Alors que le bilan pourrait encore s’alourdir, il s’agit de l’attaque la plus violente depuis décembre 2018 dans cette ville du nord-ouest du Pakistan.
Au moins cinquante-six personnes ont été tuées et 194 autres blessées, vendredi 4 mars, dans un attentat-suicide commis dans une mosquée chiite de Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan. L’explosion est survenue quelques minutes avant le début de la grande prière hebdomadaire dans cette mosquée située dans une rue étroite du quartier de Kocha Risaldar, près de l’historique bazar Qissa Khwani.
« Les blessés incluent cinquante patients dans un état critique », a déclaré Muhammad Asim Khan, un porte-parole de l’hôpital Lady Reading de Peshawar. Le chef de la police de la ville, Muhammad Ijaz Khan, disait un peu plus tôt redouter que le bilan s’élève encore. « Deux assaillants ont tiré sur les policiers à l’entrée principale de la mosquée. Un policier est mort sur le coup et l’autre a été grièvement blessé », a-t-il expliqué.
Un homme « tuait les gens un par un avant de se faire exploser »
« J’étais juste en dehors de la mosquée, quand j’ai vu un homme tirer sur deux policiers avant d’entrer dans la mosquée. Quelques secondes plus tard, j’ai entendu un grand bang », a raconté un habitant, Zahid Khan. Un autre témoin, Ali Asghar, a dit avoir vu un homme « ouvrir le feu avec un pistolet » à l’intérieur de la mosquée, et « tuer les gens un par un et ensuite se faire exploser ». Un journaliste de l’Agence France-Presse a vu des corps démembrés sur les lieux, pendant que les services de secours et des habitants s’activaient pour venir en aide aux victimes en les transportant sur leurs épaules.
Muhammad Asim Khan a confirmé le bilan de trente morts. « Nous avons déclaré l’urgence dans les hôpitaux et plus de blessés sont amenés », a-t-il décrit. Le premier ministre pakistanais, Imran Khan, a « fermement condamné » l’attentat.
Peshawar, située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l’Afghanistan, avait été ravagée par des attentats quasi quotidiens pendant la première moitié des années 2010, mais la sécurité s’y était grandement améliorée ces dernières années. La dernière attaque d’une telle ampleur y avait eu lieu en novembre 2018, quand au moins trente et une personnes avaient été tuées dans une attaque-suicide sur un marché de la ville. Ces derniers mois, Peshawar avait surtout connu des attaques ciblées visant les forces de sécurité.
Le Pakistan est confronté depuis quelque temps au retour en force du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), les talibans pakistanais, galvanisés par l’arrivée au pouvoir de leurs semblables en août en Afghanistan. Le TTP, un mouvement distinct de celui des nouveaux dirigeants afghans mais qui partage avec lui des racines communes, a revendiqué plusieurs attaques depuis le début de l’année.