sécurité liés au climat dans les opérations de paix soit encore naissante. Les chercheurs ainsi que les praticiens soulignent qu’il n’y a pas d’association causale directe entre le climat et les conflits, et que la relation est très spécifique au contexte. Il est cependant largement reconnu que le changement climatique amplifie les vulnérabilités et les tensions existantes en aggravant les facteurs de conflit.
Le changement climatique est souvent décrit comme un « multiplicateur de menaces ». Pour 2021/22, le sujet des risques de sécurité liés au climat dans les opérations de paix a été sélectionné comme sujet d’évaluation thématique. Selon le Comité permanent Inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), les rendements agricoles au Sahel pourraient diminuer jusqu’à 50% d’ici 2050, déclenchant ainsi une forte migration vers les régions côtières. Les agriculteurs, les éleveurs, les pêcheurs, les travailleurs forestiers, les mineurs et d’autres groupes se rivalisent pour des ressources naturelles de moins en moins disponibles. Le changement climatique accentue une situation déjà complexe de pauvreté, d’instabilité, de déplacement de population et de faible gouvernance des ressources, servant ainsi d’amplificateur de risque.
Cette conférence régionale fait partie des activités qu’entreprend UNOWAS en coordination avec ses partenaires nationaux, régionaux et internationaux en réponse à la demande du Conseil de Sécurité de l’ONU, formulée le 20 janvier 2020 de « prendre en considération les conséquences néfastes du changement climatique, de la précarité énergétique, des changements écologiques et des catastrophes naturelles sur la paix et la sécurité, en aidant les gouvernements de la sous-région et le système des Nations Unies à effectuer des évaluations des stratégies de gestion des risques liées à ces changements»
En effet, la situation est plus aiguë dans les endroits doublement touchés par l’insécurité et les changements climatiques extrêmes et où des groupes extrémistes violents exploitent les rivalités sur les ressources locales en dressant les uns contre les autres. »L’objectif de l’évaluation est d’évaluer aussi systématiquement que possible les opportunités, les efforts et les défis des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales pour prendre en compte et intégrer les risques de sécurité liés au climat dans leurs stratégies et l’examen de l’impact environnemental des opérations de paix ni celui de leur conformité avec la politique environnementale des Nations Unies. L’évaluation portera sur trois résultats inter reliés : état de préparation, intégration et cohérence », concluent-ils.
DJANGA DIA