Le chef du Front Polisario Brahim Ghali , dont la présence en Espagne a provoqué une crise majeure entre Madrid et Rabat, a quitté l’Espagne dans la nuit à destination de l’Algérie, a-t-on appris mercredi 2 juin auprès d’une source gouvernementale espagnole.
Le ministère des affaires étrangères avait annoncé mardi soir que Brahim Ghali allait quitter l’Espagne depuis l’aéroport de Pampelune, dans le nord du pays, sans préciser la destination de l’appareil. Alger est le principal soutien du Front Polisario, mouvement qui milite pour l’indépendance du Sahara occidental et qui est l’ennemi juré de Rabat.
Le départ de Brahim Ghali est intervenu après la décision d’un juge espagnol – qui l’a entendu mardi dans le cadre de deux plaintes le visant pour « tortures » et « génocide » – de ne prendre aucune mesure coercitive à son encontre, alors que les plaignants réclamaient la confiscation du passeport de M. Ghali et sa détention provisoire. Ce juge a justifié sa décision par le fait que « le rapport de l’accusation […] n’a pas apporté d’indices » montrant que le chef du Polisario soit « responsable d’un délit ».
L’hospitalisation de Brahim Ghali à Logroño (nord) pour des complications liées au Covid-19 a déclenché une crise diplomatique majeure entre l’Espagne et le Maroc, dont le point culminant a été l’arrivée, mi-mai, de près de 10 000 migrants dans l’enclave espagnole de Ceuta, à la faveur d’un relâchement des contrôles par les autorités marocaines.
Le chef du Polisario était arrivé le 18 avril dans le plus grand secret, à bord d’un avion médicalisé de la présidence algérienne et muni d’un « passeport diplomatique », selon le quotidien El Pais. Il avait ensuite été admis dans un état critique à l’hôpital de Logroño sous un faux nom « pour des raisons de sécurité ».
Territoire désertique de 266 000 km2 situé au nord de la Mauritanie, le Sahara occidental est considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU, en l’absence d’un règlement définitif. Le Front Polisario réclame un référendum d’autodétermination, prévu par l’ONU, mais constamment reporté depuis la signature en 1991 d’un cessez-le-feu entre Rabat et le Polisario après seize années de conflit. Le Maroc, qui contrôle la majeure partie de ce territoire, propose une autonomie sous sa souveraineté.