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Aziz détenu comme un vulgaire criminel : Le drame malien cache mal celui en cours en Mauritanie

Dur dur d’être président en Afrique. Car, l’humiliation est toujours possible pour les tenants du pouvoir ou pour ceux qui le quittent pour des raisons diverses parce que l’on ne peut pas s’y éterniser.

Le président Ibrahima Boubacar Keïta a été forcé à la démission alors que, légalement, son mandat est en cours.

En Mauritanie, l’ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz est en détention dans le cadre d’une enquête pour crime économique.

Une procédure qui fait suite à une mésentente au sommet entre l’ancien Président et celui qui a été présenté comme son dauphin. Les deux Mohamed ne parlent plus le même langage.

Ould Cheikh El Ghazouani n’a pas hésité à actionner la Justice pour faire arrêter son ancien compagnon. L’ancien Président a été entendu par la Sureté urbaine au moment où il estime que seule la Haute Cour de Justice est habilitée à déclencher une procédure contre lui.

Ses partisans dénoncent des conditions draconiennes de détention. D’après sa fille Esmaa son père  est placé dans une petite cellule (4m2) et ne jouit pas de toilettes personnelles, disposant d’un vieux lit et sans climatisation, en dépit des températures élevées à Nouakchott et la prolifération des moustiques.

Il est ainsi détenu comme un vulgaire criminel.
Une situation qui donne raison à tous ceux qui, une fois hors du pouvoir, vont dans un pays comme la France pour se mettre à l’abri d’éventuels déboires de ce genre.

Abdel Aziz et va droit vers un procès et probablement vers une condamnation. Car, la Commission d’enquête parlementaire mise en place a dénoncé la corruption dans 109 passations de marchés. Et Aziz n’est pas le seul.

Certains de ses proches sont aussi indexés et une centaine de comptes bancaires bloqués dans le pays.

Une véritable purge dans les rangs qui met la Mauritanie sous haute tension car les partisans de Aziz n’hésitent pas à manifester de temps à temps.

Un drame pour un ancien Président largement masqué cependant par ce qui se passe au Mali. 

Toute l’attention est portée sur Bamako qui s’enfonce dans une crise institutionnelle grave. La Mauritanie n’attire pas du tout l’attention.

Pourtant, il est important que les nouveaux dirigeants au pouvoir soient conscients d’une chose : La justice des vainqueurs n’est jamais la bonne.

Ce que nous voulons dire par là, c’est que si l’on s’inscrit dans une dynamique de reddition des comptes, celle-ci doit être exempte de toute forme de vengeance ou de règlement de compte politique.

Malheureusement, ce n’est pas ce que l’on voit en Afrique y compris au Sénégal. Ceux qui agitent la poursuite de criminels économiques oublient de s’intéressent à leurs proches et indexent des adversaires politiques.

En clair, l’opération en cours en Mauritanie doit concerner tous ceux qui ont eu à être mêlés à des malversations de ce genre y compris lors de la gestion de régimes plus anciens.

Les opérations anti-corruption, pour être crédibles, doivent être généralisées et non personnalisées.

C’est seulement à ce prix qu’elles pourront amorcer les prémices d’un assainissement de la gestion des deniers publics dans nos pays où les sociétés nationales et les services publics sont, pour leurs gérants, des occasions pour s’enrichir.

Certes, Aziz n’est pas au-dessus des lois. Mais si la procédure en cours a un soubassement politique de règlement de compte, elle sera vouée à l’échec.

Qui plus est, il est important que ses droits soient respectés. Ainsi, il est préférable d’y mettre les formes dans le respect de la constitution mauritaniens et des textes législatifs et réglementaires en la matière.

Mieux, il est plus indiqué, humainement, que ses conditions de détention soient améliorées c’est-à-dire humanisées.


Assane Samb

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