Pour une bonne prise du cœur, les spécialistes ont besoin d’adopter la technologie. Selon le président de la société sénégalaise de cardiologie, le Sénégal est peu outillé alors que la science et la technologie dans ce domaine avancent très vite.
La société sénégalaise de cardiologie (SOSECAR) a tenu la 6e édition de Cardiotech sous le thème, «Avancées technologiques pour la cardiologie ». Selon le président de la SOSECAR, Pr Abdou Kane, le Sénégal est bien doté en matière de cardiologie, mais l’imagerie comporte beaucoup d’entités. « Il s’agit de l’échographie, l’imagerie par résonance magnétique, c’est-à-dire l’IRM et le scanner. Ce sont toutes ces techniques modernes qui peuvent être utilisées dans plusieurs spécialités. Mais la cardiologie est une spécialité particulière à cet égard, puisque toutes ces imageries et modalités très modernes, qui ont connu des évolutions majeures, sont aujourd’hui appliquées de façon courante en cardiologie », dit-il.
Et de poursuivre : » Sur la situation au Sénégal, il y a encore du chemin à faire, parce qu’il se trouve que quand on parle de scanner, on ne parle pas de n’importe quel scanner. On parle des scanners les plus performants pour regarder un cœur, de même que pour les IRM, l’échographie pour faire le cœur qui a besoin de beaucoup de logiciels très avancés ». Le spécialiste indique que dans le cœur, il faut voir comment est le cœur, comment circule le son, quantifier la circulation du sang et mesurer. « C’est d’une très grande complexité. Donc à dire vrai, au Sénégal, nous sommes encore très peu outillés par rapport à cette technologie, même s’il y a des progrès fulgurants. Il y a certes un certain nombre d’améliorations qui ont été apportées au Sénégal, mais je pense qu’il est quand même important qu’on prenne un peu plus conscience parce que la science et la technologie dans le domaine de la cardiologie avancent très vite et que dans nos pays, nous devons encore faire un certain nombre d’efforts », prescrit Pr Abdou Kane. Il fait noter qu’il y a heureusement, de bons outils que les spécialistes essayent d’utiliser du mieux pour pouvoir répondre à l’attente des populations. « Il y a encore des efforts considérables, même si on peut considérer qu’aujourd’hui au Sénégal, pratiquement tous les diagnostics et toutes les modalités de prise en charge autour de l’imagerie sont possibles », soutient-il.
« Nous faisons face à un problème de maintenance des matériels »
Pr Abdou Kane relève beaucoup de problèmes de maintenance de matériels. « La technologie avance très vite. Lorsque vous verrez un appareil d’échographie moderne ou une IRM qui fait du cœur dans la conception moderne, vous aurez l’impression d’être dans un cockpit d’avion et à devoir le conduire. C’est un vrai défi. Malheureusement, la biomédecine et la biomaintenance sont assez en retard dans nos pays. Il se trouve que, par contre, la technologie, elle, n’attend pas, elle évolue très vite et nous avons vraiment besoin d’avoir des techniciens qui sont au courant de ces nouvelles technologies qui les accompagnent et c’est ce qui explique malheureusement un démarrage faible », regrette-il.
Pour y arriver, il invite à mettre à contribution les spécialistes et les utilisateurs. « Il arrive qu’on passe des commandes sur des équipements sans que nous soyons réellement impliqués. Alors que c’est nous qui les utilisons et qui connaissons ces machines », se désole-t-il. Et d’ajouter : » Il faut une vraie approche multidisciplinaire et que nos ingénieurs biomédicaux travaillent avec les praticiens, qu’ils évoluent ensemble, apprennent les uns des autres, qu’on puisse faire de la maintenance préventive mais aussi qu’on aille très loin dans cette technologie. Mais ceci n’est pas possible si on n’est pas tous ensemble ». Il est d’avis que si ces ingénieurs ne sont pas présents sur le terrain, qu’ils apprennent mais aussi qu’ils puissent faire de la formation continue pour voir ce qui se fait ailleurs, cela ne sera pas possible. « Cela va très vite et malheureusement au Sénégal, nous n’avons pas encore autant d’ingénieurs biomédicaux dans nos structures, aussi bien publiques que privées pour maintenir déjà les machines de base dont nous disposons et encore moins cette technologie majeure qui évolue très vite », relève-t-il.
Il propose de revoir à la hausse le budget du ministère de la Santé et de l’Action sociale. « Il faut rationaliser les ressources mais aussi de de mettre résolument dans une dynamique qui est un peu rationalisant, en travaillant mieux sur les systèmes de gouvernance et en mettant les uns et les autres ensemble. On peut de façon raisonnable, en tenant compte des ressources dont nous disposons, avoir les outils les plus performants qui ne soient pas aussi coûteux qu’on peut le croire », recommande-t-il. Ce qu’il justifie par le fait d’évaluer le malade et voir quelle est la technique d’examen la plus appropriée pour répondre à un diagnostic. « C’est ça l’économie de la santé, il ne faut pas tout faire à la fois, ce n’est pas de la bonne médecine. Il faut juste savoir utiliser un bon médecin.
Et si on le fait, et on le fait bien en des mains expertes par contre, on peut considérer qu’on a quasiment 100% de possibilités de faire les bons diagnostics dans nos pays », souligne-t-il.
NGOYA NDIAYE