Après trois mois de détention provisoire, Marème Lèye, surnommée Nabou Lèye, a obtenu une liberté provisoire. Avant-hier, jeudi, elle a été placée sous contrôle judiciaire par le juge d’instruction chargé du dossier de double meurtre.
Longtemps cible de rumeurs et de suspicions, Nabou Lèye a été considérée comme l’instigatrice principale de cette affaire de double meurtre. Accusée de toutes parts, la danseuse était déjà condamnée par l’opinion publique avant même de pouvoir se défendre devant un juge. Son sort semblait scellé par un tribunal populaire.
Cependant, après trois mois de détention provisoire, un rebondissement dans l’enquête semble jouer en sa faveur, et l’actrice a retrouvé sa liberté avant-hier jeudi. Initialement placée sous mandat de dépôt le 28 août dernier pour association de malfaiteurs et complicité d’assassinat avec barbarie, elle a bénéficié d’une liberté provisoire suite à une demande déposée par ses avocats. Le juge d’instruction a ordonné la libération de l’actrice, qui était détenue au Camp pénal de Liberté 6 dans le cadre de l’enquête sur le double meurtre d’Aziz Dabala et Boubacar Gano, survenu à Pikine Technopole. Nabou Lèye est désormais placée sous contrôle judiciaire.
La défense évoque un dossier sans éléments à charge contre l’accusée
Les avocats de l’accusée ont salué cette décision. Selon la défense, « malgré toutes les histoires racontées dans ce dossier, il ne contient aucun élément à charge contre Nabou Lèye. Personne ne l’a mise en cause et aucun élément probant n’apparaît dans le dossier. Le juge a pris ses responsabilités en tirant les conséquences de cette absence de preuves ». Selon certaines rumeurs, Nabou Lèye aurait convaincu le défunt de l’accompagner à une cérémonie religieuse dans le but de le livrer à ses ennemis.
On prétendait même qu’après une altercation, elle-même l’aurait raccompagné en taxi ce jour-là. Toutefois, selon une enquête, ce prétendu « Thiant » n’a jamais eu lieu. Une source proche du dossier affirme que chaque élément de cette version des faits a été méthodiquement réfuté, renforçant ainsi la décision du juge d’instruction. De plus, selon ses avocats, Nabou Lèye présente toutes les garanties de représentation en justice : elle a un domicile fixe et est régulièrement domiciliée, notamment dans deux cabinets d’avocats, et exerce une activité professionnelle reconnue. Ses avocats soulignent que la décision du juge est légitime, car l’audition au fond, bien que non encore réalisée, n’a jamais été une condition pour accorder une liberté provisoire.
D’un autre côté, la libération de Nabou Lèye a suscité la colère des proches d’Aziz Dabala et de Boubacar Gano, qui exigent que la lumière soit faite sur ce double meurtre. L’un de leurs avocats, Me Khoureyssi Ba, a publiquement interpellé le Procureur général, dénonçant la liberté provisoire accordée par le juge d’instruction. Selon Me Ba, cette décision constitue une offense à la justice. « Les familles de Aziz Ba Dabala et Boubacar Gano réclament des réponses. Comment Marème alias Nabou Lèye a-t-elle pu bénéficier d’une liberté provisoire dans un dossier sans juge attitré, remis à un intérimaire, et sans aucun acte de procédure accompli jusqu’à présent ? », s’interroge-t-il sur sa page Facebook.
La présence de Nabou Lèye sur les lieux du crime mentionnée dans l’enquête
L’enquête de la Division des investigations criminelles (DIC) a révélé la présence de Nabou Lèye sur les lieux du crime. Son arrestation, motivée par cette information, semblait confirmer les spéculations répandues. D’après les enquêteurs, Aziz Dabala se trouvait en compagnie de Nabou Lèye la soirée du crime. Ils ont interrogé cette dernière sur les raisons pour lesquelles elle a laissé Aziz en cours de route, précisément à Pikine-Icotaf, alors qu’ils se rendaient ensemble à un « Thiant » à Niéti-Mbar.
Étrangement, c’est à cet endroit qu’un certain El Hadji Mamadou Diao est apparu, proposant à Aziz de l’accompagner chez lui. Peu après, El Hadji a affrété un taxi pour amener Aziz à Pikine-Technopole, où une embuscade l’attendait. Sur place, la confrontation s’est transformée en tragédie, entraînant la mort de Dabala et de Gano. L’enquête de la DIC souligne, en rouge dans le procès-verbal, la présence de Nabou Lèye à 22h50, soit au moment de cette expédition punitive. Le mobile de ce double meurtre serait lié à l’orientation sexuelle de Dabala, un point qui n’aurait pas plu à Nabou Lèye, alors sa petite-amie, qui serait ainsi suspectée d’avoir orchestré l’attaque.