À l’issue d’une altercation avec son voisin, Yankhoba Dramé, Younous Bâ est revenu armé d’un couteau pour le poignarder mortellement au cœur.
Né en 1992 et domicilié à Cambérène, Younous Bâ fait partie des moutons noirs de sa famille. Il a été déféré à plusieurs reprises et condamné une fois pour violences sur son père. Après avoir picolé dans un bar le 29 octobre 2016, vers 23h, Younous Bâ a rejoint Yankhoba Dramé et ses amis qui discutaient d’un match de football dans la rue. Mais, ses voisins ne lui ont pas accordé beaucoup d’importance. C’est sur ces entrefaites que l’ivrogne a craché des insanités à l’endroit de Yankhoba Dramé qui a fait la sourde oreille. Outré par la réaction glaciale de son vis-à-vis, Younous Bâ l’insulte de mère. Mais, il a été sévèrement corrigé, avant qu’il ne se dirige chez lui pour prendre un couteau qu’il a caché sous ses habits. Quelques minutes plus tard, Younous a surpris son antagoniste qu’il a poignardé au cœur. Lequel a rendu l’âme au cours de son acheminement à l’hôpital Idrissa Pouye de Grand-Yoff. Une triste nouvelle qui avait provoqué l’ire des amis du défunt qui sont allés immédiatement au domicile du meurtrier pour lui faire la fête. Mais, celui-ci avait escaladé le mur, avant de se réfugier chez son oncle à Saint-Louis. Sur demande de son père, son hôte l’a mis à la disposition des gendarmes quinze jours plus tard. Ainsi, il a été livré aux éléments du commissariat des Parcelles Assainies. Devant la chambre criminelle de Dakar hier, l’accusé a laissé entendre que le défunt étudiant lui avait administré un coup de bâton au cours de leur accrochage. Dans le feu de l’action, il s’est emparé d’un couteau dans la gargote qui se trouvait à quelques encablures de la scène du crime, avant poignarder son protagoniste à la poitrine. « J’ai agi sous l’emprise de l’alcool », lâche-t-il. Pour prouver sa bonne foi, le chauffeur a déclaré qu’il s’entendait bien avec sa victime. « C’est lui qui m’avait rédigé la demande d’emploi que j’avais déposée dans une société de la place. Après mon recrutement, je lui offrais 5.000 ou 10.000 francs chaque fin du mois. Je l’ai fait pendant six mois », a-t-il argué.
La mère de la victime qui a pleuré toutes les larmes de son corps, a demandé à la cour de réprimer sévèrement l’accusé. « Je ne peux pas le pardonner. Si vous le libérez, mes autres enfants vont se venger », a asséné Fatou Dione qui a été recadrée par le juge : « C’est la justice qui libère ou condamne. Vous n’avez pas le droit de vous faire une justice privée. Si vous le faites, vous allez répondre de vos actes comme lui ». A en croire la partie civile, elle vend du petit-déjeuner pour entretenir ses enfants qui ont perdu leur papa. « Yankhoba est mon aîné. Il suivait une formation en transport logistique. Il faisait la troisième année », dit-elle.
Le maître des poursuites a requis 20 ans de réclusion criminelle contre l’accusé. Le conseil de la défense a sollicité la disqualification du crime d’assassinat en meurtre. Il a ainsi sollicité une application bienveillante de la loi. Délibéré le 6 juin.