La palpation des seins consistant à déceler une grosseur n’est pas le seul moyen de détecter précocement les symptômes du cancer du sein car il ne présente pas nécessairement de boule ou de masse suspecte : l’aspect et le toucher de la peau du tissu mammaire ainsi que d’autres changements plus subtils sont autant d’indicateurs qui doivent alerter. Or, un sondage montre que ces autres signes associés à cette maladie sont pour la plupart méconnus.
Octobre rose oblige, les actions de sensibilisation autour du dépistage du cancer du sein se multiplient à travers le monde, tout comme les études visant à déterminer le niveau d’information de chacun sur le sujet. L’une des dernières en date montre que la plupart des symptômes du cancer du sein sont encore méconnus du grand public, notamment aux États-Unis, où les trois quarts des femmes ne se sentent pas personnellement concernées.
Une masse dans le sein, une modification de la peau du mamelon ou du sein, ou un changement de la taille ou de la forme du sein comptent parmi les symptômes de ce cancer, d’après l’Institut National du Cancer (INCa). L’organisme scientifique français précise que ces signes inhabituels « ne signifient pas nécessairement qu’il s’agit d’un cancer du sein », mais qu’ils doivent alerter et conduire à une consultation médicale pour détecter la maladie au plus tôt. Reste que certains de ces symptômes demeurent inconnus, sinon mal connus, du public. C’est ce que révèle un sondage mené par The Ohio State University Comprehensive Cancer Center (OSUCCC – James), qui rappelle l’importance de la pédagogie pour permettre au plus grand nombre d’identifier chacun des symptômes du cancer du sein.
La masse dans le sein n’est pas le seul symptôme
Plus de neuf adultes américains interrogés sur dix (93 %) citent une boule ou une masse dans le sein comme un symptôme de ce cancer, ce qui est vrai, mais moins de la moitié des répondants sont parvenus à reconnaître d’autres symptômes, pourtant courants, associés à la maladie. Un constat qui alarme les experts, lesquels rappellent que la détection de ces anomalies est primordiale pour prendre en charge la maladie de façon précoce, et accroître les chances de guérison.
« La mammographie est notre premier moyen de défense pour détecter et traiter les cancers du sein aux stades les plus précoces, mais il est également très important que les gens se familiarisent avec l’aspect et la sensation de leur propre tissu mammaire afin que des changements parfois subtils puissent être évalués rapidement pour nous donner les meilleures chances de détection précoce », explique l’oncologue Ashley Pariser, également rattachée à l’OSUCCC – James.
Dans le détail, seules 45 % des personnes interrogées ont reconnu l’épaississement de la peau du sein, ou la présence de marques spécifiques, comme un symptôme probable de cancer du sein, tandis que seulement 41 % ont cité la perte de sensibilité au niveau de la poitrine, et encore moins (31 %) la rétraction du mamelon. « Le meilleur moyen de détecter un cancer du sein à un stade précoce est que les femmes se présentent dès qu’elles remarquent un changement, idéalement avant même qu’elles ne le constatent. C’est pourquoi nous recommandons des mammographies à celles qui remplissent les conditions requises », ajoute le Dr Ashley Pariser.
Confusion et manque d’informations
Au-delà des symptômes, qui demeurent globalement mal connus, le sondage montre une certaine confusion dans les informations acquises ou non par le grand public. C’est notamment le cas pour les recommandations en matière de dépistage. Alors que l’American College of Radiology et l’American College of Obstetrics and Gynecologists conseillent de se faire dépister dès l’âge de 40 ans, et de parler de ses antécédents avec un professionnel de santé au plus tôt, un tiers des femmes avouent « être confuses » quant à ces recommandations. Un chiffre qui grimpe à 44 % pour les femmes les plus jeunes, à savoir celles âgées de moins de 30 ans.
“Une part importante de la population estimant ne pas être concernée par le cancer du sein”
Mais les professionnels de santé doivent également composer avec une certaine forme de déni, une part importante de la population estimant ne pas être concernée par le cancer du sein. Plus exactement, 91 % des hommes et 75 % des femmes considèrent qu’ils ne seront pas touchés par la maladie.
D’après l’American Cancer Society, le cancer du sein demeure pourtant le cancer non cutané le plus fréquent chez les femmes aux États-Unis, représentant près de 30 % de l’ensemble des nouveaux cancers féminins chaque année. Les estimations pour l’année 2023 font état de près de 300 000 nouveaux cas, et de près de 43 700 décès par cancer du sein.