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Burkina Faso: Des volontaires pour la défense de la patrie déposent les armes

 Le mécontentement gronde chez les volontaires pour la défense de la patrie (VDP), venus renforcer l’armée dans la lutte anti-terroriste au Burkina Faso. Ils sont de plus en plus nombreux à abandonner leur poste. En cause, la montée des tensions avec les forces de l’armée régulière et leurs mauvaises conditions de travail.

La situation semble sans issue. Dans ce camp militaire du Burkina Faso, entre Forces de défense et de sécurité (FDS) et volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs civils venus renforcer l’armée dans la lutte anti-terroriste, l’entente est rompue. Depuis plusieurs semaines, les VDP ont déposé les armes et fait part d’une liste de réclamations aux FDS, qui les refusent.

Mauvais traitement, pertes humaines importantes, frustrations matérielles … Pour les VDP, les conditions de travail sont inacceptables. Pierre angulaire de la stratégie militaire du président de la transition Ibrahim Traoré, ils sont ainsi de plus en plus nombreux à abandonner leur poste, soulignant une importante fissure interne dans un pays déjà en proie à une menace jihadiste sans précédent.  Malgré plusieurs semaines de pourparlers, les deux groupes ne parviennent pas à trouver un accord.  »

Les revendications des VDP n’ont toujours pas été satisfaites », explique sous anonymat Moussa*, qui côtoie les volontaires quotidiennement. « Ils demandent des armes, l’accompagnement des FDS sur le terrain et le rehaussement de leurs primes, souvent volées par les militaires », précise-t-il.  L’engagement des VDP avait pourtant été au-delà des espérances pour IB, surnom donné au capitaine putschiste arrivé au pouvoir en 2022.

La campagne visant à recruter 50 000 supplétifs avait dépassé cet objectif et ils avaient été environ 90 000 à s’engager.  À Ouagadougou, les ronds-points, pris d’assaut par plusieurs centaines de jeunes venus participer aux « veillées d’armes », ont pris des airs dortoirs à ciel ouvert. Tous avaient vécu l’horreur des violences terroristes. Tous voulaient s’engager comme VDP.  Confronté depuis 2015 aux attaques de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique, le Burkina Faso affronte aujourd’hui la « crise la plus négligée au monde », d’après le Conseil norvégien pour les réfugiés. Si les VDP ont été légalement instaurés en 2020 sous la présidence de Roch Marc Kaboré (2015-2022), c’est bien Ibrahim Traoré qui les a hissés en première ligne de son opération de « reconquête » du territoire national, renforçant considérablement leur rôle. Une stratégie à double tranchant dénoncée par plusieurs experts et ONG, car peu formés et mal encadrés, les VDP alimentent les violences contre les civils.


Aujourd’hui, ils seraient moins de 30 000 combattants sur le terrain, d’après l’ONG Armed Conflict Location and Event Data Project (ACLED). « Le discours n’est plus le même qu’au départ », assure Amadou*, une source burkinabè basée dans la région de l’Est, qui a souhaité garder l’anonymat. « D’un langage fier et patriotique, on est passé à quelque chose de plaintif, moins motivé ».

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