Lors d’un événement spécial organisé en marge de la 74e session du Comité régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Afrique, les ministres africains de la Santé ont souligné le besoin urgent d’un accès équitable à des vaccins contre le papillomavirus et à des tests ADN du papillomavirus à un prix abordable, afin d’accélérer les progrès vers l’élimination du cancer du col de l’utérus.
À ce jour, seuls 28 pays de la région africaine ont introduit des vaccins contre le papillomavirus dans leurs programmes de vaccination de routine, et seuls quatre d’entre eux atteindront une couverture vaccinale de 90 % en 2023. En ce qui concerne le dépistage, les enquêtes révèlent une couverture très faible d’environ 11 %. Seuls 17 pays ont introduit le dépistage basé sur le VPH, mais pas à l’échelle nationale, ce qui souligne l’importance d’une approche intégrée centrée sur la personne.
L’Afrique recense près du quart des décès
Bien qu’il soit possible de le prévenir et de le traiter grâce à la vaccination et au dépistage du papillomavirus humain (VPH), et qu’il soit curable lorsqu’il est détecté à un stade précoce, le cancer du col de l’utérus reste la cause la plus fréquente de décès liés au cancer dans la région africaine.
Sur les plus de 76.000 décès dus au cancer du col de l’utérus dans le monde en 2022, selon les données les plus récentes disponibles, près d’un quart (23 %) se sont produits en Afrique. « Le fardeau du cancer du col de l’utérus en Afrique est une illustration frappante de l’impact des inégalités mondiales, qui exacerbent les obstacles, notamment la rareté des ressources, le manque de priorité de la part des bailleurs de fonds et, en fin de compte, la capacité limitée à gérer la menace », a déclaré dans un communiqué la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
Des progrès insuffisants
Selon la modélisation de HPV-ADVISE, impliquant 40 pays d’Afrique subsaharienne, les taux actuels de couverture vaccinale et de dépistage sont insuffisants pour permettre l’élimination du cancer du col de l’utérus d’ici à 2100.
Toutefois, si les pays atteignent et maintiennent les objectifs recommandés par l’OMS, à savoir une couverture vaccinale de 90 % pour les filles et un taux de dépistage de 70 %, la modélisation montre que 24 millions de cancers du col de l’utérus pourraient être évités d’ici la fin du siècle. « Il est essentiel que les tests de dépistage du papillomavirus et les vaccins soient abordables et accessibles si nous voulons accélérer l’élimination du cancer du col de l’utérus en tant que problème de santé publique dans la région et réduire l’écart important entre les inégalités en matière de santé au niveau mondial », a ajouté la Dre Moeti.
L’OMS a souligné que la prestation de services de lutte contre le cancer du col de l’utérus dans le cadre d’une approche de soins de santé primaires axée sur la personne, afin de garantir l’accessibilité et la viabilité de ces services, constituait un élément essentiel du succès.
Au Cameroun, au Malawi, en Ouganda et au Zimbabwe, par exemple, le dépistage du cancer du col de l’utérus a été intégré dans les services de lutte contre le VIH et de santé sexuelle et génésique.