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Babacar Diop: « Macky aurait gagné le prix Nobel de la fiction économique »

Intellectuel organique, Babacar Diop est un baroudeur à l’honneur chevillé au corps. Adepte de la bataille des idées, ce pédagogue du patriotisme ringardise l’élite nationale par la fraîcheur de sa rhétorique et le nationalisme de sa posture politique. Dans sa gouverne éthique, les errances du pouvoir qu’il combat sont des hérésies à bannir. C’est à l’école de ce professeur à la voix écoutée que le Grand Oral de Rewmi Fm de ce samedi s’est inscrit en classe d’informations.

Paroles Monsieur…     

Quelle analyse faites-vous des divisions au sein de Yewwi Askan- Wi ?

Je pense que c’est normal qu’il y ait des problèmes, parce qu’on ne saurait regrouper tous les partis politiques au sein d’une seule et même coalition. Il n’est pas possible de regrouper plus de 300 partis et plus de 1 000 mouvements au sein d’une même coalition. Par contre, ce qui est politiquement possible, c’est essayer d’avoir deux, trois grandes coalitions et essayer d’être ensemble pour relever encore d’autres défis. Maintenant ce qu’il faut retenir est que Yewwi Askan-Wi est née, même si elle a été créée dans la douleur. Mais notre volonté est de rester ensemble, de cheminer, de construire une coalition. Nous avons pu surmonter des obstacles, et dès le début, vous avez tous suivi qu’il s’est agi de 4 grands qui avaient l’initiative de porter sur les fonts baptismaux leur propre coalition et ensuite invité les autres à les rejoindre. Il y a eu des résistances pour dire que cette méthode de travail n’est pas bonne. Mais nous avons la volonté de rester ensemble, de préserver la coalition Yewwi Askan- Wi, d’aller aux élections locales ensemble et de remporter le maximum de collectivités territoriales.

L’on remarque que c’est l’opposition qui critique l’opposition. Ça semble insolite ?

Ceux qui sont sortis de Yewwi Askan-Wi pour lancer leur propre coalition sont dans leur droit. C’est un mauvais procès que l’on fait à Sonko et à Khalifa Sall. La politique reste un rapport de forces, qu’on le veuille ou non. Après tout, Ousmane Sonko est sorti de la présidentielle de 2019 avec près de 16% des suffrages. Khalifa Sall, jusqu’à présent, c’est lui qui contrôle Dakar. Que ces deux-là aient la prétention d’assumer ce leadership ne me gêne pas. Que Bougane Gueye soit sorti de cette coalition n’a rien de scandaleux.

A qui profite la division de l’opposition ?

Cette division de l’opposition profite à la presse C’est la presse qui alimente cette division, et la dimension que la presse a donnée à l’affaire Bougane Guèye est totalement disproportionnée. Les gens traitent cette élection comme si c’était la première grande expérience démocratique du Sénégal. Le fait qu’on ait trois coalitions est une bonne respiration démocratique. L’essentiel, c’est la construction d’une alternative. Mais il y a tant de fureur alimentée par la presse. Vous n’avez pas vu le FDS/Les Guelwaars s’attaquer à des membres de l’opposition.

A-t-on réussi le pari de l’inscription des primo-votants?

Il y a un potentiel de 500.000 primo-votants, soit 9,3% des jeunes âgés de 18 ans à 20 ans qui ne disposent pas de cartes d’électeurs. Il y a eu 7500 inscrits pour une ville comme Thiès et cela montre que le pouvoir a réussi ce qu’il voulait: empêcher les jeunes de s’inscrire massivement sur les listes électorales. Je pense qu’il fallait prendre des mesures exceptionnelles pour faciliter l’inscription des jeunes sur le fichier électoral, à partir de l’extrait de naissance.  Depuis 2018, il n’y a pas eu de révision sur les listes. Mais la majorité présidentielle a peur du pouvoir-jeune, et il y a eu toute une organisation pour bloquer leurs inscriptions. C’est déplorable. L’indice de la démocratie classe le Sénégal à la 67e place sur 167 pays. L’indice de la démocratie se base sur les critères tels que le processus et la participation électorale, les libertés civiles, la liberté de la presse et la gouvernance. Mais tout ceci est hypothéqué et cela montre que notre démocratie est en crise, il faudrait refonder notre système électoral.

À côté de cette polémique, il y a aussi les transferts d’électeurs ?

Le transfert d’électeurs est organisé par les gens du Pouvoir avec la complicité de l’administration, notamment les préfets, sous-préfets et même des gouverneurs. Et tout ceci montre qu’on risque d’aller vers des contestations au lendemain des scrutins.

Réaffirmez-vous votre candidature à la ville de Thiès?

J’ai déclaré cette candidature bien avant l’existence de Yewwi Askan Wi. Cette candidature est naturelle, logique, attendue et soutenue par des milliers de Thiéssois. Et je pense bien que je serai le candidat de Yewwi Askan Wi à Thiès.

Quelle analyse faites-vous du trafic des passeports diplomatiques qui impliquent des députés de Bby et des acteurs du Mouvement Y en a marre ?

Cela m’amène à m’interroger sur ce qui reste de la gouvernance sobre et vertueuse tant chantée par Macky Sall et son régime. Je me pose également cette question : que reste-t-il de la rhétorique « la patrie avant le parti » Ce n’est pas le premier scandale qui implique un député de la république. Un parlementaire de la majorité présidentielle est impliqué dans la fabrication de faux billets. Après qu’on l’a sorti de prison, alors qu’il a été pris en flagrant délit, ce député, lui-même, annonce qu’il est candidat pour diriger une collectivité locale. Ce sont des gens qui sont au cœur du pouvoir politique, au cœur du système politique et occupent des responsabilités. Qu’on en arrive encore aujourd’hui à voir des députés impliqués dans ce scandale montre bien que le régime de Macky Sall a perdu toute crédibilité. Moi, je n’attends plus rien de ce régime. Que de promesses trahies et que de déceptions, que d’occasions perdues. Je pense qu’il nous faut sérieusement au sein de l’opposition travailler à construire une alternative politique. Je ne parle pas d’alternance mais d’une alternative pour changer de paradigme, pour un projet de transformation en profondeur de la société sénégalaise. La gouvernance est endémique et profonde dans ce pays depuis l’arrivée au pouvoir de Macky Sall. Et, regardez ce qui s’est passé avec la gestion de la Covid-19, la manière avec laquelle Mansour Faye à gérer le marché du riz. 1000 milliards ont été dépensés de façon nébuleuse. Nous avons porté plainte devant l’OFNAC et jusqu’à présent, la lumière n’a pas été faite. Demba Diop Sy qui est député à l’Assemblée nationale, censé contrôler l’action du gouvernement, lui-même gagne des marchés.  Pis, un médecin a dit que les équipements des centres techniques et épidémiologiques ont été vendus à des structures privées ; c’est un scandale. On est toujours dans le régime des privilèges.

A propos de la gestion du plan décennal de lutte contre les inondations, Macky Sall a demandé un audit. Qu’en attendez-vous ?

765 milliards Fcfa ont été mobilisés pour lutter contre les inondations. Ce qui se passe dans ce pays depuis l’année dernière montre que cet argent n’a pas été utilisé pour lutter contre les inondations. Cette manne financière a été détournée. Nous avions exigé de l’assemblée nationale une mission d’enquête parlementaire, mais le Parlement n’a pas osé assumer ses responsabilités, préférant parler de Mission d’information. Mais le président de la République est accablé par sa conscience avec la situation dans laquelle vivent les populations. Aujourd’hui, il demande à l’IGE d’ouvrir une enquête, mais je pense que c’est pour les besoins de sa communication. C’est pour simplement apaiser les esprits et les angoisses. Tout le monde sait que cet audit n’ira pas loin parce qu’il y a d’autres dossiers, dont le scandale de La Poste, du Coud qui sont sous son coude.

Que pensez-vous de la cherté de la vie ?

La cherté de la vie est liée à la mal gouvernance endémique. Si en période de Covid, un Président de la République ose acheter un avion à 60 milliards Fcfa et un bateau à 7 milliards, ça pose problème. À quoi sert aujourd’hui le Conseil économique et social, avec un budget de 8 milliards : c’est pour caser une clientèle politique. A quoi sert aujourd’hui le HCCT qui fonctionne avec un budget de 9 milliards Fcfa : caser une clientèle politique. Non seulement mal gouvernance endémique, mais aussi précarité de la situation macroéconomique du pays. Le Fonds monétaire international a montré dans un rapport que le taux d’endettement du Sénégal en 2021 va atteindre 70,9%. Pendant ce temps, la Côte d’Ivoire est à 46% de taux d’endettement, le Mali 46%, la moyenne au niveau de l’UEMOA est de 49%. C’est pourquoi quand Macky Sall parle d’annulation de la dette, personne ne l’écoute parce que ça n’intéresse personne. Le déficit budgétaire qui se situe à 5% dépasse le taux de croissance. Vous savez avec les slogans, les promesses et les chiffres, le Président Macky Sall aurait gagné le prix Nobel de la fiction économique. La gouvernance de Macky Sall est fondée sur le mensonge d’État.

Qu’est-ce qui se passe avec votre l’obtention de votre récépissé ?

Tout au long de ce problème, le ministre de l’Intérieur a affiché des contrevérités flagrantes. Nous avons voulu donner à notre projet politique des racines historiques et un but élevé. Et, nous avons voulu partir de notre propre imaginaire. Sembene Ousmane, au début de son livre « Guelwaars », dit : « une fable africaine, de l’Afrique du 21e siècle dédiée aux enfants du continent. Nous avons voulu nous inspirer de l’œuvre de Sembene dont le personnage principal c’est Guelwaars, figure de l’insoumission, qui lutte contre toutes les formes de domination : la domination coloniale. Lorsque Guelwaars dit : « l’index pointé à l’horizon », c’est pour indiquer le chemin à l’étranger ; les cinq doigts réunis, paume ouverte à un étranger : c’est mendier. « Baram bou niou talal diokhogn la, Diouro mi Baram bou niou talal, yelwane la.»  Et Sembene dénonce la mendicité de notre pays. Guelwaars c’est le patriote qui lutte et qui va être le symbole par excellence du héros patriotique, car il va finir sa vie en martyr parce qu’il a dénoncé l’injustice, parce qu’il a dénoncé l’inégalité, la mendicité ainsi que la corruption du système politique et la gouvernance politique. Nous sommes tous des militants d’une Afrique nouvelle, des militants de la justice, de l’égalité, et des militants d’un Sénégal nouveau. Nous avons voulu donner ce projet à des racines historiques mais celui qui dit que Guelwaars fait référence à une ethnie, c’est parce qu’il ignore l’histoire de notre pays. Guelwaars ne renvoie pas exclusivement à une ethnie. Guelwaars vient de la déformation malinké Kélé Diawaru qui signifie un guerrier de la bataille.

Un mot sur la situation en Guinée ?

Le 3e mandat est à l’origine du coup d’Etat en Guinée. Un coup d’État constitutionnel a causé un coup d’Etat militaire. Nous osons espérer que le Président Macky Sall va apprendre de cette expérience guinéenne et savoir que je pense qu’il a fini ses deux mandats. Je pense que la CEDEAO doit modifier le protocole de la démocratie et de la gouvernance pour interdire le troisième mandat en Afrique.


 

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