Avec un Macky Sall plébiscité, Ousmane Sonko à senti que la vedettaria était en train de lui échapper. Alors, l’interview à France 24 était la bienvenue pour remettre les pendules de la communication à l’heure, c’est à dire à son profit. A-t-il réussi l’exercice ? Il appartient aux sénégalais et à ses partisans d’en juger. Mais il est important de noter qu’il n’entend pas du tout se faire enterrer politiquement sans réagir. Malheureusement, le ton a été menaçant.
Disons, comme d’habitude. Il a mis en garde contre une nouvelle forme d’instabilité. S’il n’était pas candidat à la présidentielle. On peut comprendre cette diatribe. Mais ce n’est sans doute pas la meilleure communication au moment où son adversaire a été applaudi un peu partout dans le monde.
Il est en train de passer pour le va-t-en guerre et pourrait ainsi voir beaucoup ne pas approuver sa démarche, son intransigeance. Au niveau national et international.
Là où il devrait mettre l’accent, c’est surtout sur la défense des valeurs de la République, des principes électoraux, du caractère inclusif des élections sans donner l’impression que seule son éligibilité lui incombe. Car, dans ce contexte de bouffée d’oxygène, les sénégalais avaient envie d’une paix durable. Même si celle-ci ne dépend pas que lui mais également du camp en face.
Macky a aussi été belliqueux. Mais, s’il fait des « concessions » et que l’autre camp reste dans la radicalité ouverte, il arrivera un moment où l’opposant pourrait en pâtir. En clair, les batailles politiques sont certes inévitables, mais la tension elle peut l’être. Or, les discours font partie de ce qui alimente la tension. C’est pourquoi il est grand temps de rompre avec ce dialogue de sourd. Et de mettre en place les conditions nécessaires au dialogue entre Sonko et Macky.
Bien sûr, il nous faudra encore de la médiation. Car l’expérience récente a montré que personne ne gagne dans les rapports de force. Et c’est surtout le Sénégal qui y perd en crédibilité.