Le propos du leader de Pastef, faisant allusion à une guenon en parlant de sa victime présumée, en a heurté plus d’un. Autant Adji Sarr peut descendre impunément dans les égouts pour tenter de salir son bourreau présumé, autant Ousmane Sonko devrait garder cette posture supérieure qui l’élèverait à une certaine hauteur digne de son rang. Comparer une personne à un animal ‘’non pensant’’ et d’une certaine connotation, s’avère discriminatoire et n’honore pas son auteur.
‘’wax su bare asaka gën ci’’ (littéralement, il est difficile d’être prolixe sans dire un mot de trop). Depuis deux ans que dure cette triste affaire de viols et menaces de mort présumés, voilà que le leader de Pastef, pour la première fois, attaque personnellement et frontalement Adji Sarr. Il s’était toujours gardé de prononcer son nom, s’en limitant aux « commanditaires » de ce qu’il considère comme un «complot » visant à le nuire et à barrer la route à son fameux « Projet ». Jusqu’à sa sortie de ce mercredi 24 mai, sa posture était élégante pour ne pas dire honorable, malgré tous les coups qu’il a reçus, souvent en bas de la ceinture.
En s’en prenant personnellement et publiquement à sa victime présumée, Ousmane Sonko, dont l’image restait indemne, malgré les insanités déployées par celle-ci lors du procès, semble avoir cédé à la colère. Or, il est difficile de laisser la colère s’exprimer à sa place sans qu’elle ne tienne des propos que l’on regrette. De tels propos ne s’effacent jamais. ‘’Wax bal-la’’ ! Attaquer Adji Sarr sur son physique, parler d’elle en faisant référence à une guenon, victime d’AVC de surcroit, cela sonne mal, très mal venant d’un leader de son envergure, qui aspire dans un an, à diriger les rênes d’un pays où la médisance est la première activité physique journalière.
L’on pensait qu’avec l’affaire Mame Mbaye Niang, le maire de Ziguinchor, prolixe à souhait, se ferait enfin violence en se gardant de parler de tout et de tout le monde, tout le temps. Ousmane Sonko est attendu sur des débats d’envergure touchant la gouvernance sous toutes ses formes, économique, sociale, démocratique… Mais, par cette maladroite digression, il a au moins ouvert la porte à l’amalgame. S’y sont alors engouffré les associations de féministes. Plus que pour l’affaire de viols, elles se sont levées pour – une rare fois depuis février 2021 –, prendre la défense d’Adji Sarr. C’est dire combien le verbe, à un certain niveau d’agressivité, peut faire plus de ravages que l’agression physique. Il faut oser le dire : venant d’Ousmane Sonko, ce propos est de trop.
Et, cette triste comparaison – bien sûr qu’elle a fait très mal à Adji Sarr – lui a donné une belle occasion de renforcer sa posture victimaire. Cela commence à faire effet et tâche d’huile. Car, quand Adji Sarr « signe » et rend public un « communiqué » pour « exprimer soutien et compassion (aux) milliers de patients atteints d’AVC et qui luttent dignement », c’est que les rôles sont vraiment inversés.
Elhadji Mansor Ndiaye